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Mochik s'appelle Ben-Tsouk depuis qu'il s'est installé à Safed en Galilée, la ville des Sages de la Cabale. Il est revenu à la religion, mais il n'est plus très heureux en amour avec son épouse, pas plus que le maire de la ville, Danino, qui lui délègue la construction d'un bain rituel dans un nouveau quartier de la ville. C'est dans ce lotissement un peu excentré que sont venus habiter Anton et Katia, de nouveaux immigrants russes à la retraite. Eux sont très éloignés de la religion et ne savent même pas à quoi sert un bain rituel, mais ils seraient plutôt heureux en ménage s'il n'y avait pas les érections perdues d'Anton. Naïm est un jeune Arabe israélien, chargé de sortir ce mikvé de terre. Il est lui aussi à la recherche de l'âme soeur, mais quand il aperçoit à travers ses jumelles d'ornithologie deux militaires de la base toute proche en train de faire l'amour, il s'attire des ennuis qui vont l'éloigner de ce rêve. Jusqu'à la rencontre avec Diana, une touriste américaine.Quant au riche Jeremiah Mendelstrum, américain lui aussi, et à l'origine de la construction du mikvé par sa décision de faire un legs à la ville de Safed en mémoire de son épouse décédée, il se demande si un autre amour est possible après le deuil, et quand sa professeure de clarinette Yona lui propose de l'accompagner en Israël pour l'inauguration du mikvé, la question devient très concrète.Entretemps Yahélet, le grand amour de jeunesse de Mochik, est elle aussi venue s'installer à Safed où on lui propose précisément de travailler à ce bain rituel fraîchement construit. Ses retrouvailles avec Mochik sont tout aussi agitées que l'inauguration du mikvé qui tourne au fiasco. Tous les personnages de ce roman d'Eshkol Nevo espèrent connaître ces jours de miel que le grand amour nous offre, mais en attendant, ils font ce qu'ils peuvent. et leurs aventures truculentes nous sont contées avec une verve incandescente. Eshkol Nevo nous offre dans ce nouveau livre traduit en français une intrigue d'une exceptionnelle drôlerie, une ronde vertigineuse des coeurs où on se cherche autant que l'on se fuit, sans pour autant négliger d'ancrer sa narration dans une observation très précise des moeurs contemporaines. En toile de fond, la sociologie israélienne - entre religieux et laïcs, Israéliens nés dans le pays et nouveaux immigrants, Juifs et Arabes - donne une profondeur de champs supplémentaire à un récit haut en couleurs.
Lien : http://livresselitteraire.blogspot.fr/2016/11/jours-de-miel-deshkol-nevo-un-delicieux.html
« Et peut-être ne pouvait-il savoir alors, à l’âge de vingt ans et des poussières, que chacun possède sa part d’ombre et que le plus important est de savoir si la part lumineuse est vraiment aussi rayonnante… »
Tout commence lorsque Jeremiah Mendelstrum, un riche Juif américain, décide de faire un don à la ville des Justes (en Galilée) - une ville remplie de tombeaux sacrés où de nombreux pèlerinages ont lieu - pour la construction d’un mikvé (bain rituel purificateur) à la mémoire de sa défunte femme. Le maire y voit là une superbe occasion d’asseoir son mandat afin de se faire réélire aux prochaines élections. Mais voilà, son adjoint Ben Tsouk - un homme parti s’installer dans cette ville pour fuir son passé et Ayélet - garant des cartes de la ville, lui annonce que le seul endroit où le mikvé pourrait être construit se trouve en retrait de la ville proche de la base-secrète-connue-de-tous. Un quartier à l’abandon que le maire va s’empresser d’animer grâce à l’arrivée d’immigrés russes. Mais ces russes, ne parlent pas un mot d’hébreu, font partis du 3ème âge et n’ont que faire de ce mikvé et de la religion. Eux ce qu’ils veulent c’est un club d’échec… Tant pis, il est hors de question pour le maire de passer à côté de ce don. Le mikvé devra voir le jour coûte que coûte. Mais bien sûr rien ne va se dérouler comme prévu, et la ville des Justes va connaître une succession de catastrophes sociales, religieuses mais surtout ubuesques.
Je vous l’annonce ce roman est aussi délicieux à lire que sa couverture à regarder. L’absurdité et la tendresse sont les maîtres mots de cet ouvrage, et les deux sont mélangées avec beaucoup de finesse.
Eshkol Nevo nous offre un pur moment de douceur et d’amusement à travers ce conte moderne. Pourquoi un conte ? Et bien parce que si l’action se passe majoritairement en Israël, les lieux ne sont quant à eux pas réellement définis tout est nommé à la manière d’un conte « Ville des justes », « Quartier source de fierté » ... sans compter ces fameux Justes tel « Nathanaël-le-juste-caché », qui ajoute un peu plus de fantaisie à cette fable du XXIème siècle.
Ainsi, nous suivons, en choral, des personnages hauts en couleur à la fois comiques et tragiques mais tous attachants. Chacun d’entre eux se cherchent, tentent de fuir avec toujours l’espoir inavoué de se retrouver. Des destins qui s’entremêlent à la perfection, entre athéisme et religion, entre solitude et vie sociale du « qu’en dira-t-on ? ».
Jours de miel c’est un long cheminement vers l’émancipation, le deuil, l’amour. La religion y a une part majeure, mais jamais l’auteur ne la met sur un piédestal. Ici, elle a pour but le sens de la vie et la droiture, et cela peu importe le courant choisi. Mais malgré cela, Eshkol Nevo soulève un point très intéressant : les contradictions qui existent au sein d’une même religion notamment sur l’interprétation qu’il en est faite et les superstitions qui habitent les croyants. En d’autres termes, à travers le judaïsme, il met en lumière le mal de toutes les religions… Un parti pris délicat mais réussi.
Il aborde également d’autres thématiques particulièrement en lien avec ce que nous lisons chaque jour dans les journaux à savoir : l’immigration, les difficultés d’intégration à travers l’arrivée de ces russes mais aussi par l’un des personnages, Naim qui se fait appelé Noam, oui parce que vous comprenez ça sonne plus juif pour la ville des Justes…
Pour conclure (parce qu'il le faut même si je pourrai parler longuement de ce roman) et malgré quelques longueurs, cette lecture a été d’une grande richesse humaine mais également intellectuelle, elle m’a permis d’en apprendre plus sur Israël et le judaïsme. La plume et la malice de l'auteur sont un véritable bonheur. Avec beaucoup de bienveillance, d'humour et de sensualité, il parvient à accorder la vie de ces personnages loufoques pour amener le lecteur à comprendre ce melting-pot, et avec lui cette douce satire de la société israélienne (mais pas que) d’aujourd’hui.
Un roman que je vous conseille vivement de découvrir.
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