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Ce service presse hante ma pal depuis le mois de septembre. J’espérais le recevoir l’été dernier, au moment où j’avais du temps pour lire, hélas il m’est parvenu fin septembre en plein rush des lectures pour le prix Elle et le Landerneau. Pendant longtemps je n’ai pas réussi à le caler dans ce flot de lectures imposées à un rythme effréné et puis le temps est passé et l’envie de le lire s’est un peu émoussée je dois bien l’avouer.
Mais là, maintenant avec le confinement et ma boulimie de lecture, je m’étais dit que c’était le bon moment pour lui consacrer toute l’attention qu’il méritait. Dès les premières pages j’ai été ravie de ce que j’ai lu, une sorte de conte des temps modernes sur fond de spéculation immobilière dans le monde du prolétariat. J’ai trouvé l’histoire comme la plume assez savoureuses, me renvoyant avec plaisir à d’autres lectures du genre que j’avais beaucoup appréciées - je pense notamment à Goldman Sucks de Pascal Grégoire et L’Affaire Mayerling de Bernard Quiriny. Pendant toute la première partie de ce roman je me suis délectée de cette critique de notre société capitaliste et du côté rocambolesque et faussement naïf des aventures de Loïc Nicolas, un petit fonctionnaire de la Ville de Paris qui devient rentier en quelques années en se contentant d’acheter, louer puis vendre des studios à Paris avec la complicité plus ou moins consciente des banques. Même si son ascension fulgurante peut prêter à sourire il y a malgré tout beaucoup de vrai dans ce qui est dit et forcément ça donne matière à réflexion.
Et puis arrive le moment où ce roman prend un tour inattendu avec une histoire de meurtre et de prison. Jusque-là passe encore mais alors la suite... C’est un craquage complet. Plus rien n’a de sens, on retrouve notre anti-héros et son comparse en premier plan dans la lutte contre le terrorisme après une sombre histoire de rats à la prison de la Santé. Ne me demandez pas le rapport, je le cherche toujours. A partir de cet instant-là, ce que je lisais n’avait plus aucun sens pour moi. Alors que j’avais lu avec gourmandise les 150 premières pages de ce roman, les 50 suivantes ont été une véritable tannée puis j'ai fini par caler à une trentaine de pages de la fin, n’en pouvant plus de cette farce sans queue ni tête.
Je suis terriblement déçue de finir ainsi cette lecture, à ce point agacée. Déçue parce que je sentais poindre le coup de cœur. Déçue d’avoir fait attendre aussi longtemps l’auteur pour un retour si amer. Déçue parce que je n’ai vraiment rien compris à son projet littéraire. Je pensais le cerner au début mais la fin me prouve le contraire. Pour moi, il y a deux livres dans ce roman : le premier n’est pas terminé et je m’en désole car c’est bien celui-là que j’avais envie de lire, quant au second, il m’a laissée totalement de marbre.
Je remercie bien sûr l’auteur de m’avoir envoyé son livre et je regrette pour lui de ne pas avoir été la bonne cible...
Loïc Nicolas est à trente-deux ans un fonctionnaire médiocre et sans histoire quand il se décide à faire l'acquisition d'un patrimoine immobilier, sous l'influence d'un marchand de biens franco-chinois. Dès lors, c'est un tout autre monde qui s'offre à lui...
"Jackpot" nous entraîne vers une ascension sociale vertigineuse, déraisonnable et incontrôlable. On va suivre le parcours du jeune Loïc avec un peu d'amusement et beaucoup d'inquiétude.
Toute son énergie est dépensée au calcul, à la propension, à la rentabilité. On le sent très vite dépassé par les événements, les organismes, la légalité. Il y a quelque chose d'ascensionnel, de dangereux, de compulsionnel dans ce récit qui va très vite et très loin.
L'écriture est provocatrice, jouissive, insolente. L'auteur ne se cantonne pas au capitalisme, mais il s'attaque aux contradictions de l'humanité, aux dérives, aux excès dans ce qu'ils ont de plus crus et stériles. On parle ici aussi de radicalisme, de sexualité, de justice, d'égalité, d'environnement, de transmission...
On aime le caractère exigeant des personnages, leur capacité à se démultiplier. On se prend au jeu de leur partie inégalable de Monopoly.
C'est totalement cynique et pertinent. On pose le doigt où cela fait mal, on s'amuse beaucoup, on grince des dents. Attention dans la course au Jackpot si vous avez quelque chose à perdre, vous n'aurez pas en tout cas pas tout à y gagner...
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