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Médecins et vétérinaires sont du même avis : non, ce n'est pas une maladie grave, mais le problème est qu'on ne sait pas la soigner. L'hippomanie fait partie de ces quelques maladies rares, dites orphelines, qui, touchant peu de gens, ont été très peu étudiées. L'objet de ce livre est de combler cette lacune, et de faire le point sur l'état des connaissances en la matière. Nul n'était mieux placé pour réaliser ce travail salutaire que Jean-Louis Gouraud, qui en est atteint depuis sa plus tendre enfance. L'hippomanie, autrement dit l'amour du cheval, est une affection (c'est le cas de le dire) qui consiste principalement à rechercher en permanence et de façon quasi obsessionnelle, la compagnie des chevaux, à éprouver le besoin viscéral de les sentir, les toucher, les fréquenter. Dans sa forme la plus grave, elle amène celui qui en est atteint à voir des chevaux partout. Et même, lorsqu'il n'y en a pas, à en inventer, en rêver : le cheval est leur fantasme. Parfois, c'est vrai, le cheval rend fou. L'exemple le plus célèbre est celui de Nietzsche qui, en janvier 1889, alors qu'il se promenait tranquillement à Turin, assista à une scène somme toute assez banale : un cocher rossant son cheval pour le faire avancer. Nietzsche, alors, ne supporte pas le spectacle : il pète les plombs, se rue sur le cocher, l'invective, avant de sombrer dans une démence profonde. Il en perd la parole, et meurt peu après. La psychanalyse s'est penchée à diverses reprises sur le phénomène. Tous les freudiens connaissent le cas du petit Hans (4 ans et 9 mois) auquel la vue d'un cheval donnait l'irrésistible envie, c'est du moins ce que Freud insinue, de jouer à touche-pipi. Rassurons-nous, rien de tel chez Gouraud, dont la compulsivité hippomaniaque se manifeste tout autrement : par une boulimie de voyages, à la recherche des cultures et civilisations équestres ; par une frénésie de découvertes et d'études sur la présence du cheval dans la politique, les arts, la poésie, les religions ; par une production littéraire proliférante et multiforme, enfin. Non content de remplir en effet les bibliothèques de ses semblables, Jean-Louis Gouraud a également envahi la presse écrite, publiant ici ou là d'innombrables billets, chroniques, enquêtes ou reportages dont on trouvera ici le meilleur (et le pire). Ces propos cavaliers, ces récits hippiques, ces préfaces et postfaces, ces petits textes, Gouraud aime les désigner sous le nom de texticules, de cheval, évidemment. Freud, après tout, n'a peut-être pas toujours tort.
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