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Bouleversant, ce roman francophone africain est le premier à aborder de manière frontale la question explosive de l'homosexualité sur le continent Tout part d'une vidéo virale, au Sénégal. On y voit comment le cadavre d'un homme est déterré, puis traîné hors d'un cimetière par une foule. Dès qu'il la visionne, naît chez Ndéné Gueye, jeune professeur de lettres déçu par l'enseignement et fatigué de l'hypocrisie morale de sa société, un intérêt, voire une obsession, pour cet événement. Qui était cet homme ? Pourquoi a-t-on exhumé son corps ? À ces questions, une seule réponse : c'était un góor-jigéen, disait-on, un homme-femme . Autrement dit, un homosexuel.
Ndéné se met à la recherche du passé de cet homme, et va même rencontrer sa mère. Autour de lui, dans le milieu universitaire comme au sein de sa propre famille, les suspicions et les rumeurs naissent, qui le déstabilisent, au point de troubler sa relation avec son amie Rama dont il est fortement amoureux, Rama à la bouche généreuse et à la chevelure mystérieuse...
D'une écriture fiévreuse, Mohamed Mbougar Sarr signe ici un roman bouleversant sur la seule grande question qui vaille aux yeux de son héros : comment trouver le courage d'être pleinement soi, sans se trahir ni se mentir, et quel qu'en soit le prix ?
Ce livre raconte la quête d'un homme, Ndéné Gueye, enseignant en littérature à l'université de Dakar. Après avoir visionné une vidéo insoutenable, il se donne pour mission de retrouver l'identité du corps déterré.
J'ai été heureux d'accompagner ce personnage dans cette aventure bouleversante et passionnante. Ndéné va jusqu'au-boutisme, à la recherche de liberté, de vérité et surtout d'humanité.
Le récit est puissant, fort. En un mot, c'est MAGISTRAL!
Ndéné Gueye est un jeune professeur de littérature française à l’université de Dakar. Formé en France, il est rentré au pays plein d’enthousiasme et d’idées pour dépoussiérer l’enseignement de la littérature. Mais aujourd’hui, au bout de quelques années à peine, découragé par l’inertie de ses collègues et le désintérêt de ses étudiants, il est à deux doigts d’être totalement blasé.
Un jour, dans cette morosité heureusement embrasée par les rendez-vous avec Rama, sa vibrante amante, il visionne une vidéo, déjà virale à travers le pays, qui montre une foule d’hommes exaltés occupés à déterrer un cadavre et à le traîner ensuite pour le laisser pourrir hors du cimetière. Le cadavre est celui d’un jeune homme, dont on dit qu’il est « goór-jigéen », c’est-à-dire un « homme-femme » en wolof, autrement dit un homosexuel, et plus largement toute personne dont l’identité sexuelle n’est pas dans la « norme » hétérosexuelle. Et à ce titre, ce jeune homme est indigne de reposer dans un cimetière musulman.
Imprégné de préjugés, de ses culture et traditions, fils d’un imam orthodoxe, Ndéné ne voit tout d’abord rien d’incompréhensible à cette sorte de lynchage post-mortem. Puis, peu à peu, sans que lui-même comprenne bien pourquoi, cette vidéo lui revient en tête, l’interroge, l’obsède, le révolte, et le pousse à se renseigner sur ce jeune homme, son histoire, sa famille, en même temps qu’il prend réellement conscience de la situation critique des homosexuels au Sénégal.
Au même moment, il prend connaissance, avec retard, d’une note du ministère de l’Education interdisant d’aborder les œuvres d’auteurs homosexuels, alors qu’il venait tout juste de donner un cours sur Verlaine. Comme il refuse de s’en excuser, il est suspendu par le doyen de la Faculté.
Il n’en faut pas davantage pour faire naître les soupçons et les rumeurs sur l’orientation sexuelle réelle de Ndéné…
Roman incandescent, cruel et révoltant, « De purs hommes » parle du rejet des góor-jigéens et de l’opprobre jeté sur leur famille, dans un Sénégal gorgé de croyances intégristes, selon lesquelles l’homosexualité n’existe pas dans ce pays mais y a été apportée par la propagande européenne. Il parle d’ignorance crasse, d’inculture, d’intolérance, et de l’hypocrisie d’une société religieuse et moraliste côté face, avide de sexe côté pile.
Un roman très sensuel, puissant, à la fois plein de colère et de compassion, sur la difficulté, dans un tel contexte, de choisir entre sa communauté et sa conscience, et plus largement, sur les questions essentielles, existentielles, de l’identité, de la liberté d’être soi-même et du courage de s’assumer tel que l’on est.
Quelle écriture !!! Vraiment, c'est virtuose…
On entre assez vite dans le vif du sujet, encore que, j'y ai vu plusieurs sujets.
D'abord, les vidéos virales et totalement malsaines sur internet, qui en un temps record sont vues des milliers de fois. Ensuite, mais en même temps, la place faite aux homosexuels dans les sociétés. le comportement de ceux qui pensent qu'ils sont "comme il faut" et que par conséquent les homosexuels sont des dépravés qu'on doit châtier, souiller, et humilier parfois jusque dans la mort.
Ndéné Gueye, prof de lettres, nous raconte la société dans laquelle il vit, le Sénégal musulman, et son rapport à l'homosexualité. Dans tous les cas elle est honnie, que l'on pense qui s'agit d'une maladie ou d'un libre choix purement pervers. En aucun cas ça ne peut être l'œuvre de Dieu... pourtant, Dieu n'a t'il pas créé tout ce qui existe ??
En tout cas, là-bas on déterre les homosexuels pour profaner et déshonorer leur dépouille mais aussi parce qu'ils n'ont pas le droit d'être inhumés en terre sacrée musulmane.
Sans doute que l'homophobie répandue de par le monde est avant tout liée au fait que, comme le dit le narrateur "La plupart des gens pondaient des opinions extérieures à eux, sur des objets qui ne les engageaient à rien et en rien. Ils parlaient sans conséquence. Ce qui leur permettait de dire toutes les stupidités possibles impunément, sans même s'en rendre compte." (Page 54-55)
Le narrateur en vient à s'emporter contre ses étudiants qui lui font remarquer que Verlaine est interdit car il était un homosexuel, un góor-jigéen. Et là on retrouve le débat très actuel - faut-il séparer l'homme de son œuvre ? -.
Une intolérance terrible règne au Sénégal envers l'homosexualité, mais comme dans nombre d'autres pays, par ignorance, bêtise, avec le support de la religion, sorte d'inquisition sociale qui se cache derrière sa culture.
L'auteur nous dresse un panorama des pratiques cruelles de son pays envers les gays, puis nous emmène à la découverte de l'homme déterré, à la recherche de son identité et lui rend la réalité de son être.
J'ai aimé cette superbe prose qui nous parle d'humanité, d'obscurantisme, de haine, d'intolérance, du poison de la rumeur, du deuil et de sa douleur insurmontable, de rédemption.
particulièrement pertinent, glaçant de constater sans trop de surprise comment le poids de la religion et l'obscurantisme gangrènent la société sénégalaise, empêchant par la même toute forme de bonheur au-delà même d'une "sorte de normalité" puisque cela ne revêt aucun sens en réalité,
roman courage de la part de MBougar Sarr qui a essuyé depuis de nombreuses insultes et menaces,
CM
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