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Marie et Laura (pas Ingalls) ou le désert affectif au XXIe siècle dans une banlieue appelée la Prairie. M’ouais… Pourquoi pas ? « Après les Trente Glorieuses et les Trente Piteuses, ne restent que les affreuses. La laideur est partout, bouffe littéralement l’horizon. » (p. 84). C’est ce que je me suis dit en lisant ce roman : il est plein de laideur et les deux filles n’y échappent pas malgré leur beauté physique !
Le seul qui sort du lot, c’est Bandit, le chat. « Pauvre Bandit ! Toutes ces années à supporter le poids de nos vies. Témoin silencieux de nos joies, de nos chagrins et de nos folies. […] Ses poils dessinent un bandeau noir autour de ses yeux. Bandit est un compagnon irrésistible. Un ami. Un frère – pétri d’amour. » (p. 183).
Que dire de ce roman tellement incisif qu’il m’a fait grincé les dents sans que je m’attache ni à Marie ni à Laura, trop éloignées de moi aussi bien l’une que l’autre… Cependant ce roman n’est pas inintéressant et il est même bien construit mais il est trop trash pour me plaire.
https://pativore.wordpress.com/2015/09/08/la-petite-galere-de-sacha-despres/
Et si tout cela n'était qu'un rêve, ou plutôt un cauchemar ? Une petite galère, pas si petite... ou les tentatives malheureuses et répétées de deux jeunes soeurs pour échapper à une réalité, un destin écrits par avance et désespérément sans issue. Le malaise permanent de rêves préfabriqués et voués à l'échec... un roman trouble.
"Les deux filles affrontent, seules, la petite galère dans la Prairie". A cet instant, page 31, on réalise, pour peu que l'on soit de la bonne génération, que l'auteure nous propose une version totalement revisitée de La petite maison dans la prairie avec sa famille idéale et sa morale pétrie de bons sentiments. Effectivement, ils sont tous là : le père, Charles, la mère, Caroline, les deux sœurs Marie et Laura, même Nelly la fameuse peste. Sauf que le tableau est bien plus noir et pour les bons sentiments, il faudra repasser. La Prairie, c'est la cité de banlieue qui abrite la famille ou ce qu'il en reste. Divorcée et dépressive, Caroline s'est suicidée. Marie et Laura vivent seules, ne pouvant compter que sur elles-mêmes et surtout pas sur un quelconque intérêt que pourrait leur porter leur père.
Les aventures de Marie et Laura n'ont rien d'idyllique et l'auteure nous embarque dans une spirale qui semble de plus en plus trash. Leur manque affectif est tel qu'elles ne peuvent que tomber dans les pièges qui se tendent sur leur route. Marie se retrouve ainsi dans les griffes d'un dangereux manipulateur tandis que Laura idéalise l'un de ses professeurs au point d'en faire son initiateur. Tout ça va mal finir se dit le lecteur, d'abord intrigué puis perplexe devant la crudité d'un certain nombre de scènes et enfin affolé par la folie violente qui semble s'emparer des protagonistes au cours de la dernière partie.
En alternant les points de vue, tantôt dans la tête de Laura, puis dans celle de Marie, l'auteure parvient à créer un vrai climat, très singulier, servi par une écriture tendue et maîtrisée, qui n'en rajoute pas. Elle cache bien son jeu, joue avec les nerfs du lecteur qui en est à se dire qu'elle exagère, que ça vire au grand guignol quand arrive le retournement final.
Et alors là, miracle. Tout s'éclaire, tout prend sens.
Ne reste plus qu'à applaudir, à oublier les moments où le malaise affleurait, à reconnaître que la démonstration est parfaitement exécutée. A saluer l'ambition de ce premier roman, pas forcément évident à réaliser. A encourager l'auteure à continuer.
"68 premières fois" - l'exploration des premiers romans de la rentrée d'automne. Egalement sur motspourmots.fr
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