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Gina est une jeune adolescente hongroise durant la Seconde Guerre Mondiale. Orpheline de mère, fille unique adorée de son père général, elle coule des jours heureux.
Mais tout s’effondre lorsqu’un jour, son père décide qu’elle doit partir dans un pensionnat très éloigné de sa ville natale.
Un pensionnat protestant aux règles rigides, aux mœurs étranges, et dont les jeunes pensionnaires sont persuadées qu’une mystérieuse statue, Abigaël, exauce leurs souhaits.
Nous allons donc suivre la jeune Gina dans sa découverte de cette nouvelle vie même si la guerre va aussi faire irruption dans son quotidien…
C’est avec ce roman que je découvre la plume de Magda Szabó et globalement ce fut un moment de lecture sympathique.
On s’attache aux pas de cette jeune citadine gâtée, qui se retrouve catapultée dans un pensionnat religieux. On découvre davantage ses problèmes relationnels avec ses camarades de classe ou ses professeurs que le contexte historique même si celui-ci,sur la fin du roman, se trouve plus présent.
L’ensemble est réussi, on a envie d’en apprendre davantage sur les personnages même si Gina est tout à la fois exaspérante et attachante.
Le mystère principal du roman se découvre assez rapidement mais il est plaisant de voir notre jeune héroïne être aveuglée par ses émotions.
Ce récit offre aussi une mise en avant des résistants hongrois durant la seconde guerre mondiale, qui se sont mis en danger pour protéger d’autres personnes.
Une lecture sympathique mais sans coup de cœur pour moi.
"Abigaël"... Je m'attendais à trouver un être humain derrière ce personnage et c'est Gina qui m'apparait, jeune fille de militaire, élevée dans la haute société où la guerre ne semble pas avoir passé les portes de sa maison.
Puis, soudainement, Gina est envoyée au pensionnat de Matula par son père qui lui fait promettre de ne révéler à PERSONNE qu'elle est là-bas sans lui donner plus d'explications. Changement de décor, la solitude, le collectif, l'amour, l'amitié, la guerre au dehors des hauts murs, et Gina qui ne doute pas d'elle une seule minute mais de son père qui a dû la remplacer dans son coeur par une maitresse d'où son éloignement soudain.
Abigaël, la voici, cette étrange statue du fond de l'école, qu'on va trouver en secret, élèves comme professeurs et personnel religieux, pour épancher son coeur et sa douleur de ce qui ne peut être dit tout haut. Abigaël, la figure de la résistance silencieuse, le lien entre l'intérieur et l’extérieur. Abigaël, la fidèle.
Et Gina, l'adolescente qui ne semble toujours pas vouloir comprendre, Gina qui se réinvente son monde et l'histoire qui l'entoure. Couver ses enfants et les protéger de l'horreur du monde est-il la meilleure éducation ? Les murs de Matula et le secret d'Abigaël pourront-ils tenir face à l'inconscience de l'adolescence portée par la pulsion, l'égocentrisme et la naïveté ? Mais quand on est adolescent, pouvons-nous seulement comprendre l'horreur du monde ?
C'est un très beau livre, parfois âpre. On se demande parfois où nous conduit Magda Szabo, si ce n'est qu'un récit de pensionnat. Et puis on doute et on a raison. On sent une profondeur, le silence qui porte peut-être une autre réalité. Quand arrive le désastre, comme Gina, avons-nous oublié la seule recommandation du père à sa fille ? Nous laisserons-nous aussi porté par l'amour pour sortir de l'austère Matula et revenir à la liberté ? Le dénouement est terrible.
une PÉPITE A lire ABSOLUMENT
Née en 1917 Ecrivaine hongroise, ses œuvres sont tombées dans l’oubli jusqu’à ce que les éditions @editionsvivianehamy les traduisent : prix Femina dans la foulée en 2003 donc double bravo et MERCI et 2015 élu meilleur livre de l’année par le New York Times.
Encore une preuve qu’il faut soutenir les petites maisons d’édition et faire confiance à leur travail de fourmi et prise de risque Une telle plume ne se rencontre pas tous les jours…
Succès bien mérité.
Dès les 1eres pages le ton est donné: cette lecture sera plaisante, mystérieuse et érudite «Qu’elles viennent donc de temps en temps, ces Erinyes aux bottes sanitaires transformées en cothurnes, au masque tragique sous le bonnet d’infirmier, qu’elles montent la garde autour de mon lit, brandissant les épées à double tranchant, que sont mes rêves.»
«Je n’ai pas écrit ce livre pour Dieu, il connaît mes entrailles, ni pour les ombres, elles sont témoins du tout, me surveillent à chaque instant, éveillée ou endormie, mais pour les hommes.(…) c’est moi qui ai tué Emerence. Je voulais la sauver, non la détruire, mais cela ne change rien. »
Magnifique duo, 2 personnages principaux, deux femmes, une vieille dame et une plus jeune, -l’autrice?- qui pourrait être sa fille.
«Emerence était hélas parfaite en tout point ; (…) elle s’occupa de nous plus de 20 ans»
Page 38. « (…) Mais elle me rit au nez, ce qui ne lui allait pas, car ni les larmes, ni le rire n’appartenaient au monde d’Emerence. »
J’ai noté je ne sais combien de “citations” pas de phrases toute faites, non, étonnantes et éclatantes de vérité, jetées ci et là en réponse souvent comme une claque. Les vérités sortent de la bouche de la vieille Emerence: « (…) Nous savions quand même ce qu’elle baragouinait en étranger, sa solitude. Qui n’est pas seul, je vous le demande, même celui qui a quelqu’un, mais ne s’en est pas encore rendu compte. » p130
Ou: «même Viola, vous le tuerez, vous le ferez piquer le moment venu. Apprenez qu’on ne retient pas celui dont l’heure a sonné, parce que vous ne pouvez rien lui donner qui remplace la vie. »
Emerence….. une mystérieuse pièce au fond de sa loge dont le secret n’est dévoilé que les toutes dernières pages…! Mais ce n’est pas le seul suspens ! la vie et son caractère, bien résumés (page 144) : « (…) Elle était intelligente, dotée d’un esprit froidement analytique, d’une logique imparable, mais elle ne voulait pas se cultiver, ni s’élever ni œuvrer dans l’intérêt de la collectivité, (…), elle décida elle-même ce qu’elle ferait, pourquoi, pour qui et dans quelle mesure, (…) »
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