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Lauren Groff

Lauren Groff

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Avis sur cet auteur (20)

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    Couverture du livre « Les terres indomptees » de Lauren Groff aux éditions Olivier (l')

    Julien Leclerc sur Les terres indomptees de Lauren Groff

    Le roman de Lauren Groff, premier que je lis, est passionnant. L’autrice américaine nous embarque dans la fuite de cette jeune fille qu’on apprend à connaître. Révéler quelque chose d’elle serait trop dévoiler et amoindrir la relation qui naît entre le lecteur et ce personnage. Nous voyons à...
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    Le roman de Lauren Groff, premier que je lis, est passionnant. L’autrice américaine nous embarque dans la fuite de cette jeune fille qu’on apprend à connaître. Révéler quelque chose d’elle serait trop dévoiler et amoindrir la relation qui naît entre le lecteur et ce personnage. Nous voyons à travers ses yeux, nous vibrons à travers ses sens. Elle est confrontée à des situations, à des environnements bruts et inconnus. Ce sont toutes les émotions de l’aventure qui naissent alors. La peur, le courage, l’audace, la surprise. Sans être basé sur des rebondissements récurrents, Les Terres indomptées est un livre qui repose sur l’apprentissage de soi et de ses capacités. On voit cette jeune fille grandir, prendre en assurance, retomber et se relever. Elle n’est pas une héroïne parce que Lauren Groff ne la met pas sur un piédestal. Elle garde une certaine distance avec elle, tant son passé, les raisons de sa fuite sont inconnus. Tout cela va s’éclaircir. Progressivement. Par bribes. On comprend d’où elle vient, ce qui a pesé sur elle, ce qui l’a animée. C’est un lot d’épreuves, matériels, sentimentales et sensibles.
    En creux, par son âge et son dialogue avec sa conscience, Lauren Groff esquisse le tableau des Etats-Unis, territoire qui n’est pas encore une nation. Territoire où les langues, les cultures ne cohabitent plus mais s’affrontent. La confrontation, en sourdine parfois, est au coeur du livre. Entre les animaux et les hommes (les femmes sont reléguées au second plan). Entre les hommes et la religion. Les croyances sont ici un moyen d’imposer la parole de certains hommes. On discerne les prémices d’une hiérarchie sociale, ethnique et biologique s’installer. La jeune fille fuit, espérant se faire entendre par d’autres et pouvoir enfin exprimer sa voix.

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    Couverture du livre « Matrix » de Lauren Groff aux éditions Random House Uk

    Les Lectures de Cannetille sur Matrix de Lauren Groff

    De Marie de France, première femme de lettres occidentale à écrire en langue vulgaire, l’on ne connaît que les fables et les lais, de courts récits en vers qui rencontrèrent un vif succès lorsqu’elle les rédigea entre XII et XIIIe siècles. Parmi les hypothèses sur son identité oubliée, la...
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    De Marie de France, première femme de lettres occidentale à écrire en langue vulgaire, l’on ne connaît que les fables et les lais, de courts récits en vers qui rencontrèrent un vif succès lorsqu’elle les rédigea entre XII et XIIIe siècles. Parmi les hypothèses sur son identité oubliée, la romancière américaine Lauren Groff a choisi de retenir celle d’une fille naturelle de Geoffroy V d'Anjou. Elle lui prête un court passage par la Cour de son demi-frère Henri II Plantagenêt et de son épouse Aliénor d’Aquitaine, laquelle s’empresse, dans l’imagination de l’auteur, de la reléguer à ses dix-sept dans une abbaye anglaise qu’elle ne quittera plus. A son arrivée un lieu hostile et glacial où sévissent fièvres et « malefaim », le misérable couvent va progressivement devenir sous sa férule de prieure, puis d’abbesse aussi déterminée qu’ambitieuse, une matrice sûre et prospère à l’écart du monde ordinaire et violent des hommes.

    « Si grande, [avec] des mains si larges, une voix si grave et un visage si peu féminin qu’il faut s’assurer que ce soit réellement une femme », qui plus est instruite – elle sait « gouverner un large domaine, écrire dans quatre langues, tenir un livre de comptes » –, indomptable, querelleuse et habile à l’épée, comment cette « créature dénuée de toute beauté, de toute féminité jusqu’en sa plus modeste manifestation » aurait-elle bien pu trouver un époux ? Ne reste donc plus que le couvent pour cette femme hors norme, qui, aimant les femmes et trouvant bientôt dans la clôture un espace de liberté où déployer son ambition, son intelligence et ses talents, va vite s’y imposer comme la « matrix », la mère supérieure en tous les domaines, libre-penseuse et de plus en plus investie de missions émancipatrices radicales – faisant fi de l’interdit papal jeté sur l’Angleterre en 1208, elle revêt les vêtements du prêtre pour dire la messe et donner les saints sacrements à ses sœurs –, mais aussi la mère protectrice d’une communauté féminine qu’elle n’hésite pas à armer et à mener au combat contre la violence et la convoitise des hommes, avant d’enceindre son abbaye d’un labyrinthe végétal propre à décourager toute intrusion.

    Prenante, écrite et admirablement traduite dans une langue mariant modernité – on n’y compte plus les « sorceresse », « témoigneresse », « confesseresse », « prédécésseuse »… – et accents médiévaux latinisants, l’histoire apparaît bien vite comme la transposition utopique, dans une époque ancienne, d’un féminisme très actuel : une occasion pour l’auteur de rendre bien sûr hommage au courage et aux mérites des femmes dans leur combat contre le patriarcat, tout en interrogeant subtilement les tendances contemporaines les plus néo-féministes. Car, souvent admirable mais plein de contradictions, ses immenses capacités s’assortissant du même hybris que chez les hommes qu’il rejette, le personnage de Marie, étoffé et complexe, attire autant qu’il effraie, alors que son affirmation de femme instruite, indépendante et libre-penseuse se réalise dans l’exclusion totale, violente quand il le faut, des hommes, et par l’enfermement dans une communauté de femmes résolument à l’écart d’une société jugée irrémédiablement nocive.

    Inspirée par une femme dont l’érudition et l’audace littéraire exceptionnelles pour son sexe et son époque restent par-delà les siècles les seuls indices de sa personnalité, Lauren Groff use finement de cette plongée historique pour questionner de manière sous-jacente les dérives féministes radicales et punitivistes contemporaines dans une fable écoféministe originale d’une grande richesse, tant dans la langue que dans la réflexion.

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    Couverture du livre « Matrix » de Lauren Groff aux éditions Random House Uk

    Catherine L sur Matrix de Lauren Groff

    En l'an 1158, la jeune Marie, dix-sept ans, bâtarde et demie-soeur d'Aliénor d'Aquitaine, est envoyée par cette dernière dans un couvent en Angleterre, un endroit déshérité où les soeurs meurent de faim et de maladies diverses. Grande et peu gracieuse, mais pleine de ressources mentales, la...
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    En l'an 1158, la jeune Marie, dix-sept ans, bâtarde et demie-soeur d'Aliénor d'Aquitaine, est envoyée par cette dernière dans un couvent en Angleterre, un endroit déshérité où les soeurs meurent de faim et de maladies diverses. Grande et peu gracieuse, mais pleine de ressources mentales, la jeune fille ne voit pourtant pas moyen d'échapper à cette assignation à devenir religieuse. Elle va donc en tirer partie et devenir la prieure respectée de l'abbaye, reconnue pour ses visions de la Vierge, visions qui lui suggèrent des améliorations à apporter au fonctionnement fruste de l'établissement religieux. La jeune fille, devenue une femme, écrit aussi des lais et des fables qu'elle envoie à sa demie-soeur ou conserve dans sa cellule. Elle sera connue comme Marie de France, première femme poétesse à écrire en français.

    Ce que je peux dire à propos de Lauren Groff, c'est qu'elle réussit toujours, qu'on aime ou pas ses livres, à déstabiliser et à proposer des atmosphères très différentes les unes des autres. J'ai beaucoup apprécié les nouvelles de Floride et, dans un format roman, Les furies, sur le thème du couple, mais abandonné Arcadia, autour d'une famille dans une communauté hippie des années 60. Qu'allait-il en être cette fois ?
    Tout d'abord, il ne faut pas s'attendre à une biographie historiquement irréprochable de la femme de lettres, son histoire étant de toute manière peu ébruitée et sujette à diverses hypothèses. Lauren Groff a choisi un point de vue très personnel, que je qualifierais de féministe, qui montre davantage une sororité médiévale, avec ses difficultés et ses moments d'enthousiasme, que la découverte d'une poétesse illustre.
    Ceci étant posé, le roman provoque une sorte de fascination qui m'a obligée à le continuer, même si le quotidien d'une abbaye au XIIème siècle n'aurait pas eu tendance à me passionner. Quoique l'autosuffisance à laquelle parvient Marie, avec l'aide de nonnes de plus en plus nombreuses, et les ressources des fermages, ne manque pas d'intérêt, et de résonances avec d'autres lectures…
    L'un des atouts de ce roman est tout d'abord le caractère très fort, entier et, d'une certaine manière visionnaire, de Marie. C'est un personnage qui ne peut pas laisser indifférent. Ensuite, ce qui m'a plu, paradoxalement, c'est une sorte de décalage, pour ne pas dire d'anachronisme, entre la vie des soeurs une fois que Marie dirige l'abbaye à sa manière, et le monde extérieur, repoussé de plus en plus loin, non sans quelques résistance.
    L'écriture, sensuelle, mêlée de quelques termes médiévaux, voire de mots créés de toutes pièces, comme les noms de métiers en -ix, au lieu de générer une cacophonie, lie le tout d'une manière que j'ai trouvée équilibrée. J'adresse un coup de chapeau à Carine Chichereau pour la traduction !
    C'est donc pour moi plutôt un bon cru de l'autrice américaine, dont je continuerai à suivre les parutions.

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    Couverture du livre « Matrix » de Lauren Groff aux éditions Random House Uk

    Joëlle Buch sur Matrix de Lauren Groff

    Ce roman en 3 parties est le portrait de Marie de France, la « bâtarde », qu’Aliénor d’Aquitaine décide d’envoyer dans une abbaye en Angleterre, loin de la cour. Marie est trop grande et moche pour être mariée, il ne reste plus que le couvent pour l’accueillir. Enfin accueillir n’est pas le...
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    Ce roman en 3 parties est le portrait de Marie de France, la « bâtarde », qu’Aliénor d’Aquitaine décide d’envoyer dans une abbaye en Angleterre, loin de la cour. Marie est trop grande et moche pour être mariée, il ne reste plus que le couvent pour l’accueillir. Enfin accueillir n’est pas le terme adéquat, car les nonnes y subissent la malefaim et la misère. Peu à peu Marie prend ses marques et se résout à cette vie. Elle prend même le pouvoir et gère très bien le domaine de l’abbaye, si bien que la vie des religieuses s’améliore très nettement. Marie a de grande idées pour sa communauté qui lui sont dictées par des visions. C’est ainsi qu’elle fait bâtir une forteresse autour du domaine pour protéger les nonnes et exclure les hommes. Tout cela attire des jalousies, mais Marie sait toujours faire face.
    Il est question de sororité, de féminisme, de désir féminin, d’homosexualité dans ce roman médiéval.
    Conseillé par Maria Larrea, lu avec Annie-Rose et Charles, j’avoue n’avoir pas été emportée par cette biographie romancée. C’est donc une lecture mitigée pour ma part, où j’ai été un peu perturbée par les mélanges de styles et de temps conjugués, les incursions de mots latins (retrouvez sur le blog, un exemple de passage de ce type). C’est à la fois moderne et ancien, empreint de mysticisme. L’entre soi m’a également gênée. Bref je n’ai pas été convaincue par ce roman, ni son propos, un peu trop féministe avant l’heure, même si la vie et le destin de Marie sont intéressants.

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