"A la croisée des genres, voici mes dix titres indispensables... des textes dont les personnages m’inspirent et me bouleversent encore." Frédéric Couderc
"A la croisée des genres, voici mes dix titres indispensables... des textes dont les personnages m’inspirent et me bouleversent encore." Frédéric Couderc
Découvrez les avis de Mireille et Michelle pour "Le jour se lève et ce n’est pas le tien" de Frédéric Couderc
Nous sommes au temps de Louis XIV et nous suivons le travail du sommelier du roi. Seul le hasard lui a permis d'arriver à cette place.
La vie est rude à cause de l'hiver, notamment. le froid joue un grand rôle dans l'histoire.
Les complots ne sont pas rares. On n'hésite pas à tuer pour avoir le monopole du vin.
En même temps, pas facile d'influencer le médecin du roi qui tente de préserver la santé de celui-ci en ne lui autorisant que le Bourgogne. Là je le comprends...
Il y a intrigue dès le début et pourtant, j'ai eu beaucoup de difficultés à rentrer dans l'histoire. Il a fallu que je patiente jusque la moitié du livre pour être vraiment passionnée.
C'est par contre intéressant au niveau historique. L'auteur semble s'être bien documenté sur la vie à la cour.
Le quartier Blankenese à Hambourg est le cadre de ce magnifique témoignage historique qui éclaire le lecteur sur le sujet si sensible de la guerre et des agissements des hommes dans l'insoutenable.
Les chapitres alternent entre l’été 2018 et l’année 1947.
Paul, écrivain, veille sur Viktor, son « Opa », son grand-père, qui un jour disparaît. Lorsqu’on le retrouve, il ne parle plus, il est dans un état d’aphasie totale. Quelques jours après, l’inspecteur Bong appelle Paul pour prendre des nouvelles de son grand-père, et lui parle soudain de la maison d'en face, dans le voisinage de Viktor, et de l'ancien occupant de cette belle demeure qui était en fait un SS, le pire monstre de perversité. Il s'agit de Horst Schumann, coupable d’expériences ignobles à Auschwitz-Birkenau où il a stérilisé en masse des milliers de femmes et d’hommes. Puis comme si de rien n’était, il a vécu en Afrique avec la nationalité ghanéenne, grâce au dirigeant marxiste Nkrumah. Il n’a jamais été inquiété, il est revenu en Allemagne où il meurt d’un cancer. Le comble c’est que grâce à la Krankenkasse, le système de soins Allemand, qui, évidemment ne fait pas la différence entre un citoyen lambda est un criminel nazi , il a bénéficié de soins jusqu’à la fin de sa vie. Que faut-il en penser ? Y a-t-il des conclusions à en tirer ?
Puis le récit nous ramène en 1945 à l'époque où les femmes des ruines, les Trümmerfrauen, sont réquisitionnées pour déblayer les gravats et ainsi obtenir la Lebensmittelkarte, fameuse carte pour pouvoir recevoir des vivres. Viktor y travaillait également. C’est là qu’il a rencontré Nina pour laquelle par des trafics il espérait obtenir un passeport afin qu’elle puisse partir vers la Palestine. Dans l’entrepôt où il dépose des affaires récupérées, il découvre une partition avec les annotations de sa sœur Vera qui, prise en charge par « La compagnie charitable de transport des malades » est pourtant morte six mois après. Bien des souvenirs douloureux lui reviennent.
Frédéric Couderc nous fait connaître le personnage de Schumann. Malgré tout ce qu’on a pu lire à écrire sur les atrocités de la guerre, on n'a pas forcément prêté attention à ce nom. C'est finalement une enquête dont on suit le déroulement avec intérêt, dans un récit captivant par sa construction. Même si c'est un sujet difficile on est emportés par cette histoire. On y apprend ce que la justice n’a pas pu résoudre auparavant c’est par la littérature qu'on en saura la vérité apportant ainsi une forme de réparation. Ce roman a un intérêt historique évident: c'est la force des mots et l'intensité narrative des moments minutieusement décrits qui le rendent passionnant.
Ce roman faisait partie des « Nouveautés » à la médiathèque que je fréquente. Publié aux Editions Les Escales, ce livre était déjà pour moi un gage de qualité.
Paul est un écrivain allemand à succès qui vit à Hambourg. Il a toujours beaucoup aimé son grand-père Viktor, dont il s’occupe maintenant.
Quand Viktor disparaît pendant deux jours, Paul craint le pire. Le vieil homme sera retrouvé hagard, mutique, au bord d’un lac, tenant dans sa main une lettre en provenance de New York. A partir de ce jour, Viktor ne prononcera plus un seul mot.
L’inspecteur de police qui a mené les recherches indique à Paul que dans la villa jouxtant la propriété de son grand-père a vécu un « doktor SS » d’Auschwitz, un homme du même acabit que Mengele, et qui a réussi à échapper à la justice. Cet homme s’appelait Horst Schumann.
Se pourrait-il que son grand-père ait été en lien avec ce nazi ? La question va perturber Paul et l’amener à conduire une enquête afin de découvrir la vérité et, peut-être en tirer un roman.
J’ai trouvé ce roman tout à fait passionnant. Les périodes alternent : celles avec Viktor à Hambourg à l’été 1947, celles des recherches de Paul en 2017.
Au delà de l’histoire de famille, il est très intéressant de découvrir les dessous de l’après Seconde Guerre Mondiale et comment les scientifiques nazis ont été récupérés par la CIA, la NASA et autres. L’auteur lève le voile également sur la façon dont l’Allemagne a géré cette période voire jusqu’à la fin des années 1960.
Ce roman fut une lecture à la fois enrichissante et exigeante.
Coup de cœur pour ce roman de Frédéric Couderc
A travers une trame policière et romanesque parfaitement maîtrisée, l’auteur nous propose une analyse politique et sociale de Cuba, et plus particulièrement des arcanes du régime castriste en 1959 mais aussi de la situation cubaine en 2009.
Littéralement scotchée par l’histoire, je n’ai refermé le livre qu’à la dernière page. Pour immédiatement, rechercher sur internet les infos me permettant de satisfaire ma curiosité aiguisée par ce personnage central de Camilo Cienfuegos, que je découvrais. Numéro deux de la « Revolucion » à l’égal du Ché.
Que demander de plus à un livre ? Le plaisir d’aller au bout d’une histoire pleine de rebondissements, et la compréhension d’un état dont mes connaissances étaient plutôt primaire. Je suis admirative de cette belle réussite : un vrai talent d’écrivain et une réelle expertise d’un état complexe et torturé.
Quelques mots pour situer le récit où deux périodes vont se croiser.
New-York 2009 – Léonard, enterre sa mère Dora Parker dans le cimetière cubain du Bronx. Pourquoi Dora a-t-elle choisi ce lieu ? Qui est son père ?
Sa mère célibataire a toujours été terriblement secrète sur son passé.
La Havane 1959 – Le journal de Dora ( Dolorès) reprend les évènements de sa vie au jour le jour. Ses parents proches du dictateur Batista, sa passion partagée avec Camilo Cienfuegos. Un héros de légende, idéaliste, généreux et courageux. Ils s’aiment passionnément dans les tumultes et les difficultés de La Revolucion
On apprend aussi à mieux connaître Léonard. Un obstétricien engagé envers ses patientes. Il consacre une partie de sa vie au planning familial, contesté violemment par les activistes de Pro-life. Agressé par ces derniers, il plonge dans le coma.
Sa convalescence va être la source de multiples interrogations. Enfouir le passé, comme le suggère sa femme ou chercher ses sources et les comprendre ?
« Qu’est ce qui nous empêche d’aller voir et de régler son compte au passé si tout est là, à portée de connexions entre neurones ? A nous protéger ? Le cerveau enfouirait-il des scènes douloureuses dans les tréfonds de la mémoire pour nous permettre d’avancer cahin-caha sur le chemin de l’existence ? »
Léonard se sépare de sa femme, de ses enfants et part pour la Havane à la recherche de son histoire, de la vérité et de son père. A priori, il s’agit de Camilo Cienfuegos. Cette quête ne sera pas sans risques.
Les thèmes traités sont riches :
- La quête d’identité, vitale pour comprendre et poursuivre sa vie.
- La figure de Camilo
« Camilo n’aurait jamais accepté une révolution communiste, l’alliance avec l’URSS qui se profilait. On l’a appelé « le Christ des humbles », rappelez-vous. (…) Vu son tempérament, jamais Camilo n’aurait laissé la révolution trahir son idéal démocratique ».
- Et surtout les luttes intestines et cruelles entre les dirigeants de la Revolucion, et ce qu’il en a résulté. Un constat d’échec de la Revolucion, parfaitement exprimée par un cubain en contact avec Léonard :
« La vérité ? Mais tu es tombé dans le mauvais pays, companero. Ceux de ma génération ont été trompés depuis le berceau. (…) on a vécu dans les restrictions et les frustrations, payés en malheureux pesos officiels. Mais le pire, tu vois, ce sont les mensonges. J’ai grandi sans la moindre idée des massacres de Staline, sans même imaginer les trahisons de l’internationalisme prolétarien, les persécutions partout dans les régimes communistes... Nous sommes des ignorants et toi, tu veux la vérité ?
J’ai beaucoup aimé aussi l’utilisation de l’espagnol dans le récit qui l’ancre encore plus dans la réalité.
Une écriture précise et juste, des personnages bien campés, une meilleure compréhension de Cuba, avec le plaisir d’une intrigue et d’un amour passionnel.
Une vraie réussite !
https://commelaplume.blogspot.com/
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