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Le 27 août 2008 disparaissait dans la misère absolue, dans l’indifférence générale, un militant des droits de l’homme qui œuvra une grande partie de sa vie en faveur du pacifisme et sera l’un qui facilitera les accords d’Oslo en 1991 entre israéliens et palestiniens. Il avait créé la station de radio « Voice of peace » et son histoire restera tout de même dans les annales du militantisme grâce à une chanson de John Lennon « Give peace a chance ». Cet homme s’appelait Abie Nathan. Son ombre est toujours présente pour celles et ceux qui croient en une réconciliation encore possible dans cette partie du monde, petite par son étendue, immense par son histoire.
Et justement, c’est une petite histoire dans la grande histoire de l’humanité que nous raconte Frédéric Couderc dans son nouveau roman au titre déjà si évocateur « Yonah ou le chant de la mer » : ou comment une colombe peut envoyer un espoir depuis les flots de la tolérance, non un chant des sirènes mais un hymne à l’entente entre les peuples.
Hélène et Zeev Stein forme un couple loué par leur entourage : amoureux, militant, intrépide, leur énergie parait sans limite et c’est forcément auprès de cet avocat des causes perdue qu’un célèbre réalisateur prend conseil pour tourner un biopic sur Abie Nathan avec une star hollywoodienne. Le couple a deux enfants, Yonah et Raphaël, inclassables eux aussi mais avec des parcours beaucoup plus erratiques que ceux de leurs géniteurs. Pourtant, quand le célèbre acteur américain disparait à Gaza tout se dévoile peu à peu et des blessures s’ouvrent à nouveau. La vie du couple n’est peut-être pas aussi rêvée qu’elle le parait et à travers eux se reflètent les faces cachés et intimes de l’existence.
A travers l’histoire d’une famille, l’écrivain décortique habilement tout ce qui peut entraver la paix, qu’elle soit intime ou commune. Avec sa maestria habituelle, il envoie des fléchettes sur l’extrémisme religieux – et fatalement politique – sur l’aveuglement des trafics en tout genre et sur la réelle volonté de rassembler les peuples. Parfois deux nations côte à côte ressemblent à un couple désirant s’aimer mais confronté à des velléités incontrôlables.
Une lecture portant sur un chant d’espérance malgré les vagues trop violentes des conflits ; puisse ce roman être un appel de la mer, une bouteille livresque à partager pour un apaisement de l’humanité.
Blog => https://squirelito.blogspot.com/2020/06/une-noisette-un-livre-yonah-ou-le-chant.html
A Tel-Aviv, Zeev Stein, célèbre avocat, forme avec son épouse Hélène un couple emblématique. Ils fêtent leurs quarante ans de mariage dans leur somptueuse maison au style Bauhaus typique de la Ville Blanche. Ce soir-là, Yonah, leur fille est présente, ainsi que toute l’équipe du film qui se tourne autour d’Abie Nathan, ce pacifiste décédé en 2008 à 84 ans. Zeev, qui l’a bien connu, est le conseiller d’Eytan Lansky, le cinéaste qui tourne ce biopic avec dans le rôle-titre le sémillant Orlando Dito Beck. Abie Nathan également connu pour avoir ancré le Voice of Peace au large d’Israël, ce bateau sur lequel il avait installé une radio-pirate qui diffusait jusqu’à Beyrouth et Le Caire, et dont le mot d’ordre était From somewhere in the mediteranean, peace, love and good music. Mais connu aussi pour avoir voulu échanger, parler et négocier avec les palestiniens, une intention sacrilège à l’époque en Israël.
Zeev et Hélène ont deux enfants, Yonah et Raphaël. On comprend rapidement que l’un des deux a disparu, ou du moins n’est plus présent dans la famille. Raphaël est un jeune homme révolté, sa soif d’idéal et une brouille avec son père l’ont entrainé vers les religieux intégriste israélites. Il vit à Jérusalem dans le quartier de Mea Shearim. Là, il a adopté leur mode de vie archaïque et radical, priant la thora du matin au soir, parlant Yiddish, adoptant la tenue noire traditionnelle, acceptant la femme qu’on lui a assignée comme épouse, il est déjà père de trois enfants. Raphaël, que Zeev voudrait tant faire revenir à la vie, et dans la famille. Et Yonah la belle, colombe de la paix, la fille chérie, qui travaille au muséum d’histoire naturelle, mais sa mission est délicate en Israël, ce pays où il n’est pas question de faire la moindre découverte qui pourrait remettre en question l’ordre du monde établi par les Textes. La famille se retrouve, mais ils ne seront pas maitres de leur avenir, tributaires de circonstances aussi malheureuses que complexes. Car le tournage ne sera pas aussi idyllique que prévu et l’enchaînement d’impondérables va remettre en cause l’équilibre familial.
L’auteur sait mêler habilement la grande Histoire, ici le conflit israélo-palestinien à travers l’expérience d’Abie Nathan et des différents protagonistes, et sa liberté de l’écrivain. Si les relations familiales sont parfois houleuses, en particulier pour le couple Zeev-Hélène, les relations parents-enfants sont primordiales et émouvantes, tant avec Raphaël que Yonah, qui prend ici toute sa place. En effet, tout au long du roman la relation à la paternité est à la fois magnifique et bouleversante.
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/04/07/yonah-ou-le-chant-de-la-mer-frederic-couderc/
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