On aime ses romans, sa façon de nous raconter le monde, avec un regard transversal, curieux et gourmand.
Rencontre au café littéraire d'Orange à Paris avec Erik Orsenna à l'occasion de la publication de son dernier roman, "Mali, Ô Mali" (Stock), suite de Madame Bâ, paru il y a déjà dix ans et où l'on retrouve Marguerite Dyumasi...
On aime ses romans, sa façon de nous raconter le monde, avec un regard transversal, curieux et gourmand.
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"L’Origine de nos amours" (Stock), Erik Orsenna à livre ouvert
Jeanne, 10 ans, et son frère Thomas, 14 ans, devaient rejoindre leur père aux Etats-Unis pour passer les vacances avec lui. Alors que leur paquebot traverse l'Atlantique, il est pris dans une tempête et fait naufrage. Les deux enfants rescapés trouvent refuge sur une île bizarre, peuplée de gens qui sont des mots et gérée par Nécrole, dictateur psychorigide qui n'accepte aucune contradiction. C'est la raison pour laquelle il a exilé les Subjonctifs trop rebelles à son goût. Jeanne est préoccupée. Elle se demande ce qu'est vraiment l'amour. Madame Jargonos, revêche inspectrice de l'Education nationale, tombe amoureuse au premier regard de Dario qui tient la batterie de l'orchestre du « Cargo sentimental », restaurant de plage de l'île. Et voilà que soudain, Thomas disparaît sans laisser de traces. Jeanne part à sa recherche en compagnie de Jean-Luc, ancien jockey devenu pilote de planeur…
« Les chevaliers du subjonctif » est une sorte de conte philosophique dont on ne sait s'il est adressé aux enfants ou aux adultes. « Après l'immense succès de « La grammaire est une chanson douce », voici les nouvelles aventures de Jeanne et Thomas dans l'île des Subjonctifs », annonce l'éditeur. Ce nouvel opus reste donc dans la lignée du précédent, celle de l'illustration de la grammaire, du vocabulaire et de la syntaxe de notre belle langue. Orsenna cherche à montrer de manière amusante l'intérêt des modes de la conjugaison : l'Indicatif, celui du réel, du concret, de la constatation de faits et l'Impératif celui de l'ordre, du commandement, de la rigidité. L'un ordonne, l'autre obéit. Ou pas. Il convient parfaitement à Nécrole (personnage qui pourrait parfaitement être à clé, tant il fait penser à quelqu'un de haut placé dans le monde réel…). Il déteste les modes prêtant à confusion, à interprétation, à caution comme le conditionnel et surtout le subjonctif, celui du rêve, des envies, des désirs inassouvis, celui des dissidents, des opposants, des révoltés et des hommes libres. L'ensemble se lit agréablement et très rapidement en raison de quelques fulgurances et d'un style élégant, épuré et bien pourvu en dialogues. Le lecteur notera également la présence de nombreux dessins naïfs et illustrations agrémentant le texte.
Ravie de me rendre à Venise sans emprunter ces immeubles flottants pour une simple escale, j’espérais un voyage qui ne fut finalement pas conforme à mes attentes.
Plutôt agréablement surprise de me retrouver en compagne de Vivaldi, et de Da ponte, qui sont des personnages tout à fait fréquentables et sur lesquels j’ai certainement beaucoup à apprendre, je me suis un peu perdue dans les méandres de l’imagination de l’auteur, au point de ne plus savoir quel était le but. Sur fond de combat écologique, il pointe du doigt le désastre que fut la construction de la Sérénissime que son million de « bricole » , désormais en train de mourir lentement.
Le massacre écologique est sans doute le thème le plus tenu du roman, qui est tout de même un peu foutraque, difficile à suivre et c’est bien parce que Orsenna, on l’aime bien, et que le roman est court que je suis allée au bout.
160 pages, Robert Laffont 5 septembre 2024
Venise ne veut pas mourir
Dans ce court roman, Erik Orsenna combine habilement le conte écologique, son amour pour Venise et celui de la musique classique. Parcourant les canaux, de la Sérénissime, il n'hésite pas à voyager aux côtés de Vivaldi et Da Ponte, rassemblés pour nous offrir une Cinquième Saison.
Petite cause, grands effets. Cette fois ce n'est pas le battement d'ailes d'un papillon qui engendre une catastrophe, mais le choc d'un monstre des mers, le Wonder of the Seas, contre la jetée du port de Venise. Un fait divers qui symbolise tout à la fois la course au gigantisme et le peu de respect porté à la Sérénissime.
La secousse va avoir un effet inattendu sur l'horloge ou plutôt sur le temps désormais figé à deux heures. « En cette nuit indéfiniment prolongée, le temps n’avait pas seulement arrêté sa course folle, il se permettait, lui aussi, toutes les libertés. Ayant aboli les frontières, il autorisait tous les passages d’une époque à l’autre. Oubliée, la chronologie ! Abandonnée, cette distinction imbécile et mortifère entre l'avant et l’après ! Si à personne ne venait l'envie d'aller jeter un œil dans le futur, tant les perspectives y étaient peu réjouissantes, les portes du passé s'étaient grandes ouvertes. »
Quelques illustres personnages vont alors profiter de cette opportunité, à commencer par Antonio Vivaldi (1678-1741) venu constater sa renommée, mais aussi le massacre de ses Quatre Saisons dans les supermarchés ou les centres d'appels. D'où l'idée de composer une Cinquième Saison. Et comme il est désormais possible de faire se rencontrer des gens qui n'ont pas vécu à la même époque, il va se précipiter dans les bras de Lorenzo Da Ponte (1749-1838), le librettiste de Mozart. Si le duo a de grandes ambitions, il lui faut toutefois composer avec la terre, l'air, le feu et l'eau, quatre éléments que l'homme a voulu dompter et assouvir. Une folie de “maîtrise” à laquelle il va falloir renoncer en ce début de XXIe siècle, faute de disparaître, emporté par les effets d'un réchauffement incontrôlable.
Car, à l'image des maîtres verriers de Murano, il faut se souvenir que la terre est aussi fragile que le verre. « Si vous vous hâtez trop, vous n’acceptez pas de réduire lentement, tout doucement, par paliers, la température accumulée, votre planète se brisera. »
Dans ce conte écologique, Erik Orsenna prend un malin plaisir à mêler les époques et les genres, à nous guider à Venise et aux alentours de la lagune dans des lieux chargés d'histoire. Au détour d'un monument ou à la porte d'un café, il va croiser le Président de Brosses (1709-1777) qui s'est "gorgé d'Italie" durant deux années ou encore Paul Agnew (1964-) menant Les Arts Florissants de William Christie (1944-).
On imagine et on partage la jubilation d'un certain Erik O. qui peut se permettre le luxe d'appeler encore Erri de Luca à la rescousse !
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici ! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
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Quel bonheur de retrouver Erik Orsenna!
Cet opus qui se passe à Venise est autant un conte moral qu'un roman. Nous y croisons Vivaldi et Da Ponte dans une Venise où le temps s'est arrêté par la folie des hommes.
Une petite douceur littéraire qui porte néanmoins à réfléchir sur notre société poussée par le profit et irrespectueuse du vivant en général.
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