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Quel grand roman de Donald Ray Pollock qui nous dépeint une Amérique profonde qui donne pas vraiment envie ,on a aucune envie de croiser sur sa route un des protagonistes .Ils sont tous complètement à la masse entre un homme qui sacrifie des bêtes pour sauver sa femme de la maladie ,des escrocs qui se font passer pour des prédicateurs , un couple qui écume les routes à la recherche d'auto-stoppeurs pour les buter et un shérif corrompu prêt à tout pour être réélu .Un vrai coup de cœur .
On peut lire, à plusieurs reprises, combien ce roman de Donald Ray Pollock est puissant mais, en même temps, quelque peu brouillon, ou confus, parce que difficile à suivre. C'est surprenant, à mon sens, de voir au contraire combien il est maîtrisé ; c'est un labyrinthe de personnages qui s'entrecroisent, certes, mais pourtant il est impossible de se perdre dans les axes des récits tant l'ensemble est sous le contrôle d'un romancier au sommet de sa narration.
Finalement, même si ce sont les hommes et les femmes (et les plus jeunes) qui sont le cœur du récit, j'ai souvent eu l'impression que le personnage principal était une époque, justement, une atmosphère, la pensée et la philosophie générales qui étaient celles qui les menaient il y a tout juste un siècle.
Et donc, quid du récit lui-même ?
C'est un déflagration. Une révélation. Un pamphlet de l'ignominie et de nos vices les plus enfouies, là, pourtant juste sous la surface, qui sont énoncés les uns après les autres au détour d'un paragraphe. Une narration d'une classe folle, des personnages tous traités avec la même empathie, et pourtant un maelström de détails sordides et pourtant tellement humains.
Une déflagration, oui, mais claque à chaque page qui te réveille brutalement, au risque de faire passer les lectures qui vont suivre pour des jolies histoires du soir enrobées dans du papier bonbon. Oui, c'est aussi bon, aussi puissant, aussi essentiel et nécessaire que ça.
Pfiouuuu ! Je referme complètement groggy ce roman-uppercut, sonnée par la force de la violence qui résonne sur les chemins de ce roman comme les trompettes de l'Apocalypse, et vient frapper chacun des personnages avec la puissance d'un fléau. Pollock s'est mis à l'écriture après 50 ans, et ça valait franchement le coup d'attendre !
Le diable guette, oui, tout le temps, il rôde dans la voiture de Sandy et Carl qui sème la désolation sur leur passage, il se faufile sous les mots d'un prédicateur qui abuse des brebis innocentes de sa congrégation, il murmure à l'oreille d'un père désespéré, et s'empare de tous, paralytiques, mère isolée, auto-stoppeur en fuite, et les soumet à sa loi : vengeance, folie, cruauté et désespoir.
Dans une écriture brillante, et diablement efficace, Pollock nous donne à voir les paumés, les exilés, les ratés et tous ceux qui ont renoncé à des jours meilleurs, il exhibe leurs plaies, leur misère et n'épargne presque personne dans cette foire aux monstres. C'est brillamment mené et on attend avec appréhension que tous ces destins ratés se percutent, et on sent, on sait que ça ne peut que mal finir !
Un immense roman (je ne suis pas la première à le dire) que je suis contente d'avoir refermé, avec le secret espoir d'avoir laisser ce diable-là bien loin de moi !
Du rêve américain au cauchemar américain, il n’y a qu’un pas, celui que vous franchirez en lisant Le Diable tout le temps de Donald Ray Pollock.
Donald Ray Pollock est un auteur américain que je découvre par cette lecture, pour le moins troublante. Le Diable tout le temps, le Mal répété à chaque page, le vice exacerbé dans chaque personnage comme un mantra maléfique, comme un virus contagieux. L’auteur prend le lecteur à témoin, l’entraine avec lui dans une contemplation d’un genre bien particulier : celle de destins croisés de personnages habités par le mal. Ohio, vallée du Knockemstiff, que Pollock connait bien puisqu’il y est né, est un endroit de l’Amérique profonde où il ne fait pas bon vivre. « Quatre cents personnes environ vivaient à Knockemstiff en 1957, et en raison de Dieu sait quelle malédiction, que cela tint à la lubricité, à la nécessité, ou tout simplement à l’ignorance, presque toutes étaient liées par le sang« .
Ce que Pollock dépeint est une Amérique décadente, profondément pervertie, sans espoir et dénuée d’humanité où s’affrontent nombre de marginaux arriérés dont la violence semble être le seul mode d’expression, où la drogue, les meurtres et les crimes sexuels sont devenus un mode de vie à part entière. Evoluent donc en parallèle plusieurs personnages, tous plus ou moins déjantés, ayant un point commun : la noirceur d’âme. Willard Russell, rescapé de la guerre du Pacifique, père de famille et fervent pratiquant est prêt à tout pour sauver son épouse atteinte d’un cancer, il entraine son jeune fils Arvin dans une pratique de la prière pour le moins douteuse. Carl et Sandy forment un couple assez atypique, ils parcourent le pays dans un road-trip meurtrier, à la recherche de jeunes auto-stoppeurs… Un prédicateur accompagné de son musicien sillonnent le pays semant le chaos sur leur passage et un jeune pasteur pédophile a une façon bien particulière de fidéliser ses ouailles… Arvin est le seul de ces personnage à trouver grâce aux yeux de l’auteur: ce n’est pas un mauvais garçon, il a reçu une éducation à la dure pour apprendre à se défendre et réclame justice lorsque l’on s’en prend à sa sœur de cœur. La religion est omniprésente mais Dieu est bafoué, usurpé, utilisé à des fins perverses et contradictoires, écrasé par le Diable qui domine cette contrée sauvage où les Hommes possèdent une bestialité hors-norme.
L’écriture de Pollock fait des merveilles: puissante et juste, elle nous enchaîne à ce dédale d’abomination. Scotchée par ce déferlement de haine et de sauvagerie, je n’avais qu’une hâte, tourner ces pages pour connaître le dénouement de ce récit dévastateur.
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