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De l'Ohio à la Virginie-Occidentale, de 1945 à 1965, des destins se mêlent et s'entrechoquent : un rescapé de l'enfer du Pacifique, traumatisé et prêt à tout pour sauver sa femme malade ; un couple qui joue à piéger les auto-stoppeurs ; un prédicateur et un musicien en fauteuil roulant qui vont de ville en ville, fuyant la loi... La prose somptueuse de ce premier roman de D. R. Pollock contraste avec les actes terribles de ses personnages. Un univers terrifiant que la critique n'hésite pas à comparer à ceux de Flannery O'Connor, Jim Thompson ou Cormac McCarthy.
C'est un roman monstrueux qui se subit comme un fléau biblique dans une langue d'un autre temps. On n'a rien lu d'aussi dévastateur depuis des années. Nicolas Ungemuth, Le Figaro Magazine.Pollock sublime l'immoral, touche par sa prose lumineuse et donne ici un livre marquant, bien dans la démesure américaine. Liliane Kerjan, La Quinzaine littéraire.
Quel grand roman de Donald Ray Pollock qui nous dépeint une Amérique profonde qui donne pas vraiment envie ,on a aucune envie de croiser sur sa route un des protagonistes .Ils sont tous complètement à la masse entre un homme qui sacrifie des bêtes pour sauver sa femme de la maladie ,des escrocs qui se font passer pour des prédicateurs , un couple qui écume les routes à la recherche d'auto-stoppeurs pour les buter et un shérif corrompu prêt à tout pour être réélu .Un vrai coup de cœur .
Pfiouuuu ! Je referme complètement groggy ce roman-uppercut, sonnée par la force de la violence qui résonne sur les chemins de ce roman comme les trompettes de l'Apocalypse, et vient frapper chacun des personnages avec la puissance d'un fléau. Pollock s'est mis à l'écriture après 50 ans, et ça valait franchement le coup d'attendre !
Le diable guette, oui, tout le temps, il rôde dans la voiture de Sandy et Carl qui sème la désolation sur leur passage, il se faufile sous les mots d'un prédicateur qui abuse des brebis innocentes de sa congrégation, il murmure à l'oreille d'un père désespéré, et s'empare de tous, paralytiques, mère isolée, auto-stoppeur en fuite, et les soumet à sa loi : vengeance, folie, cruauté et désespoir.
Dans une écriture brillante, et diablement efficace, Pollock nous donne à voir les paumés, les exilés, les ratés et tous ceux qui ont renoncé à des jours meilleurs, il exhibe leurs plaies, leur misère et n'épargne presque personne dans cette foire aux monstres. C'est brillamment mené et on attend avec appréhension que tous ces destins ratés se percutent, et on sent, on sait que ça ne peut que mal finir !
Un immense roman (je ne suis pas la première à le dire) que je suis contente d'avoir refermé, avec le secret espoir d'avoir laisser ce diable-là bien loin de moi !
Du rêve américain au cauchemar américain, il n’y a qu’un pas, celui que vous franchirez en lisant Le Diable tout le temps de Donald Ray Pollock.
Donald Ray Pollock est un auteur américain que je découvre par cette lecture, pour le moins troublante. Le Diable tout le temps, le Mal répété à chaque page, le vice exacerbé dans chaque personnage comme un mantra maléfique, comme un virus contagieux. L’auteur prend le lecteur à témoin, l’entraine avec lui dans une contemplation d’un genre bien particulier : celle de destins croisés de personnages habités par le mal. Ohio, vallée du Knockemstiff, que Pollock connait bien puisqu’il y est né, est un endroit de l’Amérique profonde où il ne fait pas bon vivre. « Quatre cents personnes environ vivaient à Knockemstiff en 1957, et en raison de Dieu sait quelle malédiction, que cela tint à la lubricité, à la nécessité, ou tout simplement à l’ignorance, presque toutes étaient liées par le sang« .
Ce que Pollock dépeint est une Amérique décadente, profondément pervertie, sans espoir et dénuée d’humanité où s’affrontent nombre de marginaux arriérés dont la violence semble être le seul mode d’expression, où la drogue, les meurtres et les crimes sexuels sont devenus un mode de vie à part entière. Evoluent donc en parallèle plusieurs personnages, tous plus ou moins déjantés, ayant un point commun : la noirceur d’âme. Willard Russell, rescapé de la guerre du Pacifique, père de famille et fervent pratiquant est prêt à tout pour sauver son épouse atteinte d’un cancer, il entraine son jeune fils Arvin dans une pratique de la prière pour le moins douteuse. Carl et Sandy forment un couple assez atypique, ils parcourent le pays dans un road-trip meurtrier, à la recherche de jeunes auto-stoppeurs… Un prédicateur accompagné de son musicien sillonnent le pays semant le chaos sur leur passage et un jeune pasteur pédophile a une façon bien particulière de fidéliser ses ouailles… Arvin est le seul de ces personnage à trouver grâce aux yeux de l’auteur: ce n’est pas un mauvais garçon, il a reçu une éducation à la dure pour apprendre à se défendre et réclame justice lorsque l’on s’en prend à sa sœur de cœur. La religion est omniprésente mais Dieu est bafoué, usurpé, utilisé à des fins perverses et contradictoires, écrasé par le Diable qui domine cette contrée sauvage où les Hommes possèdent une bestialité hors-norme.
L’écriture de Pollock fait des merveilles: puissante et juste, elle nous enchaîne à ce dédale d’abomination. Scotchée par ce déferlement de haine et de sauvagerie, je n’avais qu’une hâte, tourner ces pages pour connaître le dénouement de ce récit dévastateur.
Mais qu'est ce que c'est que ce livre? Un festival de tordus et de cabossés.
Il y a Willard revenu de la Guerre avec ses atrocités dans ses bagages qui s'en va épousé Charlotte dont il est tombé fou amoureux en l'espace d'un repas à la sortie du bus et avec qui il aura le petit Arvin. Willard qui devient fou lorsque sa femme tombe malade et qui pour la sauver s'adonnera à des sacrifices à Dieu emmenant le jeune Arvin dans ses délires. Et Willard n'est que le premier personnage que l'on rencontre! Il y aura aussi des prédicateurs en fuite, un couple de tueurs, un prêcheur pédophile... bref toute une galerie de personnages bancals et tourmentés. Et au milieu de ça des personnages touchants comme Emma la grand-mère d'Arvin ou l'oncle Eastern.
Les histoires se lisent en parallèle avant de se recouper, l'ambiance est particulière et rend le roman rend fort et puissant. C'est noir, très noir, c'est glauque, c'est dérangeant, c'est dingue, c'est violent. On en sort hébété, abasourdi, on a vu le fond mais on en redemande!
C'est mon premier Pollock mais pas le dernier même si je vais éviter d'enchaîner (pour ma santé mentale).
Knockemstiff (Ohio), 1957. Willard Russell et son fils de neuf ans, Arvin, ont l’habitude de prier au pied d’un tronc d’arbre ensanglanté … (on découvrira pourquoi un peu plus tard …)
Retour en arrière, Meade (Ohio), 1945. Willard Russell rentre de la guerre (avec le Japon) et veut rejoindre sa ville natale, Cold Creek (Virginie Occidentale), hanté à tout jamais parce qu’il a vu dans le Pacifique …
C’est dans un diner de Meade, lors d’un arrêt du car, qu’il tombera amoureux de la serveuse (Charlotte Willoughby, dont il ignore tout, jusqu’à son nom). Et c’est elle qu’il épousera, contrairement au désir de sa mère Emma qui espérait le voir jeter son dévolu sur Helen (ce qui pour le coup changera totalement le destin de cette dernière …)
Donald Ray Pollock nous conte de 1945 à 1965 dans une Amérique profonde, les « pérégrinations » (c’est un faible mot !) des principaux protagonistes qui n’ont franchement pas tiré « le ticket gagnant de la tombola » ! … La route est sinueuse, jonchée de cadavres et de rencontres plus glauques les unes que les autres … Un récit très noir où nous allons parcourir un petit bout de chemin avec une flopée de personnages (Lenora, fille d’Helen et de Roy, l’horrible cousin Théodore, l’avocat véreux Henry Dunlap, Sandy, Carl, j’en passe et des meilleurs …) qui vont se croiser et influer sur le destin des uns et des autres.
Et tout ça donne un récit pessimiste et déprimant au possible ! Mais il faut le reconnaitre, c’est incontestablement bien écrit, ingénieusement construit et ça nous tient sacrément en haleine ! Parce qu’on se laisse prendre au jeu et que l’on a – malgré tout – l’ultime et improbable espoir que le soleil finisse par briller !
Amis de l'idéal américain, et de la réussite à l'américaine, passez votre chemin car avec ce récit de Donad Ray Pollock, le bateau va sérieusement tanguer....
Ici la violence, l'aveuglement, la crasse, la compromission et la bétîse crade sont le quotidien volontaire ou nom des anti-héros dont le procureur Pollock dresse le portrait. Une succession de portraits très "wasp", de cette catégorie dont le KKK ou les fameux conservateurs des "tea party" se nourrissent et sur lesquelles ils s'appuient.
Tout cela au nom de la religion catholique pratiquée à un niveau zéro mais intensif. SI tu as vécu dans la crainte d'un dieu tout puissant et dans le sang, ton âme est définitivement corrompue.... Tu as connu le sang, la violence, c'est dans tes gènes et tu succomberas ou reconduiras la violence.Récits de destins sordides entre l'Ohio et la Virginie - Occidentale qui, à l'issue de ce livre verront leur route se croiser et devront alors payer une addition parfois fort lourde.
Une performance d'auteur que de rendre de manière aussi crue des personnages aussi antipathiques que deux illuminés prédicateurs escrocs et meurtriers par bétîse, un couple de tueurs d'auto stoppeurs en série, un shériff corrompu et puis Arvin, le seul que l'on voudrait voir sauver.
Aucun de ceux - là ne mérite un quelconque apitoiement hormis ce dernier, né de l'amour de Willard et Charlotte, il va connaître, encore enfant, la douleur de son père de voir son amour s'éteindre du cancer malgré toute sa foi et les excés que celle - ci lui fait commettre. Mais avec Pollock l'espoir et les moments de bonheur sont courts mais l'écriture est belle et le trait acéré.
Un beau moment de lecture.
En Ohio, aucune once de lumière
*
Difficile de venir après la bataille, une fois que tout a déjà été dit.
Comme la majorité d'entre vous, j'ai été mis K-O, mise sur le carreau.
Choquée, subjuguée, oppressée, malmenée aussi ! Si ce roman était un objet vivant, sûr qu'il m'aurait donné un uppercut dans le visage !
Longtemps posé sur mon étagère, longtemps nargué avec son titre dérangeant, heureusement un bienheureux lecteur (Taganga2000) me l'a fait sortir d'entre les livres dormants.
Une fois ouvert, impossible de le lâcher. L'air de rien, ce roman m'a alpagué avec son style de "reviens-y", pas prétentieux du tout, simple tout en étant subtil dans la mise en place de la narration.
Mais quelle diablerie nous a-t-il concocté? Une noirceur comme je n'en ai rarement vu (enfin, dans les auteurs US, il y en a du "très bon", dans le genre "hardboiled" , roman noir). Cela commence drôlement mal pour finir encore plus mal. Tout ça sans l'air d'y toucher.
C'est immoral , amoral et sordide. La religion est dans tous les coins, dans presque chaque parole. Overdose garantie !
Vous voulez un peu de joie et de lumière? Alors passez votre tour, vous n'en trouverez pas ici (ou alors un peu du côté du jeune Arvin).
J'ai retrouvé le thème cher à Zola dans ses personnages des Rougon-Macquart, ce réalisme-fatalisme de la nature humaine. La facette la plus glauque en chacun de nous est révélée en pleine lumière avec la malchance en prime !
Cette cascade de douleur a dû s'arrêter, il faut reprendre son souffle et après ça lire un petit feel-good. Franchement, âmes sensibles s'abstenir m(ais bon, vous passez à côté d'une pépite, et je pèse mes mots)
Un roman superbe, profond, dense et bien noir. La satire d'une Amérique Étasunienne profonde, conservationniste, religieusement extrémiste. Le diable, tout le temps, car le péché y est omniprésent. La noirceur de l'âme dans toute sa splendeur, dans toute son hypocrisie. Ici, pas de second rôle. Chaque personnage est divinement travaillé, et réservé à un destin pas très lumineux si je puis dire. Rien à jeter. J'ai adoré cette histoire dans sa totalité.
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