Le dernier roman d'Angélique Villeneuve, éditions Grasset
Le dernier roman d'Angélique Villeneuve, éditions Grasset
Une écriture fine et ciselée, comme à son habitude, Angélique Villeneuve nous embarque dans la tête et le corps d'Henni, cette petite fille de 8 ans traumatisée par un monde adulte sauvage et brutal, mais dont la force d'esprit la pousse à surmonter l'horreur en s'inventant un monde meilleur. Trop de douleur, trop de solitude, trop de tout, encore un roman bouleversant à l'image de son auteur, que j'ai eu la chance de côtoyer par deux fois. Que ce soit en littérature jeunesse ou roman sensible, Angélique Villeneuve nous emporte loin, très loin, et c'est chaque fois une émotion et un plaisir immense.
En rangeant la maison de sa grand-mère récemment décédée, Cécile trouve d'anciennes cartes postales d'un certain Pierre, de Montauban.
Or sa grand-mère de qui elle était très proche ne lui a jamais parlé de ce Pierre, non plus qu'à la famille.
Elle mène alors son enquête et découvre un secret de famille.
Une belle histoire relationnelle entre une grand-mère et sa petite fille.
Des personnages pleins de bons sentiments, de beaux décors bretons.
Ce fut une lecture plutôt agréable.
Ce qui m'a par contre agacée, c'est que l'auteure nous redit souvent quelque chose que l'on sait déjà, comme si elle voulait être sûre qu'on a bien compris.
Henni a 8 ans et sa vie bascule brutalement avec une fuite éperdue devant un drame qui frappe sa famille, drame qu’elle ne comprend pas.
Angélique Villeneuve qui m’avait déjà régalé avec La belle lumière, m’emmène cette fois, sous Les ciels furieux, dans un village d’un pays de l’est de l’Europe. Des brigands surgissent subitement dans la maison de cette famille juive tranquille. Comme le note l’autrice, la mère « couve ou se remet de ses couvaisons », cela signifie qu’elle enchaîne les grossesses et qu’elle nourrit ses bébés avant de les confier aux plus grands.
Zelda, justement, a presque trois ans de plus que Henni et elle compte beaucoup pour sa petite sœur. À 11 ans, elle s’occupe déjà de Iossif et de Kolia, deux jolis nourrissons. Quant à Henni, la voilà toute fière de se voir confier Avrom dès qu’il a fini de téter.
Saupoudré de nombreux termes en yiddish, le récit de cette fuite dans la neige et des souvenirs ayant marqué le début de la vie de Henni m’ont profondément ému. Si Henni et Zelda ont réussi à fuir l’horreur, il y a aussi Lev, le grand frère qui vit déjà sa vie et n’a pas les meilleures fréquentations.
Pour résister au froid, tenter de conserver un peu de confiance dans la vie, Henni a trouvé un moyen original en donnant à chacun de ses doigts le nom d’un membre de sa famille. Dans les moments difficiles, elle peut ainsi se raccrocher à une personne qui lui est chère.
Pendant cette fuite qui occupe vingt-quatre heures de la vie de Henni, les souvenirs affluent et cela permet de faire plus ample connaissance avec elle, avec sa famille et avec ses voisins.
J’apprends, par exemple, que son père, Arie Sapojnik, est un homme bon qui n’est pas craint par ses enfants. Par contre, la mère est soit indifférente, soit impériale…
Au cours de ma lecture, j’ai souffert du froid avec Henni dans la briquèterie, tremblé de peur lorsqu’elle entend des hommes approcher ou voit des femmes venir piller une maison déjà visitée par des brigands.
Angélique Villeneuve, contant, de son écriture toujours délicieuse et soignée, une histoire qui paraît simple, montre un vrai sens du suspense. Elle sait aussi rendre avec beaucoup de délicatesse les pensées qui agitent l’esprit de Henni car celle-ci est à la fois tourmentée et confiante.
Angélique Villeneuve que j’avais écoutée présenter Les ciels furieux aux Correspondances de Manosque 2023, m’avait donné envie de la lire à nouveau et ce fut une lecture émouvante durant laquelle inquiétude et douleur se sont mêlées, sans négliger quelques touches de poésie.
De plus, comme Henni ne manque pas d’imagination, l’autrice livre quelques scènes assez énigmatiques donnant une touche d’irréel au roman alors qu’elle a le mérite de mettre en évidence des drames, des pogroms qui ont trop souvent bouleversé des familles entières. La plupart du temps, les criminels agissaient en toute impunité avec, souvent, un pouvoir qui favorisait leurs agissements.
Enfin, attaché aux pas de Henni sous Les ciels furieux et de sa lutte pour la vie, j’aimerais tant lire la suite… Peut-être qu’Angélique Villeneuve…
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/03/angelique-villeneuve-les-ciels-furieux.html
Eh bien voilà, tardivement je découvre Angélique Villeneuve.. qui publie depuis 20 ans au moins et que je n'ai jamais lue auparavant. Beaucoup de retard à rattraper !!
ce livre vous saisit à la première ligne et ne vous quitte aps des jours après que vous ayez reposé le livre.. entre temps vous ne l'avez pas lâché, enfin si parfois pour respirer, relire une phrase, craindre le pire et caresser doucement cette petite Henni dont l'Histoire vient de s'emparer et de saccager la vie.
Un pogrom dont le nom n'est jamais prononcé mais rendu de façon magistrale à hauteur d'enfant « les hommes sont aussi entrés dans ses yeux » dans un shtetl d'un pays de l'Est non spécifié, en pleine campagne où l'atmosphère s'est alourdie récemment. Une vie simple dans un coin simple au cœur d'une famille simple composée des parents et d’enfants nombreux et tellement rapprochés que la mère semble « couver » tout le temps et que les bébés sont ainsi répartis entre les deux fillettes âgées de 8 et 12 ans qui s'en occupent jour et nuit.
Crimes, violence, sang, course effrénée, cachette, silence et peur, peur immense que cela recommence, que cela dure. Planqués à 3, puis à deux, puis seule, Henni se retrouve face à l'impensable, l’innommable, l'inimaginable : avoir à survivre sans vraiment savoir qui craindre, qui rejoindre, ni surtout comment.
Sa tête pense toute seule et l’accompagne, souvenirs, imagination, bribes de vie d'avant, les petits frères, le « sien », c'est beau, poétique, sublime parfois et l'horreur à chaque coin du bois !
Des « je » , des « on » les mots s’enchaînent comme les idées qui lui passent par la tête pour combler le manque de sa famille, de sécurité, de nourriture, de tout et vous devenez plus que spectateur, vous avez envie de l'aider sans savoir comment lui venir au secours.
Un livre qui va vous rester en tête longtemps si vous le choisissez !
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