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Les romans inclassables de la rentrée littéraire d'hiver

Hors des sentiers battus, des ouvrages étonnants pour assouvir votre soif de découvertes

Les romans inclassables de la rentrée littéraire d'hiver

Avez-vous déjà eu le sentiment de vous trouver face à un roman-ovni ? Un ouvrage inclassable dont l’originalité vous procure une multitude d’émotions différentes ?

La rentrée de janvier est l’occasion parfaite pour faire le point sur ces curieux romans – de littérature dite « blanche », à retrouver dans les librairies depuis peu. En voici une sélection.

 

 

Couverture du livre « Théodore » de Laurent Laviolette aux éditions Herve Chopin

Pour la débuter, que diriez-vous de traverser les âges avec le premier roman de Laurent Laviolette ? Théodore (éditions Hervé Chopin) a le don de construire un antihéros inoubliable. Le personnage éponyme naît en 1871 tandis que le palais des Tuileries voit des barricades s’embraser lors des événements de la Commune. Le nourrisson perd ses parents tragiquement tandis qu’il est recueilli par son oncle Anselme et sa femme Irina. Cet incident l’élèvera socialement, évoluant ainsi dans la bourgeoisie du XIXe siècle.

Rapidement, Théodore devient féru de livres, de peinture et maîtrise parfaitement plus de quatre langues tout en cultivant un esprit particulièrement cynique. Une recherche de perfection qui jure avec son physique disgracieux, lui qui est atteint de neuropathie aigüe. Le jeune garçon n’a pourtant pas que cette particularité, car obsédé par la notion d’éternité, il peut s’emparer de l’âme de ceux qu’il aime. Des cabinets ministériels à l’élaboration de ce premier roman, Laurent Laviolette offre à son lecteur une immense fresque historique dans laquelle il voyage dans le temps au gré de ses envies, rencontrant ça et là de grands hommes tout en arborant des questionnements philosophiques passionnants. Une réussite.

 

 

Couverture du livre « Les filles du chasseur d'ours » de Anneli Jordahl aux éditions L'observatoire L’écrivaine suédoise Anneli Jordahl s’inscrit quant à elle dans l’univers de Rudyard Kipling avec non pas un enfant en pleine nature, mais sept. Les Filles du chasseur d’ours (éditions de l’Observatoire) est désormais son premier ouvrage vendu internationalement. La narratrice est, depuis longtemps, fascinée par un groupe de jeunes filles vendant champignons, dépouilles de bêtes, ou encore bûches de bois sur les étals du marché de cette ville nichée en Finlande. Elles sont reconnaissables avec leur veste dont le dos est orné d’un œil de fauve, leur chevelure indomptable de couleur auburn, leur regard sauvage et leur attitude hors des codes. Les hommes les sexualisent, déjà devenues à leurs yeux le fruit d’un fantasme. Malgré leur jeune âge, elles braconnent, se battent et passent d’étranges rites d’initiation au cœur de cette forêt que tout dissimule. Le roman jongle entre plusieurs genres, passant de la fiction au conte, il construit un pont entre les légendes ancestrales scandinaves et notre époque moderne tout en déconstruisant nos codes du réel et de l’irréel. Difficile de rester indifférent en lisant Les Filles du chasseur d’ours, qui nous semble aussi familier qu’étranger, c’est bien là son plus grand charme.

 

Couverture du livre « Une si moderne solitude » de Lena Pontgelard aux éditions Les Editions Du Panseur Avouez que vous n’imagineriez jamais ressentir de l’empathie pour des kidnappeurs d’enfants, n’est-ce pas ? Une si moderne solitude (éditions du Panseur), premier roman de Léna Pontgelard, pourrait bien changer cette donne… Après une fausse-couche, Marie sombre dans une grave dépression, alternant périodes maniaques et phases d’obsession pour « ce qui ne bouge pas ». Pour panser cette douleur, fabriquer une poupée à l’effigie du petit Amande semble être un bon début. Toutes les caractéristiques physiques de l’enfant doivent y être, un peu d’elle, un peu de Léon, son conjoint. De son côté, il élabore des listes de traits de caractère ou encore sa couleur d’iris préférée. Mais pourquoi jouer à la poupée quand on pourrait essayer avec un enfant, un vrai, comme on garderait un peu le chien des voisins partis en vacances ? La primo-romancière explore avec brio le chaos engendré par le deuil en illustrant deux personnages aussi fous qu’attachants. Le récit met parfaitement en valeur un humour très décalé tout en s’attaquant aux remous internes provoqués par la perte. Il faut être armé d’un second degré solide, mais cela en vaut amplement le détour.

 

Couverture du livre « Trop humain » de Anne Delaflotte Mehdevi aux éditions Buchet Chastel

Et quand nous ne pouvons pas nous emparer d’une personne réelle, pourquoi ne pas prendre un robot ? C’est dans cette idée plutôt lumineuse et franchement originale qu’Anne Delaflotte Mehdevi nous embarque à travers son roman Trop humain (éditions Buchet Chastel). En s’inspirant d’un univers de science-fiction, l’autrice auxerroise donne vie à Tchap. Après une attaque, Monsieur Peck, un ancien parisien autrefois ingénieur, s’est payé un AVE pour l’assister. Autrement dit : un « assistant de vie électronique ». A Tharcy, il ne passait déjà pas inaperçu, vêtu de son style dandy. Alors désormais, cela fait de lui un ovni apprécié et décrié des habitants du coin.

Suzie, doyenne et tenancière du Café du Bal, noue rapidement une belle amitié avec le retraité, s’acclimatant moyennement à son humanoïde de compagnie. Ses yeux pers et sa culture sont autant de choses déstabilisantes par leur perfection. Le dialogue se crée pourtant, provoquant l’inquiétude des habitants. Que pourrait-elle raconter à Tchap ? Comment seront traitées ces informations et dans quel but ? L’écrivaine signe un récit d’anticipation qui dénote en littérature blanche par ses multiples influences littéraires et cinématographiques (amplement dans la veine d’A.I. Intelligence artificielle de Steven Spielberg !).

 

 

Couverture du livre « Bâtir le ciel » de Sarah Serre aux éditions Le Mot Et Le Reste Pour terminer cette sélection, quoi de mieux que de prendre un peu de hauteur avec Bâtir le ciel de Sarah Serre (éditions Le mot et le reste) ? Ici, il faut accepter de lâcher les codes de la vraisemblance et se laisser aller vers un paysage nouveau, au creux duquel nous ne comprendrons peut-être pas tout dès le départ. Une jeune femme décide de partir pour rejoindre l’Ile, une cité en pleine construction dont la dynamique fait déjà des envieux. Après avoir passé l’épreuve de l’Ascension pour y parvenir, elle intègre une génération de Bâtisseurs puis le groupe des Sculptrices. Ici, elle imagine trouver un sens à sa vie, lui donner une direction définitive tout en espérant également déchiffrer quelques réponses au lot de questions existentielles et philosophiques qui l’anime. A l’image moderne de la fable d’Esope du Laboureur et ses enfants, la jeune femme se perfectionne dans son domaine, faisant du travail un moteur de vie. Ceci à une différence près : l’envers du décor laisse peu à peu entrevoir d’autres vérités sur les fondations de cette cité. Sarah Serre déploie un nuancier grandeur nature orné par un univers onirique très plaisant. Un voyage immobile en toute conscience qui ne manque pas de désarçonner parfois.

 

Marie Jouvin

 

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