Hors des sentiers battus, des ouvrages étonnants pour assouvir votre soif de découvertes
Je pense que j'ai vu un peu plus dans ce type que toi sur les filles ! Mais je comprends ton avis !
Elles sont sept, sept soeurs aux airs de sauvageonnes. Armées de leurs longues chevelures rousses, de leurs muscles saillants, leurs gestes brusques et joyeuses grossièretés, elles viennent vendre leurs peaux de bêtes au marché. Elles dansent aussi, ivres et flamboyantes, au milieu des hommes qui les sifflent. A part ça, personne ne sait vraiment qui elles sont. Ce sont les filles du chasseur d'ours. On raconte qu'elles passent leurs jour- nées à braconner et à se battre, quand elles ne sont pas en train de se baigner dans une rivière au clair de lune...
Pourtant, se profile derrière ces renardes échevelées un récit à nul autre pareil. Une nuit, leur père ne revient pas de la chasse, et les sept filles se retrouvent livrées à elles-mêmes. La forêt, lorsqu'on n'est qu'une bande de gamines jouant aux dures, a des rites d'initiation bien brutaux. La faim et le froid ne sont que peu de choses quand les rapports de force et la violence entrent en jeu - et que la renarde devient louve.
Anneli Jordahl dépeint les aventures homériques de sept filles féroces et intrépides et à travers elles la Finlande contempo- raine et ses légendes. Un conte féministe venimeux.
Hors des sentiers battus, des ouvrages étonnants pour assouvir votre soif de découvertes
Lecture addictive, roman inclassable.
L’histoire de sept sauvageonnes dans la forêt finlandaise.
Un véritable clan, et même une meute. Sauvages, rebelles, ivrognes, grossières, sales… Elles se battent facilement, d’abord entre elles et ensuite contre quiconque ne leur revient pas. Livrées à elles-mêmes dès leur naissance.
Sept personnalités bien marquées. A première vue, cela peut paraître caricatural mais chacune s’inscrit dans une logique et un historique bien précis.
Johanna, l’ainée a 20 ans, Tania et Aune sont jumelles ainsi que Tiina et Laura, viennent ensuite Simone, puis Elga, la plus jeune, toujours en opposition avec Johanna.
Heikki, le père est d’abord et avant tout un chasseur. Sa cible favorite : l’ours.
Il ne revient à la cabane que pour manger, dormir, faire un enfant à sa femme et surtout se faire aduler par ses filles. Elles font cercle autour de lui quand il rentre, et il leur assène des sentences à l’emporte-pièces contre le « système », et contre les hommes ( les mâles).
Un modèle d’égoïsme, de brutalité et de primarité, un comportement que l’ainée, Johanna reproduira avec ses sœurs.
Louhi, la mère, a toute la charge de la famille, de la maison et de la ferme. Elle est exclue du cercle père-filles et se sent détestée et méprisée par ses filles.
Quand ils meurent dans des conditions dramatiques, c’est Johanna, la Cheffe qui entraîne et dirige les autres en pleine forêt. Forte de son âge, de sa stature imposante, et surtout de sa proximité avec le père, chasseur d’ours et mort en chassant…
Elle fait régner la terreur parmi les quatre sœurs plus jeunes et plus faibles : Aune qui « vit dans sa tête et passe son temps à se raconter des histoires » ; Laura qui « zigzague en solitaire sur les sentiers, à sa façon myope et somnambule. (…) Elle a un rapport spécial avec les sapins, à croire que ses véritables parents, ce sont eux. » ; et Elga, la plus jeune, toujours en opposition avec Johanna et qui ne se gêne pas pour lui faire savoir « avec son arrogance prépubertaire insupportable. Et ainsi, entre l’ainée et la petite dernière, c’est hostilité et tumulte en permanence. » Elga, c’est aussi la seule qui a voulu avec détermination apprendre à lire et à écrire.
« Ah ! J’allais oublier Simone. Elle est la seule à prendre Dieu le Père et la Bible au pied de la lettre. La seule, qui du vivant de leur mère, se confiait à elle, en cachette
Les thèmes présentés le sont avec beaucoup de force et de justesse :
- La toxicité du père sur les filles et sur la mère.
Sur les filles. Leur père est un Dieu, encore plus puissant et pesant puisque mort. Ses affirmations péremptoires et primaires, sa façon de vivre pèseront sur l’avenir des filles.
Sur Louhi, la mère.
Les lettres posthumes de la mère sont bouleversantes car elles éclairent la situation d’une réalité bien différente de celle perçue par les filles y compris les plus modérées, comme Aune, Laura et Elga.
Elles précisent aussi la réalité de la situation et sa souffrance : brutalisée par un mari primate et injustement rejetée par ses filles.
« Heikki était rarement là, et c’était un enfer de venir à bout de toute la besogne qu’il fallait abattre chaque jour, entre les gamines, les bêtes et le champ. Et impossible d’obtenir que les filles me donnent un coup de main. C’était comme si Heikki et elles avaient leur propre vie, qui était plus importante que la mienne. L’alcool. Les moteurs. La lutte. (…) C’était comme si une clôture électrifiée nous séparait, elles et moi. Nous faisions des détours pour éviter les décharges. Mes propres filles me voyaient comme un être inférieur. »
- Une réflexion passionnante sur le féminisme.
Sur le résumé de l’éditeur, il est précisé qu’il s’agit d’un conte féministe venimeux ». Je suis plutôt d’accord.
Les filles – sauf une – vont rejeter les hommes durant toute leur vie.
Féminisme fondé sur l’ignorance de l’autre, la peur, le rejet. De fait, il empêche la femme de faire librement son choix.
Un féminisme venimeux, car nuisible pour les unes comme pour les autres. Les hommes, c’est mauvais pour les filles, disait le père, tous les hommes, en termes beaucoup plus crus. Une brute qui redoutait que ses filles tombent enceintes et leur a dressé du « mâle » sa propre réalité : l’homme ne recherche que son plaisir et le prend de gré ou de force. Et en fait, Johanna va reproduire et transmettre le schéma de domination masculine.
Le féminisme pour moi, ce n’est pas le rejet de l’homme mais l’autonomie de chacun avec le respect de l’autre.
Un roman brut, percutant, dont les personnages restent bien longtemps dans la tête. Une vraie réussite !
Merci pour cette formidable découverte à :
Le divan de bibi ( Instagram)
Les éditions de l’Observatoire
https://commelaplume.blogspot.com/
Une lecture qui me laisse un peu perplexe.
Ce roman retrace l'histoire de 7 sœurs dont les caractères et les envies sont très différentes mais qui vont pourtant réussir à se créer un clan solide et autonome.
Du moins en apparence et au début. Le clan va devoir lutter pour sa survie dans un environnement assez hostile. Elles pensent pouvoir tout maîtriser et s'épanouir loin de la civilisation. Mais leur clan est aussi tres fragile. Lorsqu'elles se retrouvent délivrer de leurs parents, elles vont d'abord s'epauler avant de se rendre compte que la lutte pour leur survie ne sera pas leur seul probleme. Elles vont pourtant connaître des déboires diverses et surtout se battre entre elles pour le pouvoir, la tête du clan.
Il y a de très bons passages dans ce livre mais également beaucoup de violence et de scènes dérangeantes. Ce qui m'a le plus gêné dans ma lecture, ce sont certaines longueurs répétitives qui n'apportent pas toujours des choses au récit.
Mais j'ai toutefois beaucoup aimé la finalité déconcertante du livre!
La violence pour la violence … j’ai un peu de mal avec ce type de roman qui ne m’ouvre aucune porte de réflexion mais me laisse perplexe. Déjà, je ne suis pas fan du nature writing, mais quand en plus il faut supporter des émotions négatives sur 445 pages, c’est trop et cela me paraît aussi inutile que dans "My absolute Darling" de Gabriel Tellent. Certes, on peut y voir du courage, de l’audace, une histoire qui s’inspire des contes scandinaves, mais les guerrières aux mains nues, ce n’est décidément pas pour moi.
Finlande. Sept sœurs de 12 à 20 ans, se retrouvent livrées à elles-mêmes après la mort de leur père vénéré, célèbre chasseur d'ours et de leur mère détestée, méprisée. Au lieu de se diriger vers la ville et la société, élevées dans la méfiance et la haine des administrations, du gouvernement, de l'école, elles décident de quitter la ferme familiale qui tombe en ruine et de s'enfoncer loin dans la forêt primitive, à 150km de la plus proche ville, sous la direction de leur sœur aînée. Mais leur projet de vivre en autarcie, totalement indépendantes, sans électricité, sans eau, en se nourrissant sur la nature se heurte à la réalité d'un hiver particulièrement rigoureux qui va conduire à la séparation du clan qui jusque-là était resté soudé sous la poigne violente de la sœur aînée. Chacune prend alors un chemin différent.
Ce qui m'a frappée dans ce roman, au-delà de la violence omniprésente, que ce soit celle de l'extérieur (viols, bagarres,...) ou de l'intérieur, encore plus sauvage, entre les sœurs, c'est l'absence total d'amour maternel, paternel, entre homme et femme, entre sœurs. Celles-ci n'ont pas eu d'enfance, élevées à la dure; elles boivent comme des trous et fument cigarettes sur cigarettes ou mégots sur mégots.
Très prégnantes également, les sensations olfactives provenant de la nature (humus, écorce, boue...) mais aussi des corps négligés (sueur, saleté, aisselles, pieds, sexe...) et les sensations auditives (pets, rots, grognements, ronflements...).
Ce roman est un récit féroce, cruel, très cru que j'ai lu tel un entomologiste qui observe une espèce inconnue, sans affect, sans empathie car il m'a paru assez invraisemblable, proche du conte comme il en existe tant en Finlande. Il offre une vision cauchemardesque de la famille où règne la loi du plus ou de la plus forte, où les plus faibles sont les têtes de turc des plus fortes, où les coups tiennent lieu de lien familial, où la liberté devra se gagner de haute lutte contre ses propres sœurs, en faisant éclater la cellule qu'elles formaient toutes les sept.
Je pense que j'ai vu un peu plus dans ce type que toi sur les filles ! Mais je comprends ton avis !
Un mélange de nature writing, de conte et de féminisme. Il ne m’en fallait pas plus pour aimer ce roman.
Pourtant assise dans mon canapé, j’ai ressenti la rudesse des sœurs, l’odeur des forêts finlandaises, le froid de l’hiver, le manque, la faim… Une expérience assez singulière et troublante. Une vie sauvage que l’autrice, Anneli Jordahl, dépeint à la perfection. Je quitte avec nostalgie ces grands espaces ainsi que ces femmes féroces si attachantes…
http://www.mesecritsdunjour.com/2024/03/les-filles-du-chasseur-d-ours-anneli-jordahl.html
Avec leurs tignasses flamboyantes, leurs vêtements dépenaillés, leur saleté repoussante, l'odeur épouvantable que leurs corps dégagent, elles ne semblent former qu'une seule entité.
Et pourtant...
Les filles Leskinen sont sept. Elles vivent en Finlande, pays dont les habitants sont le plus heureux.
Après la mort du père adoré suivie rapidement par celle de la mère détestée, elles sont orphelines.
Johanna, la plus âgée, s'affirme en héritière du géniteur, un légendaire chasseur d'ours qui a installé sa famille dans la forêt loin des mirages et des menaces de la civilisation.
Suivent Tania et Aune, puis Tiina et Laura, deux paires de jumelles.
Il y a ensuite Simone et, enfin, Elga, la seule qui ne ressemble pas physiquement à ses sœurs.
Conduite d'une poigne de fer par Johanna, secondée par les deux « T », les plus jeunes subissent la faim, le froid et les coups, victimes de la folie atavique et paranoïaque de l'aînée.
Pour atténuer leurs souffrances, elles s'évadent dans leurs passions secrètes : l'invention d'histoires pour Aune, le modelage pour Laura, le mysticisme pour Simone et la lecture pour Elga, bien loin des règles survivalistes édictées par Johanna dont le sens de l'organisation laisse à désirer.
Grâce à ces échappatoires, elles mettent à distance leur enfance violente privée de la connaissance qui libère et permet de devenir un adulte épanoui.
Il y a parfois de bons moments, ceux pendant lesquels le septuor écluse des litres de bière noire aussi épaisse que leur chevelure et de gnôle...
C'est une narratrice, dont on découvrira l'identité à la toute fin du livre, passionnée par ces fascinantes et énigmatiques enfants semi-sauvages, qui raconte l'histoire des filles du chasseur d'ours, dont le mythe se ternit, alors que la figure de la mère est réhabilitée.
Loin de magnifier la nature et de développer les thèses de certains écologistes extrémistes qui stigmatisent la nocivité de l'homme allant jusqu'à souhaiter sa disparition, Anneli Jordahl a construit un récit féministe et humaniste, au sens de la Renaissance, teinté d'humour noir et d'une grande originalité par sa démesure.
Une belle et singulière lecture et une ode à l'imagination.
https://papivore.net/litterature-scandinave/critique-les-filles-du-chasseur-dours-anneli-jordahl-lobservatoire/
Sept sœurs, des sauvageonnes incapables de fonctionner en société, les filles du chasseur d’ours tué par un plantigrade. Maintenant que la mère est morte elle aussi, l’heure des comptes a sonné. A présent leur survie dépend d’elles et elles seules. Elles décident de se casser dans la forêt, dans une cabane de chasse, loin du reste de l’humanité, selon l’enseignement reçu de leur père.
Dans les forêts profondes de Finlande, nous partageons le quotidien de ce clan de sept filles, semblables à une meute, violentes, grossières, bêtes parmi les bêtes. Un quotidien fait de labeur et de combats. Une lutte pour la survie mais aussi lutte de pouvoir, les plus forts ont recours à la violence contre les plus faibles, et ces dernières cherchent à s’éloigner, vers la monde où brille la lumière de l’église, de l’école et de la bibliothèque. Un conte féroce, sensuel, extravagant et cru. Un livre assez dérangeant.
Elles sont sept sœurs et elles vivent dans le nord de la Finlande. À moitié sauvageonnes, elles ont grandi en marge de la société, sans jamais aller à l’école, élevées à la dure par un père, légende locale aussi craint qu’admiré. Pour seule leçon, il leur a inculqué la règle de ne dépendre de personne, institutions ou hommes, et de se tenir à l’écart du monde. Mais quand ce dernier meurt, tué par un ours, bientôt suivi par leur mère, que de toute façon elles méprisent, elles prennent la folle décision d’aller s’établir au cœur de la forêt, à plus de 150 km de la première ville.
Récit d’une survie en milieu hostile, où les plus sauvages ne sont pas forcément ceux que l’on croit.
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Ce roman est multiple, et il s’inscrit à la fois dans le nature writing, le roman d’aventure et la fable féministe. Il emprunte à chacun des trois genres et dans chacun il excelle. À la lecture du titre, n’allez pas imaginer ces sœurs en modèle des filles du Docteur March. Elle en sont tout le contraire : sauvages, irrévérencieuses, violentes et outrancières. Dans ce gynécée, ça fume, ça picole, ça pue, et ça rote autant que ça pète. Ensemble elles forment un tout indissociable, un clan de rouquines déchaînées, unies par des liens très fort, tissés par un père quasi gourou, mais elles ont chacune leur particularité, leur singularité qui les rend finalement uniques. Et même si elles ne sont pas de prime abord très sympathiques, on finit par s’attacher à chacune d’elles, à deceler sous la cuirasse et la crasse, leurs fragilités et leurs failles.
Au final, cela tisse un roman à la fois cruel et envoûtant autant que dépaysant. Une lecture à la portée presque philosophique aussi qui interroge sur le difficile équilibre entre émancipation et conformisme, qui questionne sur la part d’individualité qui se dissout dans le groupe, autant que sur le poids des normes ou la question de la famille.
Résolument, épique et féministe en tout cas et sacrément réussi. Encore une pépite de cette belle maison d’édition
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C'est un roman qui me paraît assez clivant ce qui donne des avis assez tranchés, tous très intéressants qu'on les partage ou non.