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Un prologue dont je me dis qu’il doit servir le livre. Une mise en place ou en bouche, en quelque sorte.
L’Armistice est là en ce novembre 1918. Il y a ceux qui fêtent la fin de la guerre et ceux, le plus souvent celles qui pleurent un mari, un fils, un fiancé un père mort. « En cet après-midi du 11 novembre 1918, Paris est un lendemain de fête qui a mal tourné. »
Léonie Rivière, trente ans, journaliste est veuve. « Quand elle se regarde dans le miroir, elle voit un petit tas de larmes séchées, l’illusion d’une femme dont la chair n’est que chagrin. » Son modèle : Colette et son amie Missy. Un vent de fronde, une envie de liberté lui font abandonner le corset qui lui enserre la taille. « Avant de passer son petit tailleur de drap anglais marine rayé de gris, longue jupe portefeuille à pattes, elle ôte son corset, reste ainsi seulement en camisole et dentelles, sous la veste croisée. A s’y sentir nue. En voilà bien des audaces d’homme qu’elle n’aurait pas osées il y a encore peu. »
Elle sent dans ses entrailles le manque et lorsqu’un bel homme, un peu peuple, un peu canaille se présente… Elle fond, surtout après deux verres de Cognac. Ah ! Le vertige du plaisir retrouvé dans les bras d’Edgar !
Léonie n’en oublie pas pour autant son métier de journaliste. Elle force sa chance, surtout depuis qu’elle a fait la connaissance de Rameau, reporter photographe, ancien combattant gazé.
Un beau jour, le bel Edgar disparait non sans lui avoir laissé en garde quelques tableaux de peintres, qu’elle connait, Modigliani, Soutine… Léonie part à la recherche d’Edgar, enquête, avec Rameau, sur ces œuvres qu’elle pense fausses.
Trame simple mais ne vous y fiez pas, Michel Quint sait ferrer son lecteur. Derrière l’intrigue, il y a le décor de Paris, plus en guerre mais toujours sous-alimenté. La grippe espagnole fait des ravages, les réunions préliminaires au traité de paix signent la défaite de l’Allemagne, le Montparnasse des artistes Cocteau, Breton, Gertrude Stein, Picasso, Modigliani est en ébullition…. Léonie symbolise ces femmes qui veulent s’émanciper, s’affranchir, se libérerent, surtout après avoir été les veuves noires, celles qui remplaçaient les hommes au travail. Une très belle peinture de cette époque
Un petit bémol, la fin un peu conventionnelle, mais ce n’est rien en regard de la plongée dans la fébrilité de cette époque que Michel Quint rend si vivante.
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