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En 2014, la maison d’édition De L’Incidence a publié le principal et inachevé roman de l’autrice est-allemande Brigitte Reimann, Franziska Linkerhand. En ce début d’année, c’est avec bonheur que les Editions Métailié, avec la traduction de Françoise Toraille, publient ce titre, bien plus court que son grand roman, qui compte pas loin de huit cents pages. Brigitte Reimann a grandi en Allemagne de l’Est, elle s’y est impliquée dans la vie culturelle et sociale, elle s’est impliquée dans la vie active en tant qu’ouvrière dans une usine de charbon. Ce court roman est paru en 1963 en RDA dans sa version censurée, et c’est à un beau coup du sort, qui s’est manifesté par la découverte du manuscrit original oublié dans un placard de la maison qu’elle a habitée, que l’on doit cette primo publication en France en 2025, et avant cela, en Allemagne en 2023.
Ce roman traite de la question et la pertinence de la fuite des Allemands de l’Est vers l’ouest, à travers la fratrie Arendt, composée de la benjamine et narratrice, Élisabeth, vingt-quatre ans, le cadet Ulrich et l’aîné, Konrad. Elle est artiste-peintre, elle est également une fervente partisane du parti, fiancée à ce qui est également un fidèle partisan communiste, Joachim. Elle est proche d’Uli, à un point tel qu’aux descriptions qu’elle fait, on pourrait presque croire que c’est l’homme qu’elle s’apprête à épouser. Aussi proches qu’ils furent enfants puis adolescents, la distance entre le frère et la sœur ne cesse de croître, tant en matière de lieu d’étude qu’e dans’à travers leur conviction politique : Uli commence déjà se détacher de la propagande marxiste, éprouvant ainsi une forme de liberté de penser qu’il sait pertinemment ne pouvoir jamais bénéficier en RDA, tandis qu’il va falloir bien plus de temps à sa sœur pour, ne serait-ce, que par commencer à remettre en cause la pensée totalitaire édictée par le régime. Et ce sera peut-être son Art qui en sera l’instrument.
Cela restera toujours fascinant, pour moi, de m’immerger dans ce monde post-guerre de l’Est allemand communiste, qui n’a de démocratique que le nom, où la représentation de l’ouest est clivée entre la détestation et mépris des uns, et l’envie et le besoin de liberté des autres. Qui plus est à travers le prisme d’une fratrie divisée par des idéaux que frères et sœur ne partagent plus, alors qu’ils ont grandi ensemble, dans les mêmes conditions de vie. Afin d’observer ce qui peut influencer sur les différences de directions que leur vie prend réciproquement, et le poids de leurs opinions personnelles. Ce fut certainement une situation plus que commune dans cette moitié de pays fermé, au sein duquel les familles ont à peine eu le temps d’encaisser un désenchantement brutal de l’idéologie imposée pendant ces vingt, trente dernières années après la fin de la guerre, entre faux espoirs, perversion des valeurs socialistes qui ont tourné à l’individualisme et à la paranoïa. Et c’est l’intérêt de décortiquer, en cet espace de quelques années, les dissensions éthiques familiales, du point de vue de celle qui continue à défendre cette idéologie de tout son cœur bien à ses dépens. Et pour une fois de lire et tenter de cerner cette incompréhension du côté de celle qui veut rester.
La défaillance du système, des individus qui sortent droit de la chaîne de production de l’Allemagne communiste, ne manque pas d’apparaître dans l’évolution de cette famille, et en général dans ce littéral enfermement à l’est, dont on perçoit la brutalité sous-jacente à travers des mots utilisés tels que la « fuite » : elle en fait des individus aliénés, incapables de s’adapter à la liberté de l’ouest, faisant même naître la violence dans le couple du fils aîné et de sa femme, qui s’est perdu quelque part entre l’Allemagne de l’Est et de l’ouest. La division de la famille Arendt au sein de la fratrie est cette Allemagne divisée, une sœur et fiancée elle-même divisée entre fidélité envers son pays, son fiancé et ses parents, face à l’aspiration de ses frères vis-à-vis de l’ouest. Car Elizabeth tend aussi d’un certain coté vers cet ouest qui lui a enlevé ses frères, vers cette liberté qui semble tout de même sacrément attirante. Elizabeth se cherche encore en tant qu’artiste, et c’est aussi ce pas vers la maturation que vit la jeune femme, de par sa posture de femme et d’artiste, qui commence à se confronter aux exigences du Parti ne tolérant de ses ouvriers de l’art rien d’autre que ce réalisme socialisme borné.
Un ultime chapitre qui pose la confrontation directe entre Uli et Joachim, l’ouest et l’est, le premier qui démonte les idéaux sociaux de sa sœur, ancrée de cette utopie sensée tendre vers le bien-être général. C’est finalement une histoire de famille, celle de ces deux sœurs allemandes, de la famille Arendt, comme il y en a eu bien d’autres, et en premier au sein de la famille Reimann, du frère Lutz dont l’autrice s’est retrouvée séparée. C’est cette « tragédie des deux Allemagne » que Brigitte Reimann...
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