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«Un petit sourire, s'il vous plaît», c'est ce que disent les photographes à leurs modèles. Car il en est ainsi : quand on se fait tirer le portrait, qu'on en ait envie ou non, il faut sourire. Lorsque les photographes eux-mêmes n'ont plus envie de rire parce que la censure les empêche de publier, ils se réunissent et composent un album clandestin qu'ils nomment précisément Un petit sourire, s'il vous plaît. Max Ogorodnikov, meneur de l'entreprise, nanti d'un visa en règle, part pour Berlin, Paris, New York où, sous couleur de relations professionnelles, il fera la propagande de l'album : grand succès, celui-ci sera publié en même temps à New York en somptueuse présentation de luxe et à Moscou en quelques unités clandestines composées à la main. Ogorodnikov retourne à Moscou non seulement pour réaliser ce projet, non seulement parce qu'il est attaché à sa terre, mais aussi parce qu'il a vu ce qu'était la vie des émigrants : intrigues, inadaptation, misère des uns, réussite douteuse des autres, désintérêt du pays d'accueil. Son retour est marqué par les tracasseries, puis les provocations, puis les tentatives d'assassinat du KGB, dont seul le sauvera un miracle : la venue de l'Homme Bon présent dans presque toute l'oeuvre axionovienne, ici un Ange photographe qui réunit en une fois toute la population d'URSS sur la Place Rouge (250 millions d'âmes), comme ça, pour qu'elle fraternise. Axionov joue de toute sa verve, tour à tour ironique, paillarde, rabelaisienne (ô combien !), jonglant avec les mots et les images, promenant en tout lieu sa rage et son «petit sourire».
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