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Lodz, 1941. Chaïm Rumkowski prétend sauver son peuple en transformant le ghetto en un vaste atelier industriel au service du Reich. Mais dans les caves, les greniers, éclosent imprimeries et radios clandestines, les enfants soustraits aux convois de la mort se dérobent derrière les doubles cloisons... Et parmi eux Alter, un gamin de douze ans, qui dans sa quête obstinée pour la vie refuse de porter l'étoile. Avec la vivacité d'un chat, il se faufile dans les moindres recoins du ghetto, jusqu'aux coulisses du théâtre de marionnettes où l'on continue à chanter en sourdine, à jouer la comédie, à conter mille histoires d'évasion.
Hubert Haddad fait resurgir tout un monde sacrifié, où la vie tragique du ghetto vibre des refrains yiddish. Comme un chant de résistance éperdu. Et c'est un prodige.
Après le décès de leur mère lors de l'entrée des allemands en territoire tchèque en fin d'été 1939, les jumeaux Ariel et Alter ont été séparés.
Alter fuit le schetl de Mirlek, est recueilli temporairement dans un orphelinat, où il est renommé Jan-Matheusza.
Obligé de s'enfuir, il se retrouve au cœur du ghetto de Lodz, où il survit, abrité dans des caveaux du cimetière.
Il rencontre Maître Azoï, un drôle de marionnettiste qui a conservé un minuscule théâtre, où il joue des représentations classiques ou nouvelles inspirées de la vie quotidienne qu'il magnifie.
Car Lodz, n'est pas un ghetto comme les autres. sous la houlette de Chaïm Rumkowski et de son utopique royaume du judenrat, Lodz veut devenir le premier centre industriel du troisième Reich en mettant la population au travail avec pour salaire, l'espoir d'une vie sauve.
Sans pathos excessif, Hubert Haddad raconte cette vie quotidienne du ghetto, les rapines, le froid et l'espoir qui étreint les habitants du ghetto.
Un roman de la rentrée littéraire 2019 qui a mis du temps à passer entre mes mains.
Une belle écriture pour un sujet rebattu, mais qui apparaît sous un nouveau jour grâce à la plume d'Hubert Haddad.
En Pologne, des jumeaux Ariel et Alter, peu après leur naissance ont été recueillis et hébergés par Warshauer, un oncle forgeron qui leur assure le gîte et de quoi ne pas mourir de faim. Ils vivent avec leur jeune mère dans le misérable shetl de Mirlek. Fin 1939, des automitrailleuses traversent le shetl et Alter assiste au massacre de son frère et des autres membres de la famille. Le cauchemar a débuté et notre jeune garçon va fuir et se retrouver au ghetto de Lodz.
Avec Un monstre et un chaos, c'est donc la vie de ce ghetto en 1941 que Hubert Haddad fait revivre, ghetto que Chaïm Rumkowski, pour sauver son peuple, transforme en un vaste atelier industriel au service du Reich, convaincu que la productivité des juifs assurera leur survie.
Tout au long de ce livre, nous suivons notre jeune héros et la résistance mise en place vainement pour survivre.
Si le héros est fictif, le contexte dans lequel il évolue a bien existé et Chaïm Rumkowski, ce personnage très controversé a bel et bien existé et cet ancrage dans la réalité, est, à mon avis, tout ce qui donne sa force à ce roman.
En épilogue, l'auteur s'exprime ainsi : "Comment la vieille Europe a-t-elle pu se trouver prise en otage et mise à mal abominablement au siècle dernier ? Oubliera-t-on jamais les mille et cent, les millions d'enfants du ghetto qui parlaient yiddish, cet esperanto d'exil où les langues allemande et hébraïque s'éprennent l'une de l'autre, mêlées d'apports slaves et d'intonations latines. Les mille et cent, les millions d'enfants furent on le sait exterminés et le yiddish s'est éteint dans leurs cendres comme une braise, avec les plus beaux chants. Comment est-il possible que le spectre de l'antisémitisme, marqué du sceau génocidaire, revienne nous hanter aujourd'hui un peu partout en Europe et dans le monde ?"
En conclusion et pour résumer ce livre noir mais ô combien salutaire pour espérer que l'on ne vive plus jamais ça, je citerai la dernière phrase du roman :
"Disons tout bonnement que l'homme, privé de simple humanité, n'est qu'un monstre et un chaos."
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Sans doute l'un des textes les plus littéraires qui m'a été donné de lire depuis longtemps. L'écriture est soignée à l'extrême, exigeante, et si l'on perd peut-être en fluidité, on gagne en élégance, en classicisme et en intelligence. L'auteur m'a parfois un peu perdu mais uniquement par mon ignorance du yiddish. Les multiples références et mots non traduits ont rendu certains passages ardus et pourtant je remercie l'auteur de les avoir laissé tels quels, de ne pas m'avoir pris pour une idiote à qui il faudrait tout expliquer.
Voici l'histoire tragique du ghetto de Lodz durant la Deuxième guerre mondiale et l'histoire d'Alter, jeune garçon juif d'une dizaine d'année, orphelin, que l'on va suivre depuis Mirlek, qu'il quitte après le massacre de son frère jumeau et de sa famille par la Wehrmacht jusqu'à Lodz. Hubert Haddad mêle la petite et la grande histoire et rend un magnifique hommage à la culture yiddish.
« Un monstre et un chaos » n'est pas un énième roman sur la Shoah et sur cette période de l'histoire, c'est une ode à un monde perdu, c'est un engagement à la résistance.
Alter , gamin d une bourgade juive de Pologne, se retrouve seul quand les soldats du Reich envahissent le pays. les survivants sont parqués dans des ghettos mais l enfant de 12 ans ne met jamais l étoile jaune. Il arrive a se faufiler et se fait appeler jan. Pendant ce temps, le riche chaim Rumkoswki negocie avec les nazis, l industriel leur propose la redemption de son peuple par un travail intensif au service du fuhrer! a ses pairs, il rappelle que c est la seule façon de sauve leur peau . Huberft Haddad , l auteur aux 80 livres s empare de monstres tristement reels pour conter la culture yiddish et cette double peine qu ont subie les juifs
sortie de l endoctrinement , un chemin a trouver qui résonne dans l époque actuelle
« Nous étions des jumeaux sans miroir. Lui s’appelait Ariel, le « lion de Dieu », l’archange, et moi Alter, le déjà-vieux-avant de naitre, le maladif dont on bénit le souffle. »
Les jumeaux, anges blonds, vivent pauvrement avec Shaena dans le shtetl de Mirlek. Mais voilà que l’horreur les rattrape et, seul survivant, Alter va errer sur les routes où fuient les juifs. Il a oublié son nom, et, recueilli dans un orphelinat, il sera rebaptisé. Il va s’enfuir, se perdre dans ce chaos où règne un monstre haineux et assoiffé de sang. Il va perdre son identité, est-il Ariel ? Alter ? ou bien Jan Matheusza ? Est-il seulement vivant ?
L’enfant va se retrouver enfermé dans le Ghetto de Lodz avec des milliers de juifs acculés. Il trouvera refuge chez un marionnettiste. Dans le ghetto, la survie est rude mais on vient se divertir et on rit aux histoires de Maitre Azoï, on rit pour oublier un temps la faim et la peur. Alter va sculpter son double, une marionnette de grand et aille qu’il va exhiber sur la scène du théâtre Fantazior. Dans les caves du théâtre, on peut se sentir à l’abri tandis que règne le chaos dans les rues du ghetto et que s’accélèrent les déportations vers les camps de travail. Accompagné de son double, son frère chéri que la mort lui a ravi, Alter va survivre à l’horreur grâce à ce dédoublement, étant tout à la fois Ariel et Alter.
Tout au long de ce roman d’une violence profonde, Hubert Haddad mêle fiction et réalité. Ainsi le lecteur croise Chaïm Rumkowski, âme damnée des nazis, ignoble marchand de chair humaine qui ne pense qu’à préserver ses privilèges. Ce personnage n’est pas fictif et son ignominie trop réelle, hélas, s’étale sur les pages du roman.
« Rumkowski régentait en despote le Ghetto Lizmannstadt qu’il considérait, pour son renom exclusif, comme le seul territoire autonome juif d’Europe »
On rencontre aussi un photographe, Henryk Ross, qui a réellement existé et dont les clichés de la vie du ghetto sont autant de témoignages poignants.
Dans une ville de fin du monde, au milieu du chaos et de la terreur, Hubert Haddad nous raconte l’histoire d’un peuple opprimé, affamé, décimé par la maladie, écrasé de travail, privé de sa religion et de spectacles, mais qui ne se soumet pas et résiste.
Ce roman puissant, traversé par le souffle de l’histoire, est porté par une écriture vive, implacable et humaniste.
Un roman magnifique qui m’a bouleversée et que j’ai eu plaisir à lire.
Je suis très étonnée qu'en cette rentrée littéraire on ne parle que si peu de ce formidable roman au titre puissant. Un monstre et un chaos, c'est pour Pascal ce que devient l'homme pour l'homme lorsque l'éthique s'effondre sous les coups de la barbarie, il n'est même que cela.
C'est l'histoire tragique du ghetto de Lodz durant la Deuxième guerre mondiale, le 2ème plus grand derrière celui de Varsovie ( lui aussi récemment exploré par l'excellent Ghetto intérieur de Santiago Amigorena ).
C'est aussi l'histoire d'Alter, jeune garçon juif d'une dizaine d'année, orphelin, que l'on suit de son shetl de Mirlek, rongé par la misère et les pogroms, au ghetto de Lodz, après le massacre de son frère jumeau et toute sa famille par la Wehrmacht en septembre 1939. C'est son regard d'enfant qui va transcender tout le récit.
Tout le talent de Hubert Haddad est de parvenir à conjuguer la petite histoire d'un orphelin à la grande histoire sans lourdeur, mais avec brio et fantaisie. Dans l'immensité de la Shoah, il a réussi à dégotter un personnage absolument insensé et qui pourtant a réellement existé : Chaïm Rumkovski, le doyen du Conseil juif de Lodz, homme d'affaires, aventurier et directeur d'orphelinat, qui va diriger ce ghetto de plus de 100.000 personnes et surtout « collaborer » avec les Nazis autour d'un projet dingue : faire du ghetto un centre industriel ! Une centaine d'usines se mettent en place, fabriquant textiles et jouets pour le IIIème Reich en échange de nourriture, quelques jours de survie, quelques semaines, quelques mois de plus ... Au final, le ghetto sera liquidé, ses habitants tous déportés, y compris son roi ... qui a fait durer son royaume deux ans de plus que celui de Varsovie.
Ce récit est passionnant et de façon très impressionnante, bien loin du compte-rendu historique classique grâce à la magnifique écriture de l'auteur. Il n'y a pas une page où sa vivacité n'éclate, comme lorsqu'il décrit le fameux Chaïm Rumkovski :
« Habile postulant au-devant de la scène, harnaché en privé d'un lourd collier d'argent avec bouclier de David du même métal en suspensoir sur sa robe de chambre royale, ce second rôle encombrant illustrait à ses yeux tous les travers de la servilité arrogante. Vieux grison corpulent, l'air immensément satisfait de sa personne entre deux coups d'oeil craintifs vers les si proches confins de sa conscience, une mise soignée de rabbi de cimetière enrichi par on ne sait quelle manne en petite monnaie, le personnage fait penser tour à tour à al doublure d'opérette d'un Philippe Pétain en marzalek levantin ou à quelque pseudo-Falstaff sentencieux. »
Le lecteur est emporté dans ce tourbillon romanesque qui jamais ne sombre dans le pathos malgré l'horreur. Au contraire. Tant qu'il y a du vivant, il y a de la vie. le ghetto bruisse de musique, de théâtre, d'animation de bateleurs et de chansonniers. le jeune Alter crée même une spectacle de marionnette en faisant ainsi revivre son jumeau disparu. Même au seuil de l'anéantissement, les vivants sont portés par l'imaginaire, même affamés, leur cerveau parvient à s'évader, plus que jamais. Le lyrisme et la poésie du texte croissent à mesure que le drame s'accentue. C'est toute la résistance de l'esprit humaine qui est magnifiquement mise en avant, tout le roman se fait alors célébration de l'art comme pulsion de vie.
Dans cet équilibre de funambule, Hubert Haddad a l'élégance de ne jamais faire basculer son récit dans le pathos. L'émotion surgit au contraire avec subtilité, au détours d'un détail, d'une description, d'une pensée d'enfant qui porte toute l'humanité du monde, d'autant plus bouleversante.
Ce roman tragique est miraculeusement lumineux, à l'image de ces mots en yiddish que l'auteur ne traduit jamais ( ni en bas de pages, ni dans un lexique postface ) mais qui sont universellement compréhensibles par la musicalité qu'ils portent.
Hubert Haddad revisite l’histoire du Ghetto de Lodz en suivant la destinée d’un gamin qui a trouvé refuge dans le théâtre de marionnettes… qui cache encore bien des secrets.
Si les livres d’Histoire parlent surtout du ghetto de Varsovie, le premier et le plus important fut celui de Lodz. Hubert Haddad nous retrace sa destinée dans ce somptueux roman, en choisissant de suivre un enfant qui y a trouvé refuge.
Tout commence avec les premières attaques allemandes en Pologne qui, rappelons-le, se déroulent sans déclaration de guerre formelle dès septembre 1939. Les bombes qui s’abattent sur le pays vont faire de nombreuses victimes civiles et arracher Alter à tous les membres de sa famille, y compris sa mère et son frère jumeau Ariel qui avaient réussi à échapper aux premiers massacres. À dix ans, il se retrouve seul, confronté à cette guerre, à la faim, au froid. Son errance va prendre fin à Łowicz où il est arrêté et consigné dans une forteresse. Ne disposant pas de papiers, il est enregistré sous l’identité de Jan-Matheusza, un patronyme électif qu’il conservera après son évasion et son arrivée à Lodz où il trouve refuge dans le ghetto dirigé par Chaïm Rumkowski.
Le «Seigneur du ghetto» voit dans le travail le salut de la communauté juive, reprenant à son compte l’inscription au fronton du camp de concentration d’Auschwitz «Arbeit macht frei» (le travail rend libre). Et de fait, le ghetto va se transformer en centre de production très performant fournissant l’armée allemande.
Hubert Haddad raconte et détaille sans juger, ce qui rend son récit à la fois très fort et très dérangeant. Peut-on comprendre ces milliers de personnes qui travaillent jusqu’à l’épuisement pour leurs bourreaux? Le matériel produit n’aide-t-il pas l’armée allemande dans la réalisation de la solution finale? Et surtout comment aurions-nous réagi? Comment conserver un peu d’espoir face aux exactions, exécutions sommaires et épidémies qui accompagnent la population du ghetto?
Pour Maître Azoï, le marionnettiste qui a conservé un minuscule théâtre «coincé entre un atelier de chapellerie et une manufacture de textiles non tissés» la réponse s’appelle la culture. Il résiste en montant des spectacles, en imprimant un journal clandestin, en agitant ses marionnettes, aidé en cela par Jan-Matheusza qui en quelques jours apprend à maitriser parfaitement la manipulation de son personnage. Une poupée qui lui permet de faire revivre son frère jumeau, à qui il peut se permettre de faire dire des choses, de faire passer des messages, voire de provoquer l’occupant.
Un occupant qui, au fur et à mesure de l’avancée du conflit, va se monter plus exigeant, plus nerveux, plus imprévisible… L’innommable, l’insoutenable est ici transcendé par la langue, comme c’était le cas avec «La plus précieuse des marchandises», le conte de Jean-Claude Grumberg. Hubert Haddad, dont le sens de la narration n’est plus à prouver, nous bouleverse avec cette écriture pleine de poésie et une force d’évocation peu commune. À la fois hommage au frère perdu, tableau saisissant de cette histoire du ghetto de Lodz et manifeste pour la création artistique, ce roman nous rappelle aussi à notre devoir de mémoire. Et espérer donner tort à l’exergue glaçant de Primo Lévi «c’est arrivé, cela peut donc arriver de nouveau».
https://urlz.fr/bb6R
Ce roman aurait pu être un énième roman d'un garçon pendant la guerre. Mais il y a la patte Hubert Haddad qui change tout. D'une part il place son héros fictif dans un contexte réel -Chaïm Rumkowski et comparses ont réellement existé- et apporte donc des éléments d'une terrible réalité inconnue ou oubliée. Pour ma part, j'avoue que je connaissais un peu le ghetto de Varsovie, mais pas celui de Lodz, et comme savent ceux qui me lisent régulièrement, j'aime beaucoup les romans qui sont ancrés dans un contexte réel, ils m'apportent beaucoup sur la connaissance de faits historiques et me sont souvent plus faciles à lire que des essais. D'autre part, Hubert Haddad use d'une langue particulièrement gracieuse et élégante. Les tournures de phrases dans lesquelles peuvent cohabiter la plus belle nature et la vision la plus terrible montrent combien cette guerre fut cruelle, terrible : "A moins de cent mètres, deux camions militaires s'étaient rangés le long d'un mur de cimetière, sur le bas-côté d'une route perdue au milieu des chaumes du plus bel ocre visités par des nuées de freux et de sansonnets. Des soldats bottés et casqués, fusil en bandoulière, descendirent du second véhicule et firent descendre à coup de crosse des jeunes gens du premier, garçons et filles, les mains ligotées dans le dos." (p. 64)
Je pourrais prendre n'importe quelle page de ce somptueux roman pour citer une phrase qui touche, émeut, par son contenu et/ou sa construction. L'écriture nécessite parfois de prendre son temps pour ne pas se perdre, on peut se laisser bercer par le plaisir des mots sans chercher à en saisir le sens et il faut donc y revenir parce que l'histoire du ghetto et d'Alter est importante et passionnante.
Fidèle à son oeuvre déjà remarquable, Hubert Haddad écrit là un roman fort et touchant, instructif, avec des personnages -je ne parle évidemment pas des bourreaux- d'une grande humanité. Sans doute, je l'espère, l'un des romans marquants et remarqués de cette rentrée.
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