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Paru en 1969, Un locataire est un pilier littéraire et politique de l'Histoire islandaise. Un couple islandais accepte l'intrusion d'un locataire étranger dans leur petit appartement, afin de pouvoir payer les traites de la maison qu'ils font construire. L'équilibre se rompt, un huis clos silencieux et très théâtral se met alors en place, qui glisse imperceptiblement vers le fantastique. Tiraillée entre l'agacement qu'elle ressent devant l'invasion de son appartement et la peur du qu'en dira-t-on, la maîtresse de maison s'étouffe dans une timidité polie et s'écrase devant l'importun, le laissant peu à peu prendre possession des lieux tandis que le mari se fond mollement aux exigences des deux autres protagonistes. En ne donnant ni noms, ni souvenirs à ses personnages, et en s'attachant aux détails de la vie quotidienne et aux moindres gestes de chacun d'entre eux, l'écrivain donne une aura universelle à son texte, portrait de la société islandaise de l'époque. La femme, cantonnée au territoire domestique, dépendante de son mari et du regard des autres, s'évertue avant toute chose à plaire et servir sans éveiller les soupçons, la malveillance et la jalousie.
Ce roman est suivi d'une courte nouvelle. Une histoire pour enfants met en scène une mère qui, prête à tout pour céder aux caprices de ses enfants, les autorise à retirer son cerveau de sa boîte crânienne. Le ton de ce récit n'est ni vraiment cynique, ni vraiment humoristique. Il dit plutôt, sur un mode grotesque, le désespoir discret de ces femmes au foyer, dont le bonheur illusoire est le premier pilier de leur solitude.
Quel livre étrange. le récit d'une femme qui nous décrit l'arrivée d'un étrange locataire dans son appartement. Elle loue cet appartement avec son mari, elle est une femme au foyer et un jour, un homme arrive et s'installe dans le couloir de l'entrée. C'est le locataire, du titre de ce roman.
Nous sommes dans une ville islandaise, le texte ne nous donne quasiment aucune indication de date. L'auteure nous parle de la vie quotidienne de cette femme dans son appartement, l'entretien de son intérieur, les courses et les relations avec les voisins qu'elle croise à l'épicerie et dont elle est assez sensible des commentaires. Son mari rentre tous les soirs du travail et ils parlent alors de l'évolution de la construction de la maison qu'ils sont en train de faire construire. Mais justement ces travaux n'avancent pas trop.
Ce tiers qui va s'immiscer dans ce couple va être déclencheur de nouveaux sentiments, de méfiance au départ puis une certaine connivence va s'instaurer entre ces trois êtres ; cette sorte de complicité va –t-elle se transformer en amitié ? Peut être mais en tout cas ils vont partir tous les trois dans la nouvelle maison enfin terminée.
Ce livre nous entraîne dans ce monde étrange et nous décrit la vie monotone de cette femme, mais qui va au contact de cet étrange locataire se questionner sur sa vie, sur ces relations aux autres.
En lisant la quatrième de couverture, je découvre que ce texte a été écrit en 1969 en Islande et cela peut nous conduire à constater que ce texte est novateur et cette auteure a tenté de nous décrire la vie brimée des femmes à cette époque, mais que cela soit en Islande ou ailleurs, je trouve que ce texte est intemporel et universel. Elle décrit de façon minutieuse et quasiment clinique la vie d'une femme au foyer et décrit les espoirs de ce couple pour l'installation dans une maison modèle et qui est leur espoir d'évolution sociale.
L'apparition d'un tiers dans ce couple va alors est le déclencheur de transformations dans leur vie et leur permettent également de se questionner sur leur vie.
Nous sommes proches du fantastique dans ce texte et j'ai quelquefois pensé à certains textes de Kafka ou certains climats de films de Polanski.
Malgré un sentiment glacial face à cette histoire, on est accroché et on souhaite vite connaître le dénouement de cette aventure en huis clos mais on transparaît tant de violence et de non dit entre les trois personnages.
Merci aux copinautes d'avoir fait voyager ce livre et de m'avoir fait découvrir un écrivain que je n'aurai pas eu sûrement la curiosité de découvrir et de lire.
« C’était tôt le matin. Elle vaquait à ses occupations dans la cuisine quand elle entendit inopinément un bruit de pas. Son regard se porta vers le vestibule et il se tenait là, sa valise à la main. Il était entré chez eux sans se donner la peine de frapper à la porte. Elle resta sur place, prise de court, et ne put même pas se le reprocher après coup car elle se sentait totalement vulnérable : dans un logement de location, il ne servait à rien de fermer la porte d’entrée à double tour car le propriétaire disposait d’une autre clé et elle avait constamment présent à l’esprit que celle de son logis se trouvait dans la poche d’un homme qui ne lui était rien ».
Ainsi donc, en Islande, on peut être soi-même locataire de sa maison et avoir un locataire sans le savoir ??? Diantre, drôle de pays !!!
Ce monsieur s’installe dans l’intimité du couple qu’elle forme avec Pétur sans plus de façon, faisant sien le canapé du salon qu’il transporte dans le vestibule, modifiant les ondes radiophoniques selon ses goûts. Quel sans-gêne !!! Petit à petit, le couple fera contre mauvaise fortune bon cœur. C’est qu’il est très gentil ce locataire, ne fait pas de bruit, ne demande rien...
La vie pourrait aller ainsi s’il n’y avait cette maison qu’ils font construire en bordure de mer. Mais voilà, Pétur a privilégié les extérieurs, engageant de gros travaux et, de ce fait, tout l’argent disponible. L’intérieur n’étant pas viable, ils ne peuvent emménager. Une guerre insidieuse s’installe dans le couple. Mais, Méphisto est dans les murs et sort de sa valise une quantité de liasses de billets que le couple acceptera sans trop hésiter. Ainsi ils pourront emménager dans leur « çam’suffit » ; avec le locataire, bien entendu.
J’ai lu ce livre en me demandant quel était ce locataire, un Méphisto, une chimère ???
Les éclaircissements sont arrivés avec la lecture de la postface qui a éclairé la note de l’éditeur. Non, ce n’est pas Méphisto, quoique !!! Ce livre est à lire au second degré du début à la fin et j’ai l’ai relu dans ma tête une bonne partie de la nuit.
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