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(Texte provisoire) Qu'est-ce qui pousse Sabine, petite élève de 5e, solitaire et rêveuse, à ne pas se rendre en classe, ce matin de printemps ? Pourquoi décide-t-elle ce jour-là de faire l'école buissonnière, et d'aller à la découverte d'un Paris qu'elle ne connaît pas très bien et qui l'a toujours fascinée ? Ce n'est pas seulement pour échapper au rendez-vous que la prof de français, excédée par son désintérêt, a fixé à sa mère.
La fuite de Sabine parle de honte et d'incompréhension. Honte de sa mère, qu'elle sent ne pas correspondre à l'image qu'on se fait d'une mère attentive, soucieuse de la scolarité de son enfant ; mais aussi honte de son milieu social où la culture reste un mot opaque, presque hostile. La petite prend soudain conscience que ce monde du lycée lui est fermé, comme il l'a été aux siens.
Mais, au cours de sa journée vagabonde, bien des choses vont changer pour elle. Le hasard d'une rencontre lui fera découvrir le trésor qu'elle porte en elle et qui ne demande qu'à être révélé.
Marie Sizun est née en 1940. Elle a été enseignante de lettres classiques à Paris, en Allemagne ainsi qu'en Belgique. Elle a trois enfants et vit à Paris depuis 2001. Marie Sizun a reçu Le grand prix littéraire des lectrices de ELLE pour son roman La Femme de l'Allemand, ainsi que le sixième Prix des lecteurs du Télégramme, le Prix Jean-Pierre Coudurier.
Je continue l'exploration de l'imaginaire et de la sensibilité de Marie Sizun dont ses romans (celui-ci est le neuvième que je lis) sont empreints et qui me touchent particulièrement.
Celui-ci ne déroge pas à la règle même si, cette fois, j'ai été un peu moins conquise comme je l'expliquerai en fin de cette chronique.
Sabine, 11 ans, est en 5ème; c'est une enfant solitaire, projetée d'une école de banlieue à un établissement de très bonne réputation grâce à d'excellents résultats mais surtout par la volonté de sa mère qui veut le meilleur pour sa fille dont elle est très fière. Mais Sabine vient de Montreuil, sa mère divorcée est femme de ménage et l'argent manque; elle n'est pas du tout du même monde que les autres élèves qui le lui font bien sentir. le rejet dont elle est victime provient aussi de sa professeur de français, qui l'humilie en classe et qui convoque sa mère, suite à un comportement qu'elle juge insupportable de la part de Sabine. Mais Sabine a honte de sa mère obèse, mal attifée, inculte.
Elle décide alors de ne pas aller à l'école le lendemain, jour du rendez-vous fatidique. Elle fugue et veut voir son père qu'elle n'a plus vu depuis un an et dont la compagne attendait un bébé. Là encore, elle s'est sentie rejetée. Mais son père a déménagé sans l'en informer. Elle erre dans le bois de Vincennes et découvre la beauté du paysage, des sons, des couleurs. Puis, elle rencontre un couple de jeunes enseignants anglais qui la prennent sous leur aile; leur écoute, leur gentillesse permettent à Sabine de parler, de se délester de ses peines; elle découvre la magie des mots qui font du bien à travers la poésie, en particulier grâce au poème de Victor Hugo, "Demain dès l'aube" dont le titre s'inspire.
Elle rentrera chez elle au terme de cette journée riche en émotions, en découvertes, prête à se saisir de la vie et non plus à la subir.
On retrouve, dans ce roman, le personnage de la petite fille solitaire déjà rencontrée dans "La femme de l'Allemand" et "Le père de la petite". C'est à travers elle que nous ressentons les joies, les peines, les étonnements.
Autre thème récurrent dans l'oeuvre de Marie Sizun, la place, ou plutôt l'absence du père, qui laisse un vide béant dans la vie des petites filles, en quête désespérée de leur amour.
Ce roman est une ode aux mots, à leur force, à leur pouvoir évocateur, aux émotions qu'ils peuvent déclencher lorsqu'ils sont librement choisis, acceptés et non imposés. Une ode aussi à la poésie qui console, qui soutient, qui accompagne les moments difficiles.
Il est aussi réquisitoire contre l'enseignement sans âme où on gave les enfants sans susciter leurs émotions, contre les enfants laissés sur le bord de la route.
J'ai précisé, au début de cette chronique, que j'avais été moins conquise que d'habitude même si l'écriture tout en sensibilité, en douceur de Marie Sizun me touche toujours et ce pour deux raisons : le traitement un peu caricatural et exagéré de l'enseignante sans cœur et le côté un peu trop bisounours de la rencontre avec les jeunes enseignants anglais.
Sabine
Pauvre petite Sabine perdue dans ce grand collège trop chic pour elle
Perdue dans les cours desquels elle décroche
Désorientée par la sévérité de sa prof de français qui convoque sa mère
Honteuse de sa mère trop grosse, trop simple
Sabine qui ce matin n'ira pas en cours et errera dans Paris.
Quelle belle histoire
Elle est touchante cette petite Sabine si sensible, si seule
Elle est cruelle cette société et ses différences de classes.
Je suis très sensible à l'écriture de Marie Sizun.
J'apprécie sa manière d'appréhender ses personnages
C'est toujours délicat, sensible.
L'art et la poésie illuminent ce récit
L'espoir est là malgré la noirceur qui a envahi Sabine.
Le hasard des rencontres.
Un regard, un sourire.
Malgré les difficultés, c'est plein de tendresse et de douceur.
Un livre touchant.
Une journée pas comme les autres qui va transformer la vie de cette petite fille.
« Elle pleure pour tout le malheur du monde, pour sa grosse maman pas montrable, pour son père parti, pour ses amis qui vont s’en aller. Elle pleure pour sa solitude et pour le mal d’être petite dans un monde incompréhensible ».
Sabine, n’en peut plus de tout ce malheur pour ces frêles épaules.
Marre de cette école et de ces profs qui ne la comprennent pas et disent qu’elle a des « moyens limités ».
Marre de cette maman obèse et moche qui lui fait honte et qui dit tout le temps : « on n’a pas les moyens ».
Marre de ce papa parti vers une autre vie.
Marre de ces poésies de Victor Hugo qu’elle ne comprend pas.
Marre de sa solitude au milieu des autres écoliers qui sont si différents.
Un beau jour, elle dit stop et au lieu du chemin de l’école, elle choisit de prendre le métro et part à l’aventure dans Paris.
Au grès de belles rencontres, et avec l’aide d’amis de passage elle prendra conscience que pour peu que l’on s’en donne la peine, il y a plein de belles choses dans la vie.
La poésie peut-être et surtout l’amour d’une maman qui est toujours la plus belle du monde.
Comme à chacun de ses romans, Marie Sizun sait trouver les mots justes pour raconter des histoires simples comme le bonheur.
J’ai adoré cette petite Sabine !
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Merci Elizabeth pour ce délicat commentaire. Belles lectures. Prenez soin de vous