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À Tribeca, ce célèbre quartier de Manhattan, où ont afflué jeunes bourgeois argentés et pseudo-bohèmes, un groupe d'hommes se retrouve tous les matins pour prendre le petit déjeuner, après avoir déposé leurs enfants à l'école chic du coin.
L'ingénieur du son devenu, grâce à son mariage avec une riche WASP, propriétaire de studios d'enregistrement ; le sculpteur, géant taiseux vivant des subsides de sa femme galeriste ; le journaliste à succès dont les Mémoires vont se révéler entièrement truqués ; le dramaturge qui n'a écrit qu'une seule vraie pièce ; le marionnettiste qui rêvait de révolutionner son art ; le cuisinier italien en passe de coloniser la ville avec ses restaurants ; le producteur de cinéma qui n'a presque rien produit, et même le gangster juif de Brooklyn qui méprise ces goys, mais ne peut s'empêcher de les écouter disserter sur le monde comme il va : à eux tous (sans oublier leurs épouses, souvent détentrices du vrai pouvoir), ils forment une sorte de tribu urbaine fascinante sur laquelle Karl Taro Greenfeld porte un regard sarcastique et amusé.
Cette minisociété, embringuée dans une ronde à la Schnitzler, à qui trompe qui, se disperse au bout d'un an, mais reste pour le lecteur l'irrésistible portrait d'un New York très... new-yorkais.
Résumé : Le livre décrit le développement, l’âge d’or et le déclin d’un quartier de New York à travers la vie de ces habitants : 7 hommes et leurs compagnes. L’histoire se situe à notre époque et nous plonge dans la vie de personnages très différents : un cuisinier, une jeune fille au paire, un ingénieur du son,… Avec tous le même objectif : réussir leurs vies. Mais à quoi mesure-t-on la réussite ?
Avis : Le récit donne une vision de la disparité des destins et des vies dans une grande ville. Rien n’est oublié : le règne de l’argent, le besoin de reconnaissance de la part de son prochain, les inégalités sociales, le sexe,…Un ouvrage bien écrit, facile à lire, dans l’air du temps. Il est plaisant de suivre ces personnages et de voir comment le destin fait que leurs vies se croisent et que certains s’en sortent mieux que d’autres. Les travers, nombreux et différents, de tous les protagonistes sont mis en avant, les personnages apparaissent donc très humains. Ce qui permet de facilement s’immerger dans l’histoire et excite notre curiosité sur la suite des évènements.
En définitive une bonne satire sociale.
Tribu urbaine à Tribeca.
Tribeca, ancien quartier d’entrepôts dans le lower Manhattan, a trouvé un nouvelle jeunesse dans la réfection de ses vieux bâtiments réaménagés en lofts par une poignée d'individus en quête d'affaires juteuses mais surtout à la recherche d'un nouveau mode de vie répondant à leurs aspirations, à la tendance culturelle, au nec plus ultra des créateurs, artistes, penseurs, inventeurs en tous genres, pourvu qu'on ait l'argent. Et il coule à flot.
L'auteur plante le décor d'entrée de jeux. Une carte du quartier et des épingles mentionnant les adresses des familles déclinées ainsi que les lieux qu'ils fréquentent régulièrement. De l'ingénieur du son au marionnettiste en passant par l'italien cuisinier, le dramaturge, le photographe, le sculpteur, le mémorialiste et le gangster. On voit tout de suite de quoi il retourne.
Les pères de famille se croisent chaque matin près de l'école de leurs chères têtes blondes, prétexte à s'égayer devant un café, entre gens de la même appartenance. Ils se rassurent, se reconnaissent et partagent les mêmes engouements pour la vie. Mais les identités sont complexes. On les découvre au fil des chapitres habilement égrainés par l'auteur. Chacun se raconte fébrilement, emporté par la spirale de leurs doutes métaphysiques leurs états d'âmes. Et ce malgré ou à cause de l'aisance dans laquelle ils baignent. En réalité, les femmes sont les maîtresses du jeu. Elles tirent les ficelles, et sont forcément belles et talentueuses, douées et riches. La fracture est déjà installée au sein de ce microcosme décalé. Tout ses délite, à force d'excès, de névroses et d'embrouillaminis entre les couples, amour et désamour, sexe et drogue.
J'ai aimé les portraits de ces gens. L'auteur se balade et jette son œil corrosif sur cette tribu en souffrance . On s'y attache, on s'y agace, on s'amuse et on se désespère. Pour certains, comme Sadie, la baby sitter, membre d'une de ces familles, sans doute la plus mal lotie, la moins jolie, mais la plus originale. Elle va se battre comme lui conseille son père en déroute, pour tenter de rejoindre une université prestigieuse. Prête à tout dans cette jungle de nantis, elle y parviendra et on applaudit. Pendant que la chute et la fuite des autres se profile doucement à l'horizon.
J'ai aimé ce roman résolument actuel. Le ton est franc et original, l'écriture dynamique et fluide. Un monde dans un monde vu par une lorgnette éclairée. Léger et pourtant grave.
Première rencontre avec les différents personnages, dont les destins se croisent parfois. Début de lecture un peu confus, drogue et sexe omniprésents, pour une description de la vie américaine avec ses excès, sa démesure. Au tiers du roman, on commence tout juste à percevoir un début de cohérence, un fil conducteur ... que nous réserve la suite ...??
J’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’histoire et faire le lien entre tous ces personnages différents qu’on découvre à chaque nouveau chapitre. Quelques retours en arrière nécessaires afin de les situer les uns par rapport aux autres, et c’est au final une fresque plutôt agréable à lire, en dépit de la combinaison omniprésente sexe/drogue. Un style descriptif sans fioritures inutiles, une écriture légère qui offre un regard sur la société américaine, sur le milieu artistique et ses ambitions plus ou moins avouées. On suit au fil des pages l’évolution des adultes, mais aussi des enfants, qui servent la plupart du temps de lien entre ces familles, qu’on ne pourrait sans doute pas resituer dans n’importe quel autre pays, en tout cas pas dans n’importe quel milieu social. Triburbia ? je suis restée sur ma faim concernant le titre du roman.
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