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1537. Le conquistador Ferdinand Desoto obtient la direction de la prochaine expédition en Amérique, qui lui apportera, comme à ses guerriers, richesse et gloire. Mais rien n'est joué!Las, nos cupides chasseurs d'or et de perles, tout droit sortis d'un tableau de Goya, sont attendus par des Indiens dont les habitudes carnassières ne feront pas toujours leur affaire...De sa plume soigneusement aiguisée, Franzobel raconte la colonisation espagnole du xvie siècle dans une traversée de l'Amérique aussi pathétique qu'hilarante. Frayant hors des sentiers politiquement corrects et jouant avec la conscience troublée de l'homme occidental, il livre une réflexion morale sur notre époque dans un roman d'aventures inoubliable.
1537. Le conquistador Ferdinand Desoto vient plaider sa cause auprès de Charles Quint pour obtenir la direction d'une nouvelle expédition en Amérique. Il est accompagné de deux de ses serviteurs, un nain et un indien excentrique. À son grand dam, l'empereur lui accorde la Floride, ses marécages et ses indigènes cannibales...
Le conquistador recrute alors une armée hétéroclite où les aventuriers et les chercheurs d'or côtoient les brigands en fuite.
J'ai longuement hésité avant de porter une appréciation sur ce roman qui se veut une évocation tragicomique de la colonisation de l'Amérique par les espagnols.
Les très nombreux personnages sont plus loufoques ou monstrueux les uns que les autres, y compris l'empereur, présenté sous un jour très éloigné de celui de nos livres d'histoires. Les événements dramatiques, notamment l'extermination quasi systématique des tribus indiennes, sont décrits au travers d'une loupe déformante qui les fait virer à la pantalonnade.
Sur un fond de vérité historique, cela aurait pu donner une présentation amusante d'une époque qui le fut beaucoup moins, dynamisée par de nombreux allers-retours entre scènes sans liens apparents. Hélas, l'auteur en fait un peu trop et finit par égarer le lecteur.
Et puis, quel besoin d'ajouter des constructions du type "Revenons à notre naufragé..." pour assurer certaines transitions ? Enfin, que viennent faire là des références à des modèles d'automobiles, des marques de rhum ou des acteurs américains du XXème siècle ?
Dans un film des Monty Python cela aurait pu passer. Mais cela devient beaucoup trop lourd pour ce roman.
Peut-être une bonne idée, mais hélas mal traitée...
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2022/05/30/toute-une-expedition-franzobel-flammarion-facon-monty-python/
Le sous-titre « La vie héroïque du conquistador qui rêvait de gloire et de Californie » donne un indice quant à l’histoire.
Ce conquistador, c’est Ferdinand Desoto qui obtient de diriger la prochaine expédition en Amérique. On est en 1537, l’homme a déjà participé à plusieurs expéditions, il est aguerri. Il rêve de la Californie mais c’est à Cuba, d’abord, puis en Floride qu’il va se retrouver. Pas du tout la même topographie !
J’ai été surprise au début de ma lecture par le style acerbe à l’humour décalé de l’auteur mais j’ai fini par y adhérer. C’est une vision de la colonisation espagnole qui nous est donnée, avec toutes les exactions et les atrocités que l’on connaît, mais là, j’avais un peu l’impression d’une farce :
« On progressait péniblement à travers cette jungle. Des myriades de moustiques et de mouches bourdonnaient à vous rendre fou? L’affection que leur portaient ces animaux était insoutenable. Qu’est-ce qu’ils font dans les moments où il n’y a pas d’expédition qui passe ? Comment arrivent-ils à percer la peau avec leur aiguille toute fine ? (…) A l’époque, on ne parlait pas encore d’ouverture de nouveaux marchés, de création de valeur, de rentabilité et de salariés à bas prix. L’avidité à l’égard des métaux précieux et le sauvetage des âmes était des justifications suffisantes, mais il n’était pas question de se justifier pour l’instant, ces contrées sauvages et les dangers auxquels ils devaient faire face les accaparaient. »
Des paragraphes sont consacrés en parallèle à la lutte de l’avocat Trutz Finkelstein pour la reconnaissance des droits des Indiens sur leurs terres par la Cour Suprême des Etats-Unis.
Nos conquistadors ne trouveront pas l’Eldorado, les 7 Cités d’Or, la moitié d’entre eux ne survivront pas. mais » Desoto avait parcouru des contrées dans lesquelles aucun Européen ne s’était jamais rendu, il avait traversé des fleuves inconnus, rencontré des Indiens qui n’avaient encore jamais vu de Blancs et avait découvert le Mississippi. C’est avec lui que débuta la mondialisation. Ce sont des hommes comme lui qui assurèrent à l’espèce blanche et au christianisme la domination sur le monde. En dépit de la terreur qu’imposa sa troupe, la performance réalisée par ces gens fut surhumaine. »
Ce roman fut une découverte inattendue, plaisante même si j’aurais aimé qu’il soit un peu plus court.
Grosse déception que ce roman de plus de 550 pages sur l’histoire de Ferdinand Desoto.
Pourtant, le sujet est hyper intéressant : la conquête de l’Amérique par ce conquistador espagnol trop peu connu. Un défi à relever, car on est au XVIe siècle, les expéditions sont longues, hasardeuses, mortelles, et les indigènes découverts avec les territoires sont hostiles et inhospitaliers. Mais les « conquérants-colonisateurs » sont eux aussi imbus d’eux-mêmes, sûrs de leur supériorité et de leur bon droit, bandits de grand chemin, bourreaux, violeurs.
Ici, Franzobel a pris le parti de traiter l’Histoire en dérision à travers cette histoire, ce qui devient vite dérangeant, lourd, caricatural, donc indigeste. Humour ironique, sarcasmes, et faits et choses tournés en ridicule nous font perdre le sens premier du roman qui nous a attiré, soit la découverte d’un pan de l’Histoire espagnole au XVIe siècle.
Dommage, car ce roman profite d’une couverture violette de toute beauté, d’un thème intéressant, accrocheur et prometteur, alors on se jette dessus pour découvrir l’histoire de ce conquistador. Et au final, c’est un flop, malgré la somme colossale de recherches probablement faites sur le sujet et qui transparaissent au fil des pages.
Je ne connaissais pas du tout cet auteur allemand, mais l’expérience décevante de ce roman ne me donne nullement envie de continuer à le lire.
Même le titre est une gageure !
Étrange, j'étais pourtant très emballée à l'idée de cette lecture, et puis… le soufflé est un peu retombé.
Pourtant côté écriture, il n'y a rien à dire c'est du grand art ! J'ai même été séduite par la façon très ironique de raconter cette conquête du nouveau monde.
Le truc c'est qu'il faut suivre, plusieurs histoires s'entremêlent et les personnages sont tout de même nombreux…
Une fois cette mise en place ok, on peut sans doute savourer la truculence du récit (ça ne m'a pas empêché de m'emmêler les pinceaux, puisqu'en plus de jongler entre les personnages, il faut aussi le faire avec les dates).
Et puis, si vous pensez que tout est faux dans cette histoire : et bien pas vraiment…
Franzobel (alias Franz Stefan Griebl) s'est très librement inspiré de l'histoire d'Hernando de Soto, conquistador "raté" (puisque son expédition, vous le verrez, est un véritable désastre… avec notamment un retentissement brutal et tragique pour la population d'Amérique).
L'auteur utilise le ressort comique pour balancer des horreurs. Mais s'il fait sourire, il laisse surtout un goût de fiel…
Dans le fond, si tout est vrai, c'est quand même une histoire de massacre (d'ailleurs ça semblait être le passe-temps préféré des conquistadors à cette époque…).
Et si Franzobel se jouait finalement de nos émotions pour rendre cette vérité encore plus cinglante ? En soufflant le chaud et le froid, en racontant avec une poésie grotesque les épisodes scabreux de cette histoire, il nous force ainsi à "voir".
En 1537, le conquistador Ferdinand Desoto prend la tête de la plus importante des premières expéditions coloniales espagnoles. Persuadé d’y trouver un eldorado, il débarque en Floride et poursuit toujours plus loin à travers le Sud-Est des Etats-Unis actuels, obstinément en quête d’or et de perles.
Cinq ans plus tard ne reviendront même pas la moitié des quelque huit cents expéditionnaires, exténués, sans or ni richesses, et sans avoir établi la moindre colonie. Désastre à leurs propres yeux, leur aventure conservera à l’époque une réputation donquichottesque. Personne n’en mesure alors les principaux impacts : quelques chevaux et porcs restés sur place qui prolifèreront, les premiers à l'origine des mustangs de l’ouest de l’Amérique du Nord, les seconds d'épidémies qui décimeront les peuples autochtones ; l’amélioration des connaissances géographiques, ethniques et naturalistes des Européens, avec notamment les premières mentions à l’existence du Mississippi ; la montée en puissance des revendications espagnoles sur de larges territoires en Amérique du Nord, essentiellement en Floride et sur la côte du Pacifique : l’inégale bataille entre colons et Amérindiens est déjà irrémédiablement enclenchée.
Construit sur une documentation solide, ce livre ne se résume pas à un seul roman historique. Exploitant à outrance l’image de Don Quichotte laissée par Desoto, l’auteur a choisi le parti-pris de l’ironie pour souligner l’absurde et délétère cupidité qui gouverne le rapport au monde de l’homme occidental. Sous sa plume goguenarde, les aventures conquérantes de ces troupes expéditionnaires tournent sans mal à la bouffonnerie, lorsque la narration met l’accent sur la stupide obsession d’enrichissement facile d’un ramassis de réprouvés, de bandits et de laissés-pour-compte, croyant dur comme fer au pays de cocagne et à leur bon droit de saccage, d’appropriation et de réduction en esclavage, au nom grotesquement brandi du Christ et de leur supériorité civilisée. Si cette pantalonnade résonne sinistrement, ce n’est pas seulement parce qu’elle s’assortit d’une vague d’agressions meurtrières, mais aussi parce qu’en superposant cette amorce de colonisation et les traits les plus piteusement caractéristiques du mode de vie américain moderne, le récit opère une mise en perspective débouchant sur un terrible constat : la généralisation d’une absurdité prédatrice, qui, non contente d’avoir très sauvagement détruit les autres formes de rapport au monde, poursuit imperturbablement sur sa lancée la destruction de la planète entière.
Récit historique donc, mais aussi satire et diatribe morale menant à la question de la réparation aux peuples amérindiens, ce livre, que, de l’aveu de l’auteur, l’intervention de son éditeur a empêché de devenir fleuve, pourra pourtant encore sembler trop long et fastidieux. Solidement construit et étayé, mais volontiers provocateur au gré de ses débordements loufoques et de son humour grinçant, nul doute qu’il a de quoi entretenir le clivage autour de cet écrivain célèbre et controversé qu’est Franzobel en Autriche.
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