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Depuis les tréfonds d'une cellule s'élève une voix. Celle d'un homme placé à l'isolement.
Toro a été emprisonné pour quelques mois après avoir enlevé la fille d'un patron local, surnommée « la Princesse du café ». Le jour où il tue un gardien, il est alors condamné à perpétuité, sans espoir de remise de peine. Toro raconte les relations entre gardiens et détenus, les rivalités et la solidarité entre les détenus euxmêmes, il décrit la nourriture, le sexe, le monde extérieur, l'attachement désespéré aux objets, les jours et les nuits qui se confondent - tous les détails, même les plus infimes, sont rapportés avec une minutie sans pitié.
Au-delà d'un récit fascinant, dépourvu de tout jugement ou complaisance, sur la vie carcérale, Sur l'île, une prison est un roman puissant et hypnotique qui plonge le lecteur dans un univers où l'espace et le temps, le bien et le mal, la lâcheté et le courage tels qu'on les connaît n'ont plus cours.
À l'image d'Un prophète de Jacques Audiard, Maurizio Torchio décrit dans une langue précise, élégante et profondément humaine cette douleur sans cesse renouvelée qui ne trouve un apaisement que dans la répétition, seul moyen de se prouver qu'on est encore un être humain.
La première chose qui surprend dans ce texte, c'est le style de l'auteur. Moderne, percutant, haché, violent parfois. Des phrases courtes qui s'enchaînent dans de courts chapitres. Tout pour plaire donc... et pourtant, ça ne me convainc qu'à moitié. J'ai eu du mal à comprendre pourquoi l'auteur passait du "je" au "il" alors que le narrateur est censé n'être qu'une seule personne, Toro. Le procédé m'a décontenancé et m'a perturbé au point de ne plus trop comprendre ma lecture, de me perdre dans les lignes. L'histoire est intéressante, elle aurait été plus puissante, à la manière d'Un prophète de Jacques Audiard si le véhicule pour la transmettre m'avait agréé davantage. C'est dommage. Peut-être également une forme plus condensée, plus courte, plus proche des 150 pages que des 250 du bouquin aurait donné de la force, ainsi les répétitions et les longueurs dues aux réflexions parfois vaines de Toro auraient été évitées. Par contre, les paragraphes qui concernent son gardiennage de la femme enlevée sont intéressants, capables d'une force incroyable, ils ne sombrent que très rarement dans les travers décrits plus hauts. Ce sont ceux qui m'ont touché le plus, ceux dans lesquels Toro se révèle.
Je pense être passé à côté d'un livre qui plaira à d'autres sans doute, je pense aussi que l'auteur est passé à côté d'un bouquin qui aurait pu marquer ses lecteurs beaucoup plus fortement. Malgré tout, si l'envie vous prend, voici les premières lignes :
"On te dit : Oreilles. Tu plies tes oreilles et tu te tournes, d'abord à droite, ensuite à gauche.
Narines. Tu penches la tête en arrière, pour faciliter l'inspection.
Bouche. Tu ouvres la bouche. Les portes du corps s'ouvrent sur commande. Tu ouvres la bouche mais on ne t'alimente pas. On n'ajoute pas : on contrôle que tu n'aies pas.
Soulève la langue. Tu obéis.
Tire la langue. Tu obéis.
Gencives. Tu écartes les lèvres avec tes mains. Tes doigts à la disposition des gardiens" (p.9)
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