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C’est l’histoire de Marie, de l’âge de sept ans jusqu’à la fin de ses jours.
L histoire ordinaire d’une vie ordinaire.
Bien que chaque vie soit particulière.
Mais là, pas d’intrigue, juste une succession de faits narrés dans une chronologie aléatoire.
Au début, j’étais sérieusement agacée. Trop de détails, trop de personnages.
J’ai plusieurs fois été tentée d’interrompre cette lecture.
Et puis, finalement, j’ai commencé à bien aimer cette Marie et j’ai voulu connaître toute l’histoire de sa vie.
Mais, bon, globalement, ça m’a quand même semblé un peu long.
Je m'embourbe un peu dans ce roman un peu décousu et je n'arrive pas à le finir...
Me rappelle un peu L'amie prodigieuse que je n'avais pas aimé.
Alice McDermott ne fait pas un roman avec "quasi rien" mais avec les petits riens d'une vie elle nous offre un roman, d'une plume ciselée et attentive, avec les mots comme des touches de couleurs sur un tableau impressionniste.
C'est cela son art et elle y excelle.
Brooklin 1930, Mary se souvient quand petite fille de 7 ans elle était fascinée par ses voisins qui dénotaient des autres de ce quartier d'immigrés irlandais, en effet les Chehab couple mixte, père Syrien, mère Irlandaise et leur fille Pegeen, surnommée affectueusement Amadan (idiote) par sa mère car elle est très étourdie. Peggen a environ 17 ans et elle travaille à Manhattan, qu'elle déteste.
Le soir Mary guette le retour de son père, et souvent elle l'accompagne au pub. Elle aide sa mère aux taches ménagères pendant que son frère étudie pour devenir prêtre.
Mary est une petite fille au visage ingrat mangé par des lunettes aux verres très épais et elle trouve les autres filles de son âge plus séduisante. De plus elle se plie difficilement à l'apprentissage des tâches ménagères, elle rêve d'autre chose.
La narration n'a rien de linéaire ni de chronologique et c'est en cela que la vie de Brooklyn nous parvient, ses drames : la mort à tout âge, l'alcoolisme mais aussi les voix des enfants qui jouent, des ados qui discutent, des adultes qui partagent et se soutiennent, les espoirs déçus, les réussites...
Tous ces riens qui font une vie, souvent impalpables mais tellement vivaces.
Le quartier se dégrade mais ses habitants, dont la mère de Mary n'envisagent pas de quitter l'endroit où ils ont élévé leurs enfants.
Oui Mary est une personne ordinaire, que certains choisissent par défaut car c'est "une chic fille" puis ils vont ailleurs. Alors il lui faut du courage au quotidien pour exister, tracer son sillon dans la vie.
Et la vie de Mary va prendre un chemin très particulier sur le plan professionnel. Ainsi elle va développer les qualités qui sommeillaient en elle, d'écoute, d'attention de juste bienveillance, ces petits riens qui sont beaucoup.
En refermant le livre on revoit la définition du dictionnaire du mot détail :" Petit élément constitutif d'un ensemble, et qui peut être jugé comme secondaire : Ne pas négliger les détails "; c'est ce que fait l'auteur elle ne néglige aucun détail.
Et lorsqu'on a eu en mains, lors du décès d'un proche, ce qui reste de sa vie, souvent cela tient dans une boîte de chaussures, il faut avoir concience que ce n'est pas RIEN.
Quel magnifique regard Alice McDermott !
"Je frissonnai et j'attendis, petite Marie. Seule survivante, aujourd'hui, de cette scène de rue. J'attendais de voir apparaître mon père, arrivant du métro en manteau et chapeau, mon père qui, de tous ces fantômes, m'était le plus cher."
Chez Alice McDermott, les lieux ont la lumière du "clair-obscur" qui met en relief et les personnages sont éclairés par la lumière impressioniste qui contraste, assortit et enchante.
C'est subtilement dosé et c'est la qualité de l'auteur de cette plume chatoyante et intelligente.
Un roman subtil qui dit le quotidien dans son ordinarité, sans pathos, juste un regard pudique et bienveillant qui fait émerger une héroïne.
@Chantal Lafon de Litteratum Amor 14 septembre2016
Il émane comme une douce mélodie tout au long de ce roman délicat.
Elle accompagne la vie de la narratrice, Marie, fille cadette d'une famille d'origine irlandaise qui vit à Brooklin. Son quartier, ses parents, son frère aîné si sérieux, les voisins, les habitudes, les amitiés puis les amours, le travail, le mariage , les enfants, la vieillesse...
Sous l'apparente banalité de cette vie qui se déroule, on retrouve la complexité et la richesse qui font la valeur de chaque vie humaine. La diversité des sentiments et leur universalité, les diverses expériences qui écrivent une histoire, un destin.
Le choix narratif qui n'est absolument pas strictement chronologique ne nous embrouille pourtant pas du tout. L'auteur s'applique par de petits détails subtils à resituer l'action à chaque chapître.
Elle utilise aussi de petites répétitions significatives, descriptives, qui me sont apparues très poétiques.
Jolie lecture....
“Le monde ordinaire poursuivait sa course, se refermant sur le bonheur aussi promptement qu'il avançait pour guérir le chagrin.”
Quelle frustration, en refermant un livre, de ne pas vraiment savoir si on l’a aimé ou pas…
Ce roman est curieusement construit, sans réelle chronologie, avec des retours dans le passé, des sauts dans le futur, sans transition aucune.
C’est un puzzle que l’on peine à reconstituer, et cela nous empêche de cerner correctement les protagonistes alors que l’écrivain réussit tout de même le tour de force de nous les rendre sympathiques en nous les présentant par petites touches mais dans le désordre. Ils passent de l’âge adulte à l’enfance et à l’adolescence et c’est une perpétuelle gymnastique de l’esprit de leur donner une contenance et de comprendre ce qu’ils sont.
La chronique de cette famille dans l’Amérique d’avant et d’après-guerre aurait pu être passionnante si la vie des personnages avait pu être décrite plus consciencieusement, en les incluant plus précisément dans le contexte dans lequel ils évoluent.
A mon sens, il manque ce petit quelque chose, cette accroche qui en aurait fait un roman captivant dans son récit de la vie de Marie et de ses proches et dans son intérêt historique de cette période de l’Histoire.
Tout reste à la surface, sans la profondeur nécessaire à tout récit digne de ce nom.
Je n’ai pas trouvé le fil conducteur de ce roman. Celui-ci est construit par petites touches en fonction des souvenirs de Marie.
Je qualifierai le personnage de jeune fille un peu écervelée, mais à la tête dure. Elle se laisse porter par la vie, sans forcément chercher à comprendre ceux qui l’entoure.
Il m’a manqué un peu de profondeur pour vraiment adhérer au propos.
Malgré tout, le récit offre un beau panorama de la vie des immigrés à Brooklyn dans les années 30, ainsi qu’un pan de la vie de ce quartier avant sa chute.
L’image que je retiendrai :
C’est le mot « Amadan » prononcée par l’amie de Marie et que celle-ci répète à tout bout de champs, sans forcément comprendre sa signification.
http://alexmotamots.fr/?p=1815
« Faire un roman avec quasi rien », c'était l'idée de départ d'Alice McDermott lorsqu'elle a commencé à travailler à son nouveau livre.
Et en effet, l'auteur conte dans ce joli roman la vie ordinaire d'une femme ordinaire. L'histoire commence à Brooklyn dans les années 1930 au cœur du quartier irlandais. Une fillette Marie, assise sur les marches d'un perron, observe derrière d'épaisses lunettes les habitants de son quartier. A travers les yeux myopes, quasiment aveugles de Marie, nous découvrons son quotidien entre ses parents immigrés irlandais et son frère aîné Gabe. L'auteur nous relate cette vie non pas chronologiquement mais en égrainant le temps par des ellipses.
De son enfance à son premier flirt, de sa nuit de noce à la mort de son père, d'un de ses accouchements à sa vieillesse, le lecteur croise Marie à différents moments importants de son existence.
L'écriture d'Alice McDermott s'attache à décrire avec beaucoup de minutie et d’acuité chaque détail, chaque personnage et chaque scène. Avec un grand art, elle parvient ainsi à captiver son lecteur en lui racontant une vie banale et à faire d'un personnage insignifiant une héroïne attachante.
Avec « Someone », Alice McDermott signe de sa plume douce et délicate, un livre touchant remplie d'infinie grâce.
Voilà un agréable roman ! En suivant la vie triviale d'une femme que rien ne différencie du commun des mortels, Alice McDermott donne une voix à toutes celles qui se sentent oubliées. La romancière pose un regard net et précis sur ses personnages, leur donne vie et les entoure d'une aura virtuose qui nous les rend saisissants. A travers les yeux de Marie, jeune fille folle de son père, dont le frère est un étrange génie et avec qui la mère fait preuve d'une fermeté bienveillante, on découvre toute une époque. Avec cette jeune femme, on vit son premier amour déçu, son premier travail, son premier enfant (l'accouchement est d'ailleurs une scène d'une pudeur et d'une force incroyables). Alice McDermott fait preuve d'une empathie incroyable que l'on retrouve à chaque page. Somme toute, Someone est un très beau roman composé de tableaux parfaitement maîtrisés.
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