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Sans fard et sans prétention, Robert Belleret raconte sa vie. Du lycée, découvert en 1957, jusqu'à l'entrée dans la vie adulte en 1970, ses années de formation traversent la décennie de la guerre d'Algérie, le gaullisme, la chanson à texte, la Nouvelle vague, le cinéma américain, et tant d'autres choses dont il fut témoin ou acteur mais toujours observateur attentif. Ayant fait ses Universités dans le catalogue du Livre de poche ou dans les salles obscures, Belleret a monté, à partir de ses souvenirs, un véritable cinéroman, succession de séquences comme autant de titres de films.
En 1957, le petit banlieusard héros des Bruyères de Bécon (2002) a grandi : il quitte le cocon familial, découvre la grande ville sur le chemin du Lycée Carnot, dans le XVIIème arrondissement de Paris, les profs et les copains et surtout les quatre cent coups. Plutôt mauvais sujet - il quittera le lycée sans le bac en poche -, il revient sur un parcours buissonnier rythmé par les concerts, grâce aux billets de faveur que lui procurait sa mère, employée chez Barclay, par les films, par les lectures, et par un amour immodéré de la poésie. Du gamin débrouillard qui se construisit tout seul, l'auteur devenu adulte ne donne jamais une vision flatteuse : les premiers émois amoureux et les premiers fiascos sont décrits avec un sens malicieux de l'autodérision et une sincérité évidente. Ce sont les amitiés qui ont été fondatrices dans ces années-là : avec sa bande, pas fan du tout de Salut les copains mais plutôt tournée vers Ferré ou Godard, avec un certain Francis, déjà fasciné par les planches et jouant ses premiers rôles avant de devenir Huster, Robert adolescent s'initie à la vie, à la politique, aux dérives nocturnes et aux voyages plus lointains - le séjour aux Baléares, avec Francis justement, est du genre irrésistible.
Les années passent, avec les petits boulots et les premiers vrais emplois. Portrait de l'auteur en employé de banque, puis Robert en bidasse, durant seize longs mois de service militaire en Allemagne, Robert en gratte-papier chez Air Inter : on y gratte toujours des billets gratuits pour l'autre bout du monde. Dans ces années soixante finissantes, c'est au Chili, en Asie du sud-est ou en Amérique du nord que l'auteur achèvera ses classes.
Comme avec Les Bruyères de Bécon pour la banlieue des années cinquante, Robert Belleret, racontant au jour le jour sa vie d'acteur anonyme d'une époque devenue mythique, les sixties, en donne une vision à la fois juste parce qu'elle est ordinaire, tendre, drôle et sacrément vivante. Son talent de conteur, son sens du détail véridique et son humour font de ce livre une chronique douce-amère qui est une véritable fabrique de souvenirs pour chacun de nous.
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