Des romans policiers à offrir ? Faites le plein de bonnes idées !
Ce livre m’a complètement désorientée d’où mon embarras à donner un avis clair et tranché.
L’intrigue, si intrigue il y a, se déroule au cours de l’été 1972, parallèlement aux jeux olympiques de Munich. Durant ces jeux, l’équipe israélienne a été victime d’une prise d’otages meurtrière, référencée sous le nom de « Massacre de Munich», à laquelle Wolfgang HERRNDORF fait explicitement référence. Le roman présente cinq parties : la mer, le désert, les montagnes, l’oasis et la nuit qui sont rassemblés sous le titre « sable », leur point commun à tous.
Le livre débute par un quadruple meurtre, dont on apprend très rapidement qui est l’auteur : meurtrier avéré ou bouc émissaire ? Deux policiers enquêtent, classent une première fois l’affaire. Puis l’un d’eux, face à de nombreuses incohérences, reprend plus sérieusement ses investigations, sans vraiment aboutir. Simultanément, là, en Afrique, à Targat débarquent une belle américaine, ainsi qu’un allemand un peu parano, dont on sait déjà qu’il va mourir. Tous deux hantant la ville en attente d’un curieux rendez-vous. Bizarre ! Se rajoute à ce panel hétéroclite d’individus, deux écrivains exilés et complètement déjantés.
Le plus déstabilisant pour moi a été de comprendre quel degré d’importance, l’auteur voulait donner aux évènements et quels personnages, il voulait privilégier ? Pourquoi, tantôt utilise-t-il le « je », pourquoi tantôt préfère-t-il intervenir à la troisième personne ? Par moments, il développe avec moult détails une situation, analyse avec une précision chirurgicale les ressentis d’un de ces héros, pour ensuite, l’oublier pendant de nombreux chapitres et finalement lui régler son compte en quelques lignes.
Malgré toutes ces interrogations, à aucun instant, le livre ne m’est tombé des mains. Sa lecture est restée fluide et si ce n’est l’impression latente d’être larguée dans ma compréhension de l’ensemble, je reconnais, passé ce stress, avoir apprécié ce livre, mais sûrement pas à sa juste valeur.
Sable n’est pas un roman ordinaire. Il s’inscrit dans la lignée des romans qui font voler en éclats la frontière entre littérature classique et littérature de genre.
Sable est une odyssée existentielle qui prend place dans un endroit imaginaire en Afrique du nord. Sur fond de chaos, de misère, de fournaise lancinante, de dégénérescence, de désinvolture administrative, de corruption, se croisent des policiers, des écrivains américains, des agents secrets, une communauté d’idéalistes, des contrebandiers, des hommes d’affaires.
Un jeune homme tue par balle quatre quidam. Un autre est blessé à la tête et perd la mémoire. Et le récit commence, proche de la fable et du jeu théatral. L’errance de l’amnésique à la recherche de la vérité et de son identité peut se lire comme un questionnement sur notre civilisation aride et froide, basée sur la science, et sur les déséquilibres de notre société moderne et de ses certitudes politiques, économiques, scientifiques, religieuses. La chaleur du désert permet aux corps de prendre corps. Elle s’oppose au mystère des relations humaines et au jeu des apparences.
Le contraire de la civilisation n’est pas le chaos, mais la solitude nous dit Wolfgang Herrndorf.
Sable est un livre complexe et exigeant, à la langue dense, riche et entrelacée. Pénétrer dans ce roman peut sembler fastidieux. Jusqu’à la fin le lecteur a le sentiment que quelque chose lui échappe. Il est difficile de s’accrocher aux faits dont chaque personnage livre sa version ou ce qu’il veut bien en livrer. Comme le sable, Sable est mouvant et insaisissable. On peut s’y perdre comme dans un labyrinthe sans lumière. Sable est un livre qui ressembl( e ) à la vie, à l’œuvre d’art totale que constitue chaque petite existence, si magnifique, si grande, si fragile.