Quels sont les livres qui vous ont le plus fait voyager, vibrer, rêver ?
Une presqu'île, aux confins d'un pays du Nord. C'est là que vit la famille Haarder, dans un isolement total. Jens a hérité de son père la passion des arbres, et surtout du liquide précieux qui coule dans leurs veines - la résine, aux capacités de préservation étonnantes. Alors que le malheur ne cesse de frapper à la porte des Haarder, Jens, obsédé par l'idée de protéger sa famille contre le monde extérieur qui n'est pour lui que danger et hostilité, va peu à peu se barricader, bâtir autour de la maison une véritable forteresse, composée d'un capharnaüm d'objets trouvés ou mis au rebut, et séquestrer sa femme et sa fille. Du fond de la benne où il l'a confinée, Liv observe son père sombrer dans la folie - mais l'amour aveugle qu'elle lui porte va faire d'elle la complice de ses actes de plus en plus barbares, jusqu'au point de non-retour.
Quels sont les livres qui vous ont le plus fait voyager, vibrer, rêver ?
Chez les Haarder, la tradition de la menuiserie se transmet de père en fils. Jens, résidant avec sa famille sur une presqu'île isolée, a hérité de son père la passion pour les arbres et leur résine aux vertus étonnantes. Éprouvé par les malheurs qui s'abattent sur les siens, Jens, emporté par une folie délirante, est prêt à tout pour les retenir près de lui... Mais jusqu'où cela les mènera-t-il ?
L'auteure nous offre un roman glauque et sombre qui nous saisit dès la première phrase. Le malaise est immédiat, mais comment en est-on arrivé là ?
Après l'annonce choquante du début, les événements se dévoilent lentement à travers la voix de Liv, qui aime son père, est fière de ce qu'il lui transmet, et lui fait confiance. Vivant en osmose avec la nature, entourée d'objets rassemblés de manière hétéroclite, Liv nous dévoile son univers.
Les lettres de la mère transmettent une profonde détresse, révélant le glissement inévitable vers une défaillance parentale dont Liv fait les frais.
L'écriture oscille entre détachement et poésie, plongeant le lecteur dans quelque chose de lugubre et de macabre, où les secrets émergent imbibés de grandes souffrances. On ressent de la peine pour Liv, exprimant des sentiments naïfs liés à son jeune âge, tout en faisant face à une gravité solitaire.
La colère monte envers cette mère invisible qui semble abandonner Liv. L'atmosphère nous piège dans cette structure où l'amoncellement trahit le vacillement et les fragilités. Un roman noir, un conte barbare, ce récit explore les profondeurs du délitement humain.
Un roman époustouflant qui vous entraîne lentement dans une descente aux enfers de l'âme humaine.
Isolement, folie, destruction ; mais jusqu'où peut-on aller par amour...?
« Je parlais souvent aux arbres qui saignaient. Je leur disais qu’ils allaient se remettre de leurs blessures, car la résine était leur guérisseuse et leur protectrice. Les arbres étaient mes amis. »
C’est avec cette même résine, que le père de Liv, « momifie » le corps de sa petite sœur décédée tout juste née, pour la conserver à ses côtés, quand il ne s’attèle pas à tuer sa propre mère venue leur rende visite pour Noel, ou à entasser tout un tas d’objets volés chez les habitants de l’autre partie de l’île de ce pays nordique, rendant la circulation quasi impossible dans cette maison, où ne circule de toute façon plus grand monde…
Et surtout pas la mère de Liv, clouée sur son lit qu’elle est devenue incapable de quitter en raison de son poids, prisonnière de ses kilos volontaires et de ce silence dans lequel elle est désormais murée, depuis qu’elle a perdu sa voix, noyée dans un désespoir trop lourd à porter…
C’est donc avec son frère jumeau à ses côtés (décédé d’une mystérieuse chute de berceau alors qu’il était bébé) que Liv évolue dans ce monde de morts vivants .
Tous morts… passés, présents ou à venir…
Car vous l’aurez compris, la vie est particulière, très particulière chez les Haarder.
Et quand on croit avoir atteint les sommets du morbide, l’ambiance se fait de plus en plus suffocante, jusqu’à ce final, qui l’est encore plus comme vous le comprendrez, si vous arrivez au terme de ce récit dense et noir.
Encore plus noir que ce noir qu’affectionne tant le père de Liv car « l’obscurité absorbe la douleur ».
On me promettait une ambiance digne des meilleurs thrillers de Stephen King : rien que ca !
Et bien, pari plutôt réussi (sans toutefois l’égaler) pour l’autrice qui tient le lecteur en haleine, et peut-être même par le col de sa chemise, le mettant sous tension, le privant parfois d’oxygène dans cette atmosphère quasi irrespirable, avant de relâcher (un peu ) la bride et le laisser respirer pour mieux l’enserrer à nouveau, sans pitié aucune.
A l’écart du monde civilisé, sur une petite île d’un pays nordique, vivent les Haarden. Jens, le père, sombre peu à peu dans la folie. Il accumule des objets, ne se douche plus et ne sort que très rarement de sa tanière. Son humanité le quitte doucement, étouffée par la résine, cette sève qui le fascine et l’obsède tant. « Il ressemblait à un sauvage, un sauvage pris de folie ».
L’histoire est contée sous plusieurs angles. Il y a Liv, la fille de Jens, qui aime profondément son père et fera tout pour le rendre heureux même s’il l’enferme dans une benne. Elle s’enfuit la nuit pour lui ramener des vélos, qu’il accumule dans son capharnaüm insalubre.
Maria, cette mère devenue obèse, passionnée de littérature, qui a choisi de venir vivre sur cette île pour échapper à un mariage avec son cousin aux mains rugueuses. Elle écrit des lettres à sa fille, qui sont autant de clés pour le lecteur.
Enfin il y a la voix du narrateur. Elle résonne comme la voix d’un conteur et fait peser une ambiance lourde et anxiogène. L’intensité monte d’un cran à chaque page que l’on tourne. On sent que quelque chose ne tourne pas rond. Il y a une ambiance oppressante et angoissante. Je comprends que ce roman ait gagné le Meilleur Prix du Premier Thriller. Pour un coup d’essai, c’est bien maîtrisé, même si j’aurais apprécié plus de développement de certains personnages, comme la mère.
À tous les amateurs du genre, je vous le recommande !
Un grand merci aux éditions Éditions du Seuil et à Babelio pour l’envoi de ce roman dans le cadre de la #massecritiqueprivilegiee qui tape juste dans ce que j’aime (premier roman et roman noir, un régal!).
C’est par ce roman noir danois tout à fait original que j’ai découvert la plume de Ane Riel , livre qui lui a permis de remporter le Prix du Meilleur Premier Thriller en 2003 au Danemark. Je ne dois plus vous dire maintenant car vous connaissez mon intérêt certain pour la littéraire noire nordique. Pourtant, je n’avais jamais lu un livre si singulier : que ce soit parmi les auteurs venant du froid mais aussi chez tous les autres que j’ai lus quelles que soient leurs origines.
Dans toutes les villes et villages, il est de ces maisons dont les terrains sont jonchés d’amas de détritus, de ferrailles, de monceaux d’objets hétéroclites et que lorsqu’on passe devant elles, on ne peut s’empêcher de se demander comment les occupants des lieux ont pu en arriver là ? A quoi cela peut-il bien leur servir ? Pourquoi ne pas tout simplement se débarrasser de tout cela alors que cela ne semble n’avoir aucune valeur?
C’est un peu un des points de départ de ce livre, « Résine » puisque la famille Haarder se trouve à la fois isolée de l’île principale par une langue de terre mais aussi par une accumulation sans fin de choses diverses. Alors que cette famille avait tout pour être heureuse et qu’elle vivait comme le commun des mortels, les drames se sont accumulés, les éloignant petit à petit de la civilisation, les enfonçant au fil des jours dans une folie sombre.
Leur histoire nous est contée par la voix de Liv, fille unique de cette famille qui grandit et évolue loin de tout autre enfant de son âge mais aussi d’autres individus. La solitude, elle ne la connaît que trop bien, encore plus une fois que son père perdra pieds dans la réalité.
Ana Riel met en place un microcosme vicié où une vie normale pour une jeune fille n’est pas possible. J’ai beaucoup apprécié tout le travail effectué par l’auteure quant à ses personnages et leur psychologie. Au fil des pages, on se rend compte comment chacun des membres sombre petit à petit dans une lypémanie sans fin et où tout retour en arrière ne pourra avoir lieu.
Très sombre et très bilieuse, l’ambiance des lieux est assez anxiogène. C’est toute une atmosphère mise en place par l’auteure qui entoure son récit. Si vous avez besoin de lumière et d’étincelles dans votre vie en ce moment, je ne pense pas que ça soit la lecture la plus appropriée et recommandée qui soit pour vous pour l’instant !!
Au final, ce roman noir m’a plu par ses originalités, notamment par cette aura trouble, ces protagonistes si singuliers et cette fragilité de ce milieu où tout risque de s’effondrer au plus léger tremblement.
En définitive, mon regard sera dorénavant différent lorsque je passerai devant ce type de maison, ne pouvant pas m’empêcher d’éprouver un certain sentiment de mansuétude à l’égard des occupants et de leur vie.
Coup de cœur pour ce premier roman d’une auteure danoise, qui m’a envoûtée. Un récit sombre, poignant et attachant.
La famille Haarder vit sur la presqu’île d’un pays du Nord, dans le plus complet isolement. Jens transmet à sa fille, Liv, la passion qu’il a hérité de son propre père pour la nature, et surtout pour la résine, substance naturelle miracle qui peut « guérir, tuer et préserver les corps ». Mais terriblement affecté par la mort de son propre père et par celle de son fils, le frère jumeau de Liv, Jens, devient taciturne et paranoïaque, « cassé » comme les innombrables objets qu’il collectionne. Il sombre peu à peu dans la folie, entrainant avec lui sa famille qu’il veut absolument protéger contre un monde extérieur qu’il juge hostile et dangereux. Il va vivre reclus, barricadé derrière une montagne d’objets. Son épouse, Maria ne sort plus, devient énorme et reste alitée, entourée de livres et de cahiers de notes. Liv est déscolarisée et sort uniquement la nuit pour voler de quoi survivre. Par amour pour son père, Liv devient alors complice de ses dérives.
Nous suivons Liv, adolescente déscolarisée à l’existence sordide et abjecte, de notre point de vue, car n’ayant pas conscience de la réalité du monde extérieur, Liv est heureuse là où elle est. L’amour que lui portent ses parents lui suffit, la communion avec la nature en marge de la vie sociétale la comble. A l’âge où tout ado lambda découvre ses premiers émois. Liv vit elle aussi « ses premières fois », à commencer par le meurtre de sa grand-mère assassinée par son propre père… L’homme avait de bonnes raisons de le faire : protéger sa famille du monde extérieur, car la vieille dame menaçait de venir chercher Liv pour l’emmener vivre en ville. La mère de Liv assiste impuissante à la descente aux enfers de sa famille : devenue impotente, privée de parole, elle s’exprime par des notes qu’elle adresse à sa fille, ne sait si elle doit considérer sa vie comme un conte de fée auprès d’un mari aimant ou comme un roman d’horreur tant sa folie les aspire.
L’écriture « douce » nous berce, mais nous entraine peu à peu sur une pente glissante : le monologue de Liv qui raconte son enfance possède le ton juste, candide, naïf parfois. En sécurité auprès de sa famille, portée par leur amour le plus pur, la jeune fille ne voit pas l’horreur des actes commis par son père, un homme qui cherche uniquement à protéger les siens. L’auteure joue sur cette ambivalence et nous prend au piège : elle nous explique l’histoire de Jens, son vécu avec ses propres parents, le traumatisme lié au décès de son père qu’il vénérait. Donc on finit par comprendre les blessures de cet homme désireux de vivre en marge de la société et qui souhaite coûte que coûte protéger sa famille. Résine a des allures de conte survivaliste qui n’est pas sans me rappeler, par le style, Préférer l’hiver d’Aurélie Jeannin. J’ai été attirée par la couverture: la poupée démembrée évoque évidemment l’enfance brisée, et je m’attendais à un thriller scandinave d’une autre nature, j’ai été surprise de trouver ce type de récit, toutefois pour le côté sombre, nous sommes habilement servis: je n’ai jamais rien lu de tel, et j’ai été fascinée par l’imagination de l’auteure. Le récit est prenant, tragique, subtil, parfois inégal peut-être mais inédit assurément !
Je remercie Pierre Krause de Babelio, ainsi que les Editions du Seuil pour cette excellente lecture.
C'est une petite fille , Liv, qui est l'héroïne de ce roman , comme on a pu en trouver dans "My absolut darling" ou "Débâcle".
Cette petite Liv est aimée de ses parents, vit avec un double perdu, son frère jumeau Carl.
La famille vit seule sur une toute petite île, et son père lui apprend les secrets de la nature, des arbres, et surtout de la résine qu'il est possible de récupérer sans les blesser.
Elle apprend certes beaucoup de choses , mais l'essentiel lui manque, et elle ignore ce qu'est le mal, tout se confond, et quand l'esprit dérangé de son père qui souffre entre autre du Syndrome de Diogène l'amène à voler voire pire, c'est innocemment qu'elle agit.
Après un drame épouvantable , on lui donnera les quelques lettres que sa mère lui adressait du fond de son lit d'où elle ne pouvait sortir tant cette beauté était devenue énorme que "peut-être "elle pourra s'adapter à une vie commune.
Que d'horreurs la folie peut provoquer, la traduction du danois doit être impeccable parce que le lecteur est au coeur du livre, scotché , en apnée, et ne reprend haleine pour un moment que dans les toutes dernières pages pour retomber dans une ultime phrase.
Merci à Babelio et aux Edts du Seuil pour leur confiance.
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