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Chez les Haarder, la tradition de la menuiserie se transmet de père en fils. Jens, résidant avec sa famille sur une presqu'île isolée, a hérité de son père la passion pour les arbres et leur résine aux vertus étonnantes. Éprouvé par les malheurs qui s'abattent sur les siens, Jens, emporté par une folie délirante, est prêt à tout pour les retenir près de lui... Mais jusqu'où cela les mènera-t-il ?
L'auteure nous offre un roman glauque et sombre qui nous saisit dès la première phrase. Le malaise est immédiat, mais comment en est-on arrivé là ?
Après l'annonce choquante du début, les événements se dévoilent lentement à travers la voix de Liv, qui aime son père, est fière de ce qu'il lui transmet, et lui fait confiance. Vivant en osmose avec la nature, entourée d'objets rassemblés de manière hétéroclite, Liv nous dévoile son univers.
Les lettres de la mère transmettent une profonde détresse, révélant le glissement inévitable vers une défaillance parentale dont Liv fait les frais.
L'écriture oscille entre détachement et poésie, plongeant le lecteur dans quelque chose de lugubre et de macabre, où les secrets émergent imbibés de grandes souffrances. On ressent de la peine pour Liv, exprimant des sentiments naïfs liés à son jeune âge, tout en faisant face à une gravité solitaire.
La colère monte envers cette mère invisible qui semble abandonner Liv. L'atmosphère nous piège dans cette structure où l'amoncellement trahit le vacillement et les fragilités. Un roman noir, un conte barbare, ce récit explore les profondeurs du délitement humain.
« La vieillesse est un naufrage….. »…
Et que dire de la solitude….Alma, est une vieille dame isolée de tout, et de tous. Enfermée dans sa maison, seule depuis la mort de son mari, sourde…elle attend que la vie la quitte.
Mais l’apparition d’un jeune garçon et de sa chienne, va lui redonner le goût de se lever le matin et de faire des projets. Peu à peu sa mémoire refait surface comme ses souvenirs qui ont rythmés sa vie jusqu’à aujourd’hui.
Les drames, les peines, une vengeance terrible, on se croirait dans Le Chat, le film avec Signoret et Gabin.
C’est cruel, d’une infinie tristesse, mais surtout c’est la rencontre de deux générations, pourtant très éloignées, qui vont se sauver mutuellement.
Je ne m’attendais pas du tout à cela, mais je suis tombée sous le charme. Une fois refermé, le livre restera dans votre tête….
C’est une très jolie découverte
« Je parlais souvent aux arbres qui saignaient. Je leur disais qu’ils allaient se remettre de leurs blessures, car la résine était leur guérisseuse et leur protectrice. Les arbres étaient mes amis. »
C’est avec cette même résine, que le père de Liv, « momifie » le corps de sa petite sœur décédée tout juste née, pour la conserver à ses côtés, quand il ne s’attèle pas à tuer sa propre mère venue leur rende visite pour Noel, ou à entasser tout un tas d’objets volés chez les habitants de l’autre partie de l’île de ce pays nordique, rendant la circulation quasi impossible dans cette maison, où ne circule de toute façon plus grand monde…
Et surtout pas la mère de Liv, clouée sur son lit qu’elle est devenue incapable de quitter en raison de son poids, prisonnière de ses kilos volontaires et de ce silence dans lequel elle est désormais murée, depuis qu’elle a perdu sa voix, noyée dans un désespoir trop lourd à porter…
C’est donc avec son frère jumeau à ses côtés (décédé d’une mystérieuse chute de berceau alors qu’il était bébé) que Liv évolue dans ce monde de morts vivants .
Tous morts… passés, présents ou à venir…
Car vous l’aurez compris, la vie est particulière, très particulière chez les Haarder.
Et quand on croit avoir atteint les sommets du morbide, l’ambiance se fait de plus en plus suffocante, jusqu’à ce final, qui l’est encore plus comme vous le comprendrez, si vous arrivez au terme de ce récit dense et noir.
Encore plus noir que ce noir qu’affectionne tant le père de Liv car « l’obscurité absorbe la douleur ».
On me promettait une ambiance digne des meilleurs thrillers de Stephen King : rien que ca !
Et bien, pari plutôt réussi (sans toutefois l’égaler) pour l’autrice qui tient le lecteur en haleine, et peut-être même par le col de sa chemise, le mettant sous tension, le privant parfois d’oxygène dans cette atmosphère quasi irrespirable, avant de relâcher (un peu ) la bride et le laisser respirer pour mieux l’enserrer à nouveau, sans pitié aucune.
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