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A l'occasion de la mort de sa mère, et après des années d'éloignement, le narrateur revient dans la petite ville où il a grandi. Le paysage est noyé sous les eaux. Il lui est difficile de reconnaître les lieux, les chemins, les visages, comme il lui est difficile de se confronter à sa propre mémoire, aux questions sourdes, aux secrets enfouis. Les mots parfois peuvent blesser davantage que les silences mais cela, on ne le comprend pas toujours.
Roman de réconciliation par-delà la mort, roman d'amour pour une mère, Quelques-uns des cent regrets prend au coeur. Construit comme une tragédie grecque, il possède la force et la simplicité des existences dont il se fait l'écho.
Je me souviens avoir écrit dans une critique précédente… « la petite musique des mots » en parlant d’un récit de monsieur Claudel.
Ces mots me reviennent aujourd’hui en refermant « Quelques-uns des cent regrets », un livre d’une grande nostalgie, d’une profonde humanité, un livre qui nous invite à prendre soin de ceux que l’on blesse ou que l’on a blessé et à prendre soin de l’enfant blessé qui sommeille en nous avant qu’il n’étouffe, et ne crie sa douleur en claquant une porte…que l’on regrettera d’avoir claquée.
L’histoire c’est l’histoire d’un fils et de sa mère, trop tôt devenue mère dans une petite ville provinciale ; c’est l’histoire de secrets familiaux étouffant.
L’histoire est triste, poignante, pesante et, en même temps, Philippe Claudel sait faire naître une opale au milieu de l’eau, le désir d’avancer sans oublier ni étouffer ces cent regrets…une petite musique nostalgique comme une valse lente et triste, une valse entre les eaux de cette ville où le narrateur est venu pour enterrer sa mère autrefois tant aimée.
Valse des regrets dont les notes s’enfilent comme des perles.
J’ai frissonné en lisant les dernières livres du livre juste avant de le refermer.
Et ce livre tout en retenue, en justesse, vibrant d’une émotion indicible laissera résonner encore longtemps …sa petite musique mélancolique.
16 ans sans revenir sur les lieux de son enfance et de son adolescence. 16 ans qu’il a chassé sa mère de sa vie. Maintenant, 16 ans après, il va assister à son enterrement. Tout lui revient, surtout le secret de sa naissance « je suis né dans un très jeune ventre de seize ans … j’ai fait sombrer une enfant dans le monde des mères. Ma venue l’a fait glisser dans la nuit. La nuit de l’abandon et de l’étroite amertume.
La note de couleur est apportée par la robe aux cerises : « Elle était vêtue d’une robe que je connaissais bien, petite robe d’été aux motifs bouquets de cerises dont elle était jadis si fière », comme ce tableau, dont j’ai tout oublié, sauf cette trouée de lumière sous l’orage. Et bien, cette robe c’est cela : une trouée de bonheur dans la grisaille.
Philippe Claudel, tout en retenue et mélancolique nous parle des liens filiaux, de toutes nos lâchetés, le tout sans pathos. Sa description des personnages secondaires, de ces paumés, l’hôtelier, le curé de la paroisse, nous les rend aimable. Par leur intermédiaire, il nous interpelle. Dure question que pose le curé : « Demandez-vous pourquoi votre mère est morte ! Cette question n’a cessé de me tarauder, une fois les draps tirés sur mes épaules et ma journée d’errance » Et Jos, l’hôtelier ruiné et alcoolique de lui sortir cette belle parabole : Et bien nous autres les hommes, quand on se blesse, ou qu’on blesse quelqu’un, nos perles à nous ce sont les regrets, on se fabrique de beaux regrets, et dans une vie, qu’on soit prince, cordonnier ou sénateur, nos regrets sont écrits sur un grand livre, un superbe livre avec beaucoup d’or et d’enluminures, Le livre des dettes qu’il s’appelle, ils sont écrits et comptés, et chaque fois qu’un regret est écrit, on pleure, on souffre en pensant à lui, mais ça nous donne la force d’aller vers le suivant, et ainsi se passe la vie, de regret en regret, comme un saute-mouton, la vie dans laquelle nous avons cent regrets, pas un de plus, pas un de moins, on peut faire des pieds et des mains, on n’aura jamais droit à plus de cent regrets. »
Le narrateur revient dans son village alors que l’inondation gagne du terrain et enserre le petit village. Est-ce une image, une métaphore, mais la crue enfle et inonde une grande partie du village jusqu’à l’enterrement de sa mère et, lorsqu’il accepte de ne pas ouvrir l’enveloppe, où elle a écrit : « Voilà ce que tu voulais tans savoir » la décrue arrive.
Une ode à l’amour maternel, un livre tout en délicatesse que j’ai beaucoup aimé lire et qui aura une place de choix dans ma bibliothèque, comme tous les autres livres de Philippe Claudel
Philippe Claudel n'est pas un écrivain. C'est un poète. 2ème livre que je lis de lui et toujours la même bouffée d'émotion.
J'ai rarement lu un libre aussi beau et émouvant mais je ne suis peut-être pas tout à fait objetcive car j'adore Philippe Claudel qui reste pour moi l'un des plus grands écrivains français de notre époque. Ce livre continue de nous bouleverser longtemps après avoir refermé la dernière page, tant par l'histoire qu'il raconte et qui va chercher au plus profond du sensible et de la douleur, que par le style de l'auteur qui est absoluement magnifique. Je l'ai lu il y a plusieurs années et j'en conserve un souvenir impérissable.
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