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Le 10 mai 1968, les lycéens créent la surprise en rejoignant par milliers les étudiants dans la « nuit des barricades ».
On découvre alors les Comités d'action lycéens (CAL).
Dans les manifestations, dans les 300 lycées occu- pés, de jour comme de nuit, ces jeunes qui n'ont pas encore le droit de vote s'organisent en assemblées, commissions, comités, rédigent des cahiers de reven- dications, élaborent des projets de réforme tout en participant à la révolution de Mai. L'un d'entre eux, Gilles Tautin, y perdra la vie.
Au cours de ces « années 68 », le mouvement lycéen passe de la dépendance à l'autonomie et, toujours plus nombreux dans la rue et dans la grève. Il symbolise le « péril jeune » qui effrayait tant les conservateurs.
En 1973, la jeunesse lycéenne fédérera des cen- taines de milliers d'étudiants, de collégiens, d'élèves du technique contre la réforme des sursis militaires.
On les retrouvera nombreux dans les comités de sol- dats et au Larzac.
Mais après le premier choc pétrolier vient la crise, le chômage. La contestation de l'ordre établi paraît moins virulente, les revendications anti-autoritaires laissent place à des préoccupations plus syndicales.
Les réformes scolaires, celles des ministres Fontanet en 1974, Haby en 1975 et 1976, sont au coeur des luttes, et de plus en plus la question de l'emploi. Aux mouvements printaniers ont succédé les mobilisations d'automne.
Certes, la spontanéité, l'inventivité demeurent, mais l'insouciance n'est plus. 68 s'éloigne avec la succession des générations...
Quand les lycéens prenaient la parole est une contribu- tion à l'histoire de cette décennie qui a mis la jeunesse scolarisée sur le devant de la scène.
Les auteurs, témoins et acteurs de ce mouvement lycéen, ont l'ambition de donner des repères et faire comprendre le climat de l'époque. Le livre donne une grande place aux documents : tracts, dessins, journaux.
Des acteurs de l'époque, ces « élites obscures » comme les appellent le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier-mouvement social (éd. de l'Atelier), qui ont alors entre 16 et 18 ans, livrent leur témoi- gnage sur le « moment 68 » : le cinéaste Joseph Morder raconte « comment j'ai eu mon bac en 68 » au lycée Turgot ; Colette Portman évoque les collégiennes des Comités d'action de l'enseignement technique ; Pa- trick Rozenblat (lycée Jacques-Decour, Paris) ; Jacques Syrieys (lycée de Rodez). L'historien Didier Fischer évoque le CAL de Rambouillet dont il a retrouvé les archives.
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