Les clés pour aborder le dernier livre de Régis Debray, "Civilisation, comment nous sommes devenus américains" (Gallimard)
Les clés pour aborder le dernier livre de Régis Debray, "Civilisation, comment nous sommes devenus américains" (Gallimard)
Debray est un peu comme un grand oncle, voire un grand frère, qui vient partager quelques souvenirs et / ou réflexions avec un style assez particulier d’un amoureux des mots et des jeux autour des mots. Et on passe souvent plutôt un bon moment ensemble. Faut dire que Debray a plusieurs vies : normalien, guérilleros ayant ses entrées à Cuba (et n’ayant plus le droit de rentrer aux USA), conseiller à l’Elysée de Mitterrand, Membres du Conseil d’Etat, fondateur de la Médiologie, membres de l’académie Goncourt, … et n’oublions pas son « Eté avec Paul Valéry » …
Après son AVC en 2021 Debray a partagé en 2023 « Où de vivants piliers » sur quelques écrivains / penseurs / poètes qui ont croisé sa vie (Aragon, Barthes, …) et puis Bref (en 2024) et enfin Riens (2025).
Rien c’est déjà beaucoup (comme chantait Gainsbourg) … alors au pluriel ! Et comme le précise RD : « … il faut des riens pour faire une vie »p 11
Et Debray glisse des instants de (sa) vie en quelques mots qu’il faut saisir au vol (comme cette fausse exécution où il était au bout des fusils) mais aussi, et surtout, des rencontres et des relations fortes. Le temps semble venu de saluer ces petits riens de sa vie qui ont compté ; et particulièrement certaines proximités, même si elles se sont distendues (comme avec Simone Signoret), ou qu’elles se soient construites avec des changements de cap de la part de Debray (particulièrement avec Bernard Pivot) ; …
Plusieurs textes en italique soulignent un hommage un peu plus appuyé du plumitif : Pivot, Maspéro, Gracq, Morin, Hessel, …
Et puis on sent que l’âge s’affirme et que le matou vieillissant accepte de profiter de ce qu’il est encore en mesure de faire et / ou d’apprécier.
J’aime ces moments (trop ?) courts de papotage, pas si légers que cela. On a envie d’en demander « encore un pour la route ».
Debray nous fait partager quelques-uns de ses éveilleurs / incitateurs, de ses éveilleurs / accompagnateurs de pensée qu’il a choisi de présenter par ordre alphabétique « pour pallier le désordre des remenbrances autant que celui d’un cœur volage ». Il glisse au passage quelques disgressions. Une fois encore on (je) a(i) l’impression d’être avec un vieux copain avec qui on (je) partage des proximités, des plaisirs, des peines, des illusions, ... Pas un séminaire ou une séance de travail, pas non plus une mise en lumière de tous les (ses) piliers (Valéry, et de nombreux philosophes se sont pas dans cette liste alors qu’ils comptent) juste une conversation, sans plus de prétention.
Mais quand même avec son style … d’ailleurs en parlant de style : « Le style, c'est comme la course à pied, difficile de faire semblant. On ne sentirait pas à bout de néologismes … cela ne se trouve pas en accumulant des fiches et des apostilles. Pour pouvoir rivaliser avec Colette ou Giono, on doit mettre sa peau sur la table. La dialectique ne suffit pas, il faut fouiller l'épidermique. C'est un peu dommage car les carottes sont déjà cuites quand on commence à y prendre goût. » p 59
Sa liste : Aragon / Aveux / Barthes / Bibliothèque / Céline / Char / Contrôleurs / Cordier / « écrivain / philosophe » / Famille / Frances / Gary / Genevoix / Giono / Gracq / Livre / Maisons / Mauriac / Mixité / Morand / Nourissier / Obsolescence / Orphée / Perec / Protocole / Proust / Rives / Saint John Perse / Sartre / Trinité / Vitesse / Voyages / Yourcenar.
Peut-on être déçus de la construction européenne? C'est même une certitude. Mais cet échec ne s'inscrit pas dans la conception même de l'Europe? C'est à cette question que M. Debray se penche avec un esprit aiguisé.
Régis Debray nous présente douze interviews concernant douze produits ou sujets, une analyse globale qu'il nommera "un échange de bons procédés" de la culture franco-américaine : le vin, le temple, le jazz, le féminisme, la pizza, la langue, le polar, la BD, l'automobile, le remake, le glamour et l'art.
Journaliste, critique gastronomique, philosophe, linguiste, rédacteur en chef de revue, essayiste, historien, tous répondront avec compétence et pertinence aux questions de l'auteur de ce superbe livre joliment illustré.
Ne pas hésiter à en faire l'acquisition pour son plaisir personnel ou encore pour l'offrir !
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
Lara entame un stage en psychiatrie d’addictologie, en vue d’ouvrir ensuite une structure d’accueil pour jeunes en situation d’addiction au numérique...