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"La course à pied, au sens large du terme, contient tout ce que l'Histoire contient d'histoires : de l'ère paléolithique à nos jours, elle incarne le drame humain, ses passions, ses conquêtes, ses victoires et ses défaites. D'un point de vue sportif, la course est un enfant sauvage, un mauvais élève, parce qu'elle ne répond à aucune règle, ne retient aucune leçon : la course se pratique quand on veut, où on veut, avec ou sans matériel, seul ou à plusieurs.
Elle ne s'alourdit d'aucune contrainte, elle est la liberté de l'homme à chercher dans sa douleur, dans sa vitesse, dans ses capacités physiques, morales et psychologiques, la force d'avancer, même s'il s'agit de revenir au point de départ : car en course, lorsqu'on part sans se poser de questions, il arrive souvent que l'on trouve une réponse dans sa lancée."
http://leslivresdejoelle.blogspot.com/2018/08/petit-eloge-du-running-de-cecile-coulon.html
Avec cet essai sur le running Cécile Coulon nous propose un Marathon littéraire avec trois ravitaillements pour que le lecteur puisse reprendre son souffle.
Issue d'une famille sportive où tout le monde court, Cécile Coulon a pratiqué très jeune la course à pied en famille. D'abord loisir familial, elle a ensuite recherché la performance et participé à des courses officielles. La course est devenue un besoin pour son corps, elle avale aujourd'hui environ quarante kilomètres par semaine et déclare que cette pratique lui est indispensable comme Haruki Murakami pour pouvoir écrire . "J'écris en courant. L'histoire se construit pendant que les jambes bougent".
Cécile Coulon parle de la solitude et de la souffrance du coureur, de son masochisme, "il faut aimer souffrir pour aimer courir", de la liberté que procure ce sport. Elle détaille le rôle de chaque ravitaillement et décortique ce qui se passe pendant un marathon, l'allégresse des dix premiers kms "où on se croit invincible", la fatigue qui apparait à mi-parcours jusqu'au moment inévitable du "mur", sensation d'impossibilité d'aller plus loin "C'est cela, le mur : la sensation que le monde entier s'abat sur soi.", la force mentale indispensable pour gérer ce mur de douleurs et les douleurs de l'après course.
Lu par curiosité car j'aime beaucoup ce que fait Cécile Coulon, je suis tombée sous le charme de ce petit essai passionnant et très complet. Elle parle (entre autres...) de l'étymologie du verbe courir, de la course qui a d'abord servi à l'homme pour se nourrir, de la naissance du marathon, des premiers jeux olympiques, des raisons de l'engouement actuel, de l'histoire des vêtements et chaussures portés par les coureurs, de la mode et du marketing qui se sont emparés de ce sport naturel qui ne nécessite pratiquement rien, qui normalement ne coûte rien...
La course comme addiction, la course dépassement de soi, la course recherche de ses limites physiques et mentales, la course expérience de joie et de douleur... Cécile Coulon m'a presque donné envie de m'y mettre !
Chère Cécile Coulon,
J’ai aimé ce moment en votre compagnie ! Il m’a semblé, même, vous avoir à mes côtés, au fil des pages. Je veux dire en cela, physiquement ! Véritable don d’ubiquité littéraire ou vrai cas de psychanalyse ? J’ose à peine vous avouer que je me suis accroché à cette amitié éphémère et qu’une fois le livre terminé ce fut, pour moi, une douloureuse séparation. C’est à chaque fois pareil ! J’aime à côtoyer l’auteur(e), à me l’imaginer.
A lire « petite éloge du running », j’ai aimé vous voir joyeuse, intrépide, fraîche, espiègle et de temps en temps mélancolique. Je ne vous connais pas évidemment. Je perçois seulement. Vous me direz.
J’ai aimé, quand l’écriture se fait douleur, vous voir tout envoyer valser. Les tasses de thé, les préjugés, les angoisses…
J’ai aimé, alors, quand vous prenez vos baskets et que vous allez courir. Courir, vite ! Vous reviendrez plus sereine et plus calme. Et vous reprendrez le fil de l’écriture.
J’ai aimé, à la lecture, appréhender « le petit peuple du bitume ». Au fil des pages, me sentir privilégier. Ligne après ligne, accompagner ces flibustiers de la course à pied. Idéalement situé sur le bord de la route littéraire. Souffrir pour elles, pour eux (enfin, au fond d’un canapé, un soir de pluie avec un thé au caramel !).
J’ai aimé les scruter aux ravitaillements ces stakhanovistes aux longues courses. Sont-ils fatigués, exténués, phagocytés ? Ou alors ont-ils les jambes pour aller jusqu’au bout.
J’ai aimé être au 30e kilomètre, là où ça fait encore plus mal (à ce qui paraît !). Il y a donc un mur, invisible. Un espace surnaturel, un trou noir qui perturbe la gravité terrestre. On ne peut plus avancer, ou bien on avance, mais douloureusement. A chaque foulée. tout paraît plus difficile, plus dur.
J’ai aimé, surtout, être là, sur la ligne d’arrivée. Partager avec eux cette indescriptible jouissance d’avoir terminé cette course.
J’ai aimé que vous évoquiez Pierre Morath et son documentaire « free to run ». Nous l’avions invité à la première édition du festival lettres et images du sport à Bressuire. Ce fut un moment très agréable. Un chic type. Et Suisse de surcroît
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