" Penser la ville heureuse n'implique aucun angélisme, affirme Renzo Piano. Je relie l'idée à Italo Calvino écrivant dans ce livre magnifique, Les Villes invisibles : " Il faut dans l'enfer reconnaître ce qui n'est pas l'enfer et lui consacrer de l'amour et du temps. " Dans les villes, même les plus malheureuses, il y a toujours un lieu qui échappe au malheur - c'est la ville heureuse : le travail consiste à le détecter et à lui redonner force. L'essentiel étant que la ville se renouvelle à partir de ses meilleures parties et non, au contraire, que le pire déteigne sur l'ensemble.
Nos villes européennes sont belles parce que le temps les a dessinées, non les architectes, et qu'elles ont grandi par croissance organique. Lyon, comme Gênes ma ville natale, sont les miroirs des mille et une histoires vécues par les hommes. Avec la Cité internationale, créer à Lyon un morceau de ville en moins de vingt ans aurait été dangereux et, même ainsi, je croise les doigts puisqu'un architecte ne peut être sûr à cent pour cent de ce qu'il fait - même si une vision urbaine le guide, comme ici la rue intérieure. "
L'ouvrage propose une étude dans les oeuvres majeures de Renzo Piano, analysée du point de vue de leur impact urbain, avec une accentuation sur la Cité internationale de Lyon, nouvelle polarité entre fleuve et parc, pièce urbaine, innovante à bien des égards. Au-delà de sa réussite plastique, elle illustre de façon exemplaire la continuité politique nécessaire à la concrétisation d'un projet urbain ambitieux, la créativité et le professionnalisme tenace de ses concepteurs comme de ses maîtres d'ouvrage, toutes conditions indispensables à la fabrication d'une ville heureuse.
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