"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Tu ne ressembles pas du tout au bébé dont j'avais rêvé. Le soir, lorsque je m'endormais en caressant mon ventre, j'imaginais un autre enfant. En bonne santé, dodu, joufflu et avec des cuisses potelées. [...] ».
Héloïse et Pierre ont tout pour être heureux. Mais quand leur premier enfant naît grand prématuré, à 600 kilomètres de chez eux, leur quotidien bascule.
Peau à peau raconte un long combat pour la vie, où chaque jour qui passe est un jour de gagné. Grâce à des rencontres exceptionnelles, ce couple dans la tourmente découvre que les grandes victoires sont les plus petites, celles qui se gagnent au fur et à mesure et avec beaucoup d'amour.
Peau à peau d’Héloïse des Monstiers
Je viens de lire carrément d’une traite, le livre d’Héloïse des Monstiers, Peau à Peau, que j’ai reçu des Editions Buchet Chastel. Ce livre est le témoignage d’un jeune couple Pierre et Héloïse « qui se sont rencontrés par hasard » dit-elle à Paris un soir dans un café : « Pierre fêtait ses trente ans. On se connaît ? Enchantée, moi c’est Garance ; En vérité je m’appelle Héloïse mais à cet instant j’avais décidé de m’appeler Garance cette femme libre et audacieuse qui fait tourner la tête à tous les hommes dans les enfants du Paradis. J’ai toujours aimé séduire. » Après cette soirée tout est allé très vite. Le oui, le mariage, « deux cent cinquante invités, un château médiéval en guise de décor et une voiture de collection flamboyante à la sortie de l’église. » Mais, Héloïse ne tombe pas enceinte alors qu’autour d’elle Rachel une de ses amies s’illumine de bonheur en lui annonçant lors d’une soirée entre filles, quelle attend comme l’on dit un heureux évènement. Héloïse est une battante. « J’avais décidé qu’au lieu de haïr ce corps, j’allais l’aider. Le parcours du combattant commençait. » Un parcours semé d’embuches comme l’écrit Héloïse en juillet 2011 mais pas seulement dû aux traitements, comme vous allez le lire : « Vous êtes stérile. Je plains votre mari. Une femme même pas bonne à faire des enfants, pauvre homme ! C’est ce que m’avait balancé le gynéco, pendant que j’étais à poil, les jambes écartées, et les pieds dans les étriers. » Mais la nature a des ressources insoupçonnées et alors « que nous essayons depuis seulement dix-huit mois » un test révèle qu’Héloïse est enceinte. « Je n’ai même pas eu besoin de fécondation in vitro pour y arriver. » Novembre 2011, « Cela faisait quatre mois que notre petite Garance existait dans mon ventre. Le ventre badigeonnait sur l’écran on pouvait voir notre bébé, 20 cm de vie et déjà 700 grammes. » Le 28 décembre à 3 heures du matin Héloïse est réveillé par des coups violents. « C’était mon corps qui tonnait de l’intérieur ». Quelques heures après les pompiers débarquent. Héloïse après un long trajet sur les routes de montagne arrive à l’hôpital de Thonon les Bains. Un médecin entre : « Le cœur de votre bébé bat. Nous allons passer à la salle d’accouchement. Comment cela je ne suis qu’à six mois de grossesse. Le verdict tombe : Vous êtes à trente semaines d’aménorrhée. Nous allons ranimer le bébé, pas sûr qu’il survive. Il va falloir être courageuse et efficace, votre enfant est trop faible pour supporter un accouchement difficile. » Un pédiatre arrivera par la suite : « naissance au terme de 30 semaines d’aménorrhée, par voie basse non instrumentale. Présentation par le sommet, liquide amniotique clair, 1400 grammes. Apgar à 1 minute : 4. » 6 heures du matin, le véhicule du Samu roule vite sur la bande d’arrêt d’urgence, sirènes hurlantes. A l’intérieur le docteur Michel Taber, pédiatre-réanimateur et Cécile, infirmière puéricultrice chevronnée. Plusieurs chapitres vous mettrons sans nul les larmes aux yeux lorsque vous vivrez jour après jour avec Héloïse et Pierre, le combat héroïque de Garance au Centre hospitalier de Chambéry dans ce service de réanimation néonatale, ou la vie de Garance, passera par des hauts et des bas. Vous découvrirez l’extraordinaire dévouement des médecins, des infirmières qui font tout ce qui est possible pour qu’un bébé de grande prématurité, se fortifie, puisse respirer par lui-même et se nourrir de lait maternisé. Vous découvrirez cette chaine humaine, ou l’on donne quelques millilitres de lait provenant de mères qui l’ont précautionneusement conditionné avant de l’apporter au lactarium . Peau à peau, « c’est une pratique née en 1978 en Colombie. Dans le service de néonatalogie de la maternité de Bogota, les incubateurs manquaient. Les soignants ont proposé aux parents d’installer leur nourrisson contre eux afin de les réchauffer. La température des touts petits s’est alors stabilisée à 37 degrés. En répétant ce geste (qui peut être effectué aussi bien par la mère que le père) le constat était sans appel : les bébés se développaient mieux et surtout sans stress. La machine n’est pas toujours l’avenir de l’homme. » Peau à peau raconte ce long combat pour la vie ou chaque jour est un jour gagné. Je vous invite à lire ce livre, ce document de ce couple dans la tourmente. Vous serez au cœur de leurs joies, leurs peines, vivrez des moments de tension, lirez les réflexions de l’auteure ancienne journaliste, sur la politique de santé, la sécurité sociale (avec le coût exorbitant des semaines en réanimation avec du personnel ultraspécialisé et des machines dernier cri.) Mais surtout vous découvrirez beaucoup d’amour, de passion, de professionnalisme ; des lettres touchantes des personnels de ce réanimation néonatale de Chambéry, lors du départ de Garance vers un hôpital Parisien en service de néonatologie, avant de retrouver la chaleur du domicile parental. « Voulant découvrir nos montagnes, tu as décidé d’arriver un peu trop en avance. Ta plus belle chance, avoir un papa et une maman qui étaient prêt à devenir parents pour t’accompagner…Deviens une charmante jeune femme pleine de vie et de projets. Bonne route petite princesse et prends soin aussi de tes parents. Cécile. » Après quarante jours ici, c’est le départ. « La réa, on pleure quand on y arrive. On pleure quand on la quitte. Ce petit mot placardé par un parent dans le service de réanimation, sonne si juste ! Notre fille est prête à partir elle a franchi la barre des 2 kg et a tenu plus de vingt-quatre heures sans aucune aide respiratoire et a goûté au lait en poudre industriel. « Après sept semaine et demie d’hospitalisation Garance va rejoindre sa maison. « C’est plus qu’une seconde naissance, le 18 février restera le jour de la renaissance de Garance. 28 décembre, 18 février quel enfant ne rêve pas de fêter deux fois son anniversaire ? En me donnant les papiers de sortie le pédiatre m’explique le plus sérieusement du monde que ma fille à deux âges : un âge réel, celui de l’état civil et un âge dit corrigé, qui est l’âge théorique qu’elle aurait si elle était née à terme. Rapportez vous toujours à l’âge corrigé jusqu’à ses sept ans. » Un an plus tard, jour pour jour Garance sera de retour à Chambéry pour fêter son premier anniversaire. Trois ans plus tard, à l’Hôpital Foch, Héloïse le 12 octobre 2014, donnera naissance à trente-quatre semaines de grossesse à Théo « qui pèse déjà plus de 2 kilos ». La porte de la chambre s’ouvre : « Maman, câlin maman ! Garance se précipite dans mes bras. Pierre lui présente Théo qui dort sur le ventre. Elle fait glisser ses petites mains à l’intérieur de la couveuse et caresse le dos de son petit frère : « B’jour Tho, m’appelle Garance. » Chaque naissance est unique, chaque histoire aussi, celle d’Héloïse, de Pierre de Garance ne vous laissera pas indifférent, croyez-moi sur parole. Peau à Peau d’Héloïse des Monstiers, un livre dédié à tous les pédiatres, à toutes les femmes qui donnent leur lait, à celles qui confectionnent des couvertures occultantes pour les couveuses, de minuscules bonnets, chaussons, moufles, introuvables dans le commerce, aux parents d’enfants prématurés, à l’association SOS Préma. Un livre que vous devez lire ! Bien à vous.
Ce récit de la naissance d’une grande prématurée et des soins attentifs quotidiens d’un service spécialisé est une véritable ode au dévouement et au professionnalisme du personnel soignant qui interagit pour sauver la vie de ces micro-bébés arrivés trop tôt, et qui participe également au soutien des parents confrontés à l’impensable.
Héloïse des Monstiers nous relate l’arrivée précoce de son premier enfant, la minuscule Garance, qui va lutter chaque seconde pour vivre et survivre malgré son poids de naissance de 1400g et ses organes pas encore matures. Un long chemin de croix pour elle mais aussi sa famille, ses parents ; chemin semé de doutes, de peurs, de culpabilité aussi. Cela remet en cause la natalité, la maternité, la paternité. L’amour est omniprésent, même s’il n’est pas dit, il est toujours prouvé.
On lit ce récit comme une fracture, on ressent l’angoisse, les doutes, on a les yeux rivés sur les monitorings qui aident le bébé à vivre, on est suspendu à l’avancée des jours, plus ou moins bons, on attend la suite, avec l’espoir souvent remis en question que Garance va s’en sortir, sans séquelles. Le génie d’Héloïse des Monstiers, journaliste de profession, est de nous embarquer avec elle dans cette aventure souvent évoquée en littérature de la prématurité, des services hospitaliers dédiés, de la vie de parents confrontés d’une minute à l’autre à cet enfer. On se laisse happer par une écriture fluide, légère, et toujours juste, qui nous parle avec des mots simples. Un livre au final plein d’espoir, qui débouche sur la 2e naissance de Garance, celle qui démarre sa vie de bébé sans respirateur, sans monitoring, sans assistance, celle de sa sortie d’hôpital des semaines après sa naissance dite civile. Cette grossesse n’a pas empêché l’autrice de recommencer deux fois et de donner naissance à une belle fratrie dont tous sont nés tous plus ou moins prématurés mais aujourd’hui en bonne santé.
Qui a dit que tous les hommes naissent égaux ? Chaque naissance est unique, particulière, chaque grossesse peut basculer dans un bonheur inégalé ou dans au contraire dans l’horreur. Il faut lire « peau à peau », pour apprendre et comprendre ce qui se passe lorsque tout ne se passe pas bien.
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