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Henri Coudreau (1859-1899), né comme Pierre Loti, Samuel de Champlain et René Caillié dans les landes charentaises, rêve dans sa jeunesse d'expéditions au centre de l'Afrique, mais finit par s'installer à Cayenne et parcourir les forêts de la côte caraïbe.
D'abord seul, plus tard en compagnie de sa femme Octavie, il cartographie l'intérieur de la Guyane, explore les savanes de la zone frontalière entre la France et le Brésil, avant de tourner le dos aux ministères parisiens et de se mettre au service du gouvernement de Rio. Fin 1899, lorsqu'il meurt en pleine expédition, Octavie l'enterre sur les rives du Rio Trombetas et poursuit seule la mission en cours. Quatre ans, cinq expéditions et cinq livres plus tard, elle retournera sur le lieu de sa sépulture afin d'exhumer ses restes et de les rapatrier à Angoulême.
En cette seconde moitié du xixe siècle, les zones hachurées des cartes fondent à vue d'oeil, les frontières restent à définir et le projet colonial français se dissout dans la chaleur équatoriale, mais l'attrait des tropiques reste puissant et la démesure de l'Amazonie ravive toutes les utopies. Aventuriers, anarchistes et chercheurs d'or peuplent une contrée façonnée par les guerres et les soulèvements des esclaves en fuite. À une époque où le caoutchouc déclenche toutes les convoitises, les Coudreau s'affranchissent progressivement de leurs missions pour se retirer dans un exil intérieur.
Un livre sur une fuite loin du bruit du temps, sur la liberté qu'offrent les fleuves et les mérites de la désertion.
Apprenant, fidèle à l’époque, Patrick Straumann délivre un essai kaléidoscope lucide et précis de l’ère du colonialisme au XIX siècle en Guyane, Brésil, Oyapock en toile de fond.
Documenté de photos, illustrations, cartes et plans, on ressent un outil majeur pour les historiens, les étudiants et les lecteurs.
Agréable, ludique et pertinent cet ouvrage est le point du centre des recherches colossales de Patrick Straumann.
Reflet historique, socio-politique, géographique d’une période où les aventuriers prenaient des risques pour cartographier un territoire, collecter des essences et faire resurgir les richesses d’un lieu méconnu de lui-même et des explorateurs.
Henri Coudreau (1839-1899) charentais tout comme Pierre Loti, Samuel de Champlain et René Caillé ont été les précurseurs et des scientifiques valeureux. Étant charentaise « Oyapock » prend sens.
Dans ce récit d’orfèvre, appliqué, Henri Coudreau et sa femme Octavie auront de cesse de rassembler l’épars. Les hostilités, les épreuves, les risques n’auront aucune prise sur eux-mêmes. Ils sont à l’instar de missionnaires, des héros. Dans notre contemporanéité, maintenant un peu oubliés ou controversés de par l’évolution du monde. Il faut remettre les éléments dans le contexte et Patrick Straumann le fait avec perfection.
« En juin 1883, Henri Coudreau repart cette fois-ci aux frais de la République. Comme Soleillet et Vidal de La Blache, Coudreau fait partie de cette congrégation fin-de-siècle que Joseph Conrad appelle les géographes militants. »
Homme éveillé, attentif au bien commun, Henri Coudreau « observe les élans indépendantistes avec curiosité. La bourgade sera un jour une des écoles d’application du socialisme futur. »
Voyageur infatigable, Henri Coudreau est l’emblème des quêtes et résistances intérieures. Il restera avec sa femme Octavie, toute sa vie dans ces lieux exotiques, au milieu du bercement du fleuve mythique Oyapock.
Élisée Reclus est son double, tous ces humanistes auront de cesse d’être des veilleurs d’un territoire, d’une terre. Convaincus, utopiques, et garants d’un esprit libre. L’avant-garde de nos bouleversements intérieurs, nous les apeurés et les meurtris par La Covid.
« Cette existence est peut-être une illusion, faite de la ruine de toutes les autres, mais ce dilettantisme paraît moins ennuyeux que celui des pessimistes, des nirvanistes ou même de celui des renaniens. »
Ce livre puissant est une référence. Un hommage hors pair pour Henri Coudreau. Éclairant, c’est un documentaire argumenté précieux. Un voyage dans les traces de l’Histoire. « Oyapock » le fleuve résurgence d’une littérature mémorielle. Publié par les majeures Éditions Chandeigne.
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