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Depuis 1942, Virgilio Giotti (1885-1957) est sans nouvelles de ses fils, partis pour le front russe. De 1946, date à laquelle il apprend tardivement leur mort, à 1953, il consigne sa douleur dans un carnet ; ses amis en découvriront l'existence lors de sa publication posthume en 1959 sous le titre de Notes inutiles, que Pasolini tiendra pour un chef-d'oeuvre du XXe siècle. La passion de ces notes est l'amour des fils.
Claudio Magris nous rappelle qu'« un des plus hauts passages de l'Iliade (et donc de la littérature mondiale) est celui où Hector joue avec son fils Astyanax, rêvant qu'il devienne plus grand que lui et voyant en lui la réalité fondamentale de sa vie. Mais cette très grande scène d'Homère a eu peu de suites. Rares sont les fils, dans la littérature universelle, et les sentiments qu'ils suscitent n'ont pas trouvé de représentation à la mesure de leur importance dans la vie des hommes. (.) Rares les pères qui ont écrit sur leurs fils. » Giotti, poète des humbles, des vaincus, de l'éthique de la pauvreté, de la beauté simple du monde, de la solitude essentielle, des douleurs universelles de l'homme, mais, plus encore, de la maison, de ceux qui l'habitent, de la pure et sereine joie d'être avec les siens, fait partie, avec Notes inutiles, de ces rares et bouleversantes exceptions.
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