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Najah Albukaï, 51 ans, est un dessinateur, graveur et peintre syrien. En 2012, il est professeur à l'Ecole des beaux-arts de Damas lorsqu'en juillet il est arrêté par les autorités, et transféré au redouté Centre 227 de renseignements militaires. Son crime ? Avoir exprimé, pacifiquement, au sein de l'université puis dans la rue, son aspiration à la liberté et à la démocratie. Un mois plus tard, après trente jours de torture dans des conditions de détention inexprimables et treize kilos en moins, il est libéré. Sa femme a pu soudoyer un fonctionnaire du régime.
Mais dans le système de Bachar Al-Assad, être libéré de prison ne signifie pas être libre. Pendant trois ans, il reste sous le feu et dans la peur permanente des bombardements, des tirs de roquette, des attaques aériennes. Il se sait toujours recherché, le danger se rapproche, il décide alors de fuir par la frontière libanaise. Il est arrêté le 3 septembre 2014, retourne au centre 227, est ensuite transféré dans une autre prison, celle-ci de droit commun. Pendant plus de 10 mois de nouveau la torture, de nouveau des conditions de réclusion qu'on n'imagine même pas pour des animaux.
Une fois sorti de geôle, toujours sous le coup permanent d'une nouvelle arrestation, Najah entreprend grâce à son épouse et le soutien de proches, notamment ses frères installés en France et au Koweït, de réunir 18 000 euros grâce auxquels un juge corrompu accepte d'effacer son nom des listes. Et c'est ainsi que le 3 octobre 2015 il franchit la frontière avec le Liban, et deux mois plus tard atterit en France, en Vendée. Aujourd'hui, il vit dans une HLM de l'Essonne.
Lorsqu'en prison il partage 15 m2 avec 70 co-détenus, subit le supplice de la chaise allemande, vit au milieu des corps démembrés et charrie les cadavres, lorsqu'il découvre la liberté au moment de fouler le sol libanais, jamais il ne renonce à dessiner. Najah a noirci des milliers de feuilles, même au stylo bille, pour raconter, pour exorciser. Pour témoigner.
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Ce livre douloureux mais essentiel est le témoignage graphique le plus vrai sur les prisons du régime syrien.
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