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Lorsque la première édition du texte d'Adélaïde Haurval paraît en 2006, il est le premier, depuis les années 1960 (Les Médecins maudits, Christian Berdanac) à témoigner des expérimentations nazies sur les prisonniers des camps de concentration. Douze ans plus tard, la recherche s'est emparée du sujet, puis les médias et le grand public autour du très populaire Hippocrate aux enfers de Michel Cymes (Stock, 2015). Republier ce témoignage aujourd'hui lui permettra de rencontrer un nouveau public, peut-être au-delà de la cible habituelle de la collection.
Pour le docteur Adélaïde Hautval, fille d'un pasteur alsacien, ce qu'elle appelait les « valeurs premières » devait demeurer, quelles que soient les circonstances. Elle eut à les défendre au péril de sa vie lorsqu'elle fut déportée à Auschwitz en janvier 1943, avec deux-cent-cinquante Françaises, arrêtées dans la Résistance.
Affectée comme médecin au Block des expériences médicales sur la stérilisation, elle réussit d'abord à ne faire que soulager les jeunes martyrisées, observant scientifiquement les horreurs perpétrées par les médecins SS. Mais quand elle reçut l'ordre de prêter la main aux actes criminels, elle refusa. Elle s'était préparée à cet éventuel refus et à la mort qui s'ensuivrait. Elle fut sauvée de l'exécution par une détenue politique allemande, chef de l'infirmerie. En 1946, elle jeta sur le papier plusieurs épisodes de ce qu'elle avait vécu, mêlés de courtes réflexions sur les drames profonds qui se posaient aux déportés pour maintenir le cap de « l'inviolabilité et de la primauté de la personne humaine ».
Je referme la dernière page de ce témoignage et reste figée, ébranlée, par ce que je viens de lire. « Médecine et crime contre l'humanité : le refus d'un médecin déporté à Auschwitz de participer aux expériences médicales » est un ouvrage en 3 parties, chacune ayant son importance.
Une postface importante et une préface ainsi que des témoignages et des extraits de lettres encadrent le témoignage du docteur Adélaïde Hautval.
Ce médecin a très tôt refusé de considérer les juifs autrement que comme des patients ordinaires, sa prise de position ferme la fera emprisonner puis interner dans plusieurs camps de déportation. Son statut de médecin la sauvera mais l'amènera à être confrontée à des choix difficiles face à un Mengele ou à d'autres « médecins » nazis.
Elle nous parles des camps, du manque d'hygiène, de l'absence de médicaments, des amies qui disparaissent, de ses efforts pour sauver des vies à l'infirmerie mais aussi de son refus de participer aux expérimentations, cruelles, dures et contraires à son éthique de médecin. Cette Femme, avec un F majuscule, très simple et qui a toujours refusé de se mettre en avant, mérite toute notre admiration.
J'ai personnellement apprécié la postface qui éclaire avec ses témoignages ce que la pudeur de cette Femme n'a pas souligné. Par contre avoir lu la préface m'a gâché la découverte du témoignage du Dr Hautval car elle n'en est qu'un résumé éclairé du contexte. Mon conseil, si vous lisez cet ouvrage, lisez la préface après le témoignage.
Comme vous vous en doutez à la lecture de ces quelques lignes, je conseille à tous cet ouvrage sur cette femmes qui n'est pas suffisamment connue et remercie cette collection « résistance poche » des Éditions du Félin de faire connaitre ces justes silencieux et pudiques.
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