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Cinq récits qui mettent en scène la même première personne du singulier, la même narratrice. En pleine confusion, semblant se débattre contre ses démons intérieurs, elle se retrouve dans des situations oppressantes, des fuites, des traques ; une maison avec une pièce aveugle dans laquelle se retrancher, une partie de cache-cache primitive et violente… Des récits si complexes qu’on ne sait s’ils sont de l’ordre du réel ou de la fantasmagorie. Une voix neutre et clinique revient à chaque fois, pour expliquer les expériences de mort subite, la décomposition d’un cadavre ou encore la mort cérébrale.
Certains passages sont particulièrement répugnants. On ne comprend pas où l’auteure veut en venir, on est désorientés, un peu écœurés… On a l’impression d’un personnage qui se cherche, qui fouille dans les méandres de ses pensées, de son passé. Qui tente de raconter la douleur, mais laquelle ?
Ces récits sont comme autant d’introspections d’une souffrance passée. Ce sont des tentatives de s’échapper, de trouver quelque chose, de mettre des mots sur quelque chose, de raconter ce qui n’est pas racontable ? Les thèmes reviennent comme une obsession : la perte de conscience, le coma, l’accident vasculaire cérébrale, les expériences de mort subite. En fait, ce sont les défaillances du cerveau humain qui semblent exposés.
Au cœur de ces cinq récits, tous ces mots-maux fourmillent pour tenter de raconter la perte, la mort, la rupture, qu’elle soit amicale, familiale, la perte des facultés mentales aussi. Comme dans la plupart des romans d’Olivia Rosenthal, on est jamais loin de la folie.
C’est une écriture de la perte de raison, toujours aussi efficace et hypnotique ; il s’en dégage une force incroyable qui nous laisse sur le carreau.
Il y a des ouvrages, comme celui-ci, qui interpellent. Que ce soit en raison d’un titre énigmatique ou à rallonge, une couverture qui laisse transparaître un petit quelque chose de dérangeant, ou encore tout simplement le nom de l’auteur, qui a déjà derrière lui une œuvre originale, singulière. Ces trois caractéristiques, on les retrouve avec la parution en format poche de l’ouvrage d’Olivia Rosenthal, Mécanismes de survie en milieu hostile. Un auteur particulièrement talentueux qui signe un roman au titre ambigu et mystérieux, porté par une illustration de Philippe Bretelle, mettant en scène des enfants à la chevelure jaune flou, que l’on dirait tout droit sortis d’un film d’horreur.
De l’œuvre d’Olivia Rosenthal surgissent les mêmes thèmes, une récurrence qui permet à l’auteur d’explorer ses angoisses et les nôtres, nos peurs qui nous font et nous défont, et de décrire les effets avec l’œil acéré d’un physiologiste et d’un psychanalyste. Mécanismes de survie en milieu hostile repose sur ces angoisses et, à travers cinq récits, parvient à décrire cette nécessité qui s’empare de l’homme lorsqu’il se trouve en mauvaise position, cet instinct animal qui resurgit, essentiel, indispensable.
Tout débute par une jeune fille qui en abandonne une autre sur le bord de la route, un poids mort qui l’empêchait d’avancer et de rejoindre le plus rapidement possible son village. Les faibles n’ont aucune échappatoire, seuls les plus forts survivent. Car la jeune fille est poursuivie. Une menace semble devoir s’abattre sur elle, une menace qui semble prendre la forme d’un groupe d’individus. Qui sont-ils, que veulent-ils ? Ces simples questions effleurent à peine l’esprit du lecteur, car elles ne sont pas essentielles. L’intérêt réside dans cette volonté d’échapper à cette menace, dans cette envie de survivre. On apprendra plus tard, dans la lecture, qui est cette jeune fille abandonnée au bord de la route, un abandon qui hante la narratrice, qui la plonge dans un cauchemar.
Olivia Rosenthal déploie alors son sublime style pour mettre au point un roman expérimental et esthétique. Des cinq récits qui ne présentent aucuns liens narratifs se distingue peu à peu un fil conducteur, qui renvoie à cet abandon et à la disparition d’un être cher. L’auteur explore alors le deuil, les émotions abondent, foisonnent avant d’être mises à distance, remplacées par une description clinique, froide de l’enveloppe charnelle abandonnée par l’existence. Le roman devient cathartique, salvateur, une sorte de manuel pour apprendre à revivre après le deuil et l’on ressort de la lecture à la fois chamboulé et charmé par l’incroyable travail qu’Olivia Rosenthal opère sur la langue et les mots et le soin tout particulier qu’elle accorde à son récit.
Quel étrange roman que celui-ci.... Mais d'ailleurs, est-ce un roman ? Un récit ? Un recueil de témoignages ? Olivia Rosenthal laisse à son lecteur le soin de rentrer dans l'histoire et de se l'approprier à sa manière. Lecteur qui, comme moi certainement, se demandera dans quel monde on navigue et où on va ! L'histoire commence par ce que l'on pense être une traque : la narratrice (une jeune fille ?) abandonne dans un fossé, sa compagne de route (soeur ? amie ?... blessée ? mourante ?) pour pouvoir poursuivre sa fuite sans entrave. Est-on dans un cauchemar ? Dans la réalité ? Sans indication de temps ni de lieu géographique, on chemine avec cette jeune fille et l'histoire qu'elle nous conte. Traquée, cachée, apeurée puis sûre d'elle, invisible puis se livrant au grand jour elle semble nous accompagner sur l'étrange chemin de la lisière de la vie...
Un peu perplexe au départ, j'ai poursuivi ma lecture pour essayer de comprendre où la narratrice voulait m'emmener. Ce qui m'a permis de poursuivre ma route avec elle, c'est la construction du récit qui a aiguisé ma curiosité : Olivia Rosenthal insère, tout au long du livre, de courts paragraphes relatant soit des témoignages de personnes ayant vécu une Expérience de Mort Imminente, soit des informations scientifiques ou policières relatives à la thanatologie, à la médecine légiste ou encore au mécanisme de décomposition d'un corps. Cela paraît glauque mais curieusement, j'ai trouvé que ces considérations factuelles donnaient de l'énergie et de l'intérêt au récit et me mettaient sur la voie du dénouement, me permettant de détisser l'écheveau du mystère. Au final, il s'agit du récit troublant du rapport au deuil et du mutisme, de la culpabilité, de l'incompréhension et du manque qu'il peut engendrer pour finalement laisser la place à l'apaisement quand on réalise, comme les témoignages de mort imminente qui ponctuent le récit le soulignent, que la mort n'est pas une épreuve si terrible pour celui qui la vit puisque l'organisme humain est capable de mettre en place un mécanisme chimique permet d'adoucir la fin. Et c'est cela que ceux qui restent doivent entendre afin de laisser ceux qui partent, s'engager sur le chemin qui est désormais le leur...
Un texte subtil et profond, à méditer !
Déroutant mais la construction et le style nous entrainent toujours plus loin pour essayer de comprendre ou au moins appréhender les mecanismes du cerveau d' une personne en état de mort imminente . Une plongée dans l' inconscient de victimes d' accident, maladie, qui ont bien voulu faire part de leur expérience ( ou pas )
Il s'agit en effet d'un travail d'écriture certain, d'une puissance dans l'utilisation des mots, des images et même des sons quand on lit un passage à haute voix. Mais, mais, mais ... l'histoire est compliquée et violente. Cela intrigue, attire et fascine. Puis, il y a redondance dans les effets et cela n'amuse plus du tout. Alors, perplexe, on se sent lassé et même trahi par cet exploit littéraire qui a probablement un sens mais qui ne parvient pas à me séduire.
Le dernier roman d’Olivia Rosenthal est forcément un événement. Attendu au tournant de la rentrée littéraire.
Et ça commence comme un «Sur la route». Une errance comptée à rebours. Et ça continue comme une sorte de «Nuit du chasseur».
J’ai apprécié, une nouvelle fois, le style de l’auteur mais, pour une fois, beaucoup moins l’histoire.
«J’ai voulu raconter comment on souffre de n’être pas regardée. Comment on souffre d’être regardée. Comment on s’y prend avec son corps pour que ce regard soit acceptable. J’ai voulu décrire la violence des jeux d’enfant. Mais à mesure que j’avance, la distance entre ce que j’ai voulu et ce que j’écris augmente. Je ne peux réduire l’écart.»
Tout le livre est là. L’écriture de Rosenthal reste ensorcelante.
Mais pour moi cette histoire «gothique» restera une énigme non résolue, un puzzle inachevé.
Une histoire d’ombres sans lumière.
A vous de voir...
p100
Qui sont ces enfants en perruques jaunes en couverture de ce texte d'Olivia Rosenthal ? Qu'est ce que ce titre étrange ? Que vais je lire ?
Le premier chapitre est prénommé « fuite » et nous sommes dans un univers étrange, un personnage féminin tente d'échapper à on ne sait pas trop quoi. Ce texte est entrecoupé d'un texte plus explicatif sur les comas.
Le deuxième chapitre parle d'une enfant qui attends ses parents partis reconnaître sa sœur ou plutôt le corps de sa sœur, découverte morte sur la voie publique. Ce texte est entrecoupé d'un texte sur Jacqueline S en phase comateuse après une chute de cheval.
Je n'ai jamais aimé les romans, séries, films sur la médecine, sur la maladie ou la mort.
Dès les premières pages de ce texte, j'ai eu un sentiment de malaise face aux situations racontées. Mais je reconnais que je suis face à une écriture sensible et on continue la lecture et l'auteure nous entraine dans des univers étranges. Dans le premier chapitre, qui est cette narratrice, où est elle, ces multiples dimensions m'ont décontenancée.
J'ai ressenti un certain sentiment de malaise à la lecture de ses situations, que ce soit cette narratrice qui recherche à échapper à on ne sait pas trop quoi ou cette enfant qui garde la maison en attendant le retour de ses parents et leur funèbre nouvelle.
Malgré ce léger malaise, je continue cette lecture qui m'entraine dans des univers étranges ou paradoxalement familiers.
p100
Qui sont ces enfants en perruques jaunes en couverture de ce texte d'Olivia Rosenthal ? Qu'est ce que ce titre étrange ? Que vais je lire ?
Le premier chapitre est prénommé « fuite » et nous sommes dans un univers étrange, un personnage féminin tente d'échapper à on ne sait pas trop quoi. Ce texte est entrecoupé d'un texte plus explicatif sur les comas.
Le deuxième chapitre parle d'une enfant qui attends ses parents partis reconnaître sa sœur ou plutôt le corps de sa sœur, découverte morte sur la voie publique. Ce texte est entrecoupé d'un texte sur Jacqueline S en phase comateuse après une chute de cheval.
Je n'ai jamais aimé les romans, séries, films sur la médecine, sur la maladie ou la mort.
Dès les premières pages de ce texte, j'ai eu un sentiment de malaise face aux situations racontées. Mais je reconnais que je suis face à une écriture sensible et on continue la lecture et l'auteure nous entraine dans des univers étranges. Dans le premier chapitre, qui est cette narratrice, où est elle, ces multiples dimensions m'ont décontenancée.
J'ai ressenti un certain sentiment de malaise à la lecture de ses situations, que ce soit cette narratrice qui recherche à échapper à on ne sait pas trop quoi ou cette enfant qui garde la maison en attendant le retour de ses parents et leur funèbre nouvelle.
Malgré ce léger malaise, je continue cette lecture qui m'entraine dans des univers étranges ou paradoxalement familiers.
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Que d'étranges chemins et détours prend l'auteure pour nous conter la difficulté de faire le deuil d'un être cher et de continuer à vivre et survivre. Olivia Rosenthal décrit la vie à travers des récits de mort et d’oubli. Plusieurs témoignages de personnages s'entrechoquent dans ce texte : une petite fille qui raconte, de son intérieur intime, son sentiment d'isolement, de peur lorsqu'elle joue à 1,2,3 soleil. Une autre ou la même qui tente de « dompter » les éléments dans sa maison : elle est seule à la maison et en attente, elle entends des sons particuliers, imagine des chimères, se crée un univers fantasmagorique pour tenter d'éloigner ce sentiment oppressant d'attente. Une jeune femme, dans un coma, après une chute de cheval et qui part vers un monde mystérieux. Des pages poignantes quand la petite fille tente de survivre dans cette maison, en attente du retour de ses parents et de leur funeste nouvelle. Le livre recèle de références médicales sur le coma, de descriptions de métiers proches de la mort, comme urgentiste, policier face aux scènes de crime, de descriptions de jeux d'enfance… 1,2,3 soleil et on essaie de disparaître.
Ce texte décrit, avec une belle écriture, ces différents mécanismes de survie que nous adoptons tous lorsque nous sommes confrontés à la perte d’êtres chers, en choisissant de se réfugier dans l’enfance ou dans la rationalité d’explications scientifiques. Mais j'ai eu un sentiment de malaise à la lecture de ce livre, indépassable, qui m’empêche sans doute de vivre pleinement l’expérience littéraire proposée par l’auteur. Je n'ai jamais apprécié les textes sur la maladie et la mort, ce qui, dans ce cas précis, a été un vrai problème.