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Max Klinger ; le théâtre de l'étrange ; les suites gravées 1879-1915

Couverture du livre « Max Klinger ; le théâtre de l'étrange ; les suites gravées 1879-1915 » de Marie-Jeanne Geyer aux éditions Musees Strasbourg
Résumé:

Max Klinger (1857-1920) est l'un des artistes allemands les plus fascinants de son temps. Peintre et sculpteur, c'est surtout son oeuvre gravé qui marque un tournant définitif aussi bien dans l'histoire technique du médium que dans ses thèmes et son autonomie. Il exécuta de 1878 à 1915 quatorze... Voir plus

Max Klinger (1857-1920) est l'un des artistes allemands les plus fascinants de son temps. Peintre et sculpteur, c'est surtout son oeuvre gravé qui marque un tournant définitif aussi bien dans l'histoire technique du médium que dans ses thèmes et son autonomie. Il exécuta de 1878 à 1915 quatorze cycles à l'eau-forte, qui sont ses oeuvres les plus remarquables : le plus célèbre reste Paraphrase über den Fund eines Handschuhs (" Paraphrase sur la découverte d'un gant ", 1880), dont huit dessins furent exposés dès 1878 à Berlin et lui apportèrent une reconnaissance immédiate. Une belle femme y fait choir un gant dans une patinoire : Max Klinger illustre en dix planches les rêveries et fantasmes de l'homme qui l'a ramassé.
Sa technique de la gravure ainsi qu'un goût de la satire révèlent maintes affinités avec Goya : dans un univers à la fois cocasse et mystérieux, il explore la dualité entre le monde de la mythologie classique et sa sensibilité aux drames contemporains ; suicides, meurtres, adultères sont chez lui des thèmes récurrents. Un trait incisif et sûr, un sens vigoureux de la plastique mêlé d'un réalisme archaïsant confèrent une grande puissance à ses images. Ses étonnants cycles à l'eau-forte tirent leur force d'expression de la gravure qui constitue, selon lui, un véritable moyen d'expression moderne et l'authentique organe de l'imagination. Ils influencèrent en leur temps Käthe Kollwitz, Edvard Munch ou Alfred Kubin. La dimension onirique et le fort pouvoir évocateur d'un imaginaire provoquant des rencontres improbables entre rêve et réalité intéressèrent plus tard les surréalistes (leur influence sur les collages de Max Ernst est manifeste), Klee ou De Chirico qui consacra un texte à l'artiste.
Lecteur convaincu des théories darwiniennes, Max Klinger ne cesse de donner à voir la part animale de l'homme, avec ce qu'elle comporte de brutal et de sexuel. Contemporain de Freud, on trouve dans ses images singulières de puissants échos aux idées de pulsions et d'inconscient.
Grand amateur de musique - il dédie plusieurs de ses oeuvres à Brahms et Beethoven - Klinger donna à ses séries le titre générique d'" Opus " suivi d'un numéro, en référence aux compositions musicales. Le catalogue reproduit pour la première fois en français l'intégralité des " opera ", dont une grande majorité est conservée dans les collections du cabinet d'art graphique du musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg. Il les accompagne d'un ensemble de poèmes de Richard Dehmel, proche de l'artiste, d'un texte d'un de ses héritiers artistiques, Giorgio de Chirico, ainsi que de divers essais éclairant à la fois le contexte historique et social de l'oeuvre (la société bourgeoise wilhelminienne), sa complexité stylistique et technique, sa réception allemande et française ainsi que les résurgences tardives de sa fascinante et inquiétante étrangeté.

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