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Manger Bambi est une réflexion sur la violence féminine, un anti-conte de fée trash à l'ère Tinder, mais aussi un roman d'une grande force sur les relations complexes - et parfois dévoyées - mère-fille.
Quinze ans bientôt seize, Bambi est décidée à sortir de la misère. A la tête d'un gang d'adolescentes zonardes, terrorisantes et terrorisées, elle a trouvé un filon : les sites de sugardating qui mettent en contact des jeunes filles pauvres avec des messieurs plus âgés désireux d'entretenir une protégée. Bambi y pose en proie parfaite. Mais Bambi n'aime pas flirter ni séduire et encore moins céder. Ce qu'on ne lui donne pas gratis, Bambi le prend de force. Imitant les comportements et le langage masculins Bambi et sa clique se défendent violemment de la violences auxquelles elles sont exposées en permanence : violence de classe, violence du marché et règne du pognon, du bling, de la transaction...mais aussi - et peut etre surtout - violence au sein de ce noyau qui devrait être protecteur : la famille. Bambi est une victime devenue bourreau redevenue victime d'ellemême. Et, dans un monde où on refuse pourtant aux femmes jusqu'à l'idée de la violence, Bambi rend les coups, y compris ceux qu'on ne lui a pas donnés.
Prix Transfuge et Sade en 2021, un polar dans cette univers sombre de Sugar Baby ou Daddy, dans laquelle des jeunes filles ou jeunes femmes sont prêtes à tout afin de réaliser leurs rêves. Caroline de Mulder retranscrit parfaitement tous les codes de cette univers. Phénomène rependu au USA cette fois l’autrice nous le montre dans notre nation au plus près de chez nous. Violence, Agression, Humiliation, Sexe, un ouvrage à déconseiller aux âmes sensibles.
"La ravissante, c’est Hilda, Bambi pour son créa. Bambi à cause de ses yeux doux et de sa charpente légère, tout en pattes. Elle est en slim et top serré sur un torse sec, et gueule d’enfant grimée"
Désarçonnée par le langage "d'jeuns"du début ,me suis pourtant attachée à cette jeune fille,Hilda dite Bambi 16ans;sa journée d'anniversaire est un passage mémorable de ce court roman noir.La prostitution de ces jeunes est au coeur du livre submergé par la violence.Que de souffrances!
Il faut s'accrocher pour tourner les pages...Réalité,mensonges...à chaque lecteur de se faire son opinion sur Bambi;un "documentaire"sociétal où l'argent est bien le nerf de la guerre.
Vous pourriez imaginer mille choses à travers le titre, pourtant aucune ne sera celle à laquelle vous penserez. Vous pourriez imaginer une intrigue sur la cause animale, pourtant, même s’il est question d’animalité, ce n’est pas celle à laquelle vous penserez. Vous pourriez imaginer que l’auteure souhaite parler de ces animaux en voie d’extinction, pourtant même s’il est question de bestialité, ce n’est pas celle à laquelle vous penserez…
Manger Bambi, quel drôle de titre que cette référence à l’enfance avec le dessin animé éponyme, pourtant ici point de contes à la clé, sauf un conte des temps modernes où l’horreur côtoie l’enfance, l’adolescence. Un parallèle avec la perte de l’innocence et de ces illusions enfantines.
Bambi à l’aube de ses quinze ans a déjà tout du monstre… Bambi mord avant de l’être, elle s’est construit dans un rôle lui permettant de prendre sa revanche. Ce qu’elle veut c’est du pognon pour s’en sortir. A la tête d’un trio d’ado toutes aussi perdues qu’elle, elle se sert d’un site de sugardating, sur lequel ces messieurs, bien plus âgés, cherchent de la chair fraîche… Elle monte des traquenards, dignes des plus grands bandits, elle emprunte les codes des mecs pour se faire sa place.
On pense à tort que la violence est réservée aux garçons, or, lorsqu’elle est utilisée par les filles, elle est aussi virulente, si ce n’est plus. Comme si elles devaient prouver qu’elles sont capables d’être violentes. Ce qui est horrible dans ce livre ce n’est pas tant la violence, mais c’est le détachement avec lequel Bambi en use. Même ses copines ont du mal à la comprendre, ne comprennent pas dans quoi elle les entraîne. Sauf que Bambi, ne lutte pas seulement contre la société qui l’enferme dans sa misère, alors que d’autres ont tout, mais lutte surtout contre elle-même est ses démons.
Ce qu’elle n’a pas, elle le prend de force et prendre par la force lui donne un sentiment de puissance qui l’exalte. Pourtant, elle va se brûler les ailes et toute cette violence qui l’exalte et la broie de l’intérieur, va la consumer.
Ce n’est pas une simple histoire, c’est une histoire qui prend aux tripes, ce n’est pas une simple intrigue, c’est un roman sociétal qui pointe les dysfonctionnements de notre société moderne. C’est un roman sur la lutte des classes, sur la pauvreté et ce qu’elle peut engendrer. C’est l’histoire de la violence sous toutes ses formes et dans ce qu’elle a de plus abject. C’est l’histoire de toutes les Bambi dont la violence est le reflet d’un mal-être d’une grande profondeur. C’est l’enfance bafouée, l’absence de parents, c’est la violence comme héritage familial.
https://julitlesmots.com/2021/05/20/manger-bambi-de-caroline-de-mulder/
Voilà un roman très noir, dénonçant les violences féminines, très souvent tues, au travers des sites Internet des sugar-babies. En utilisant ce nom gentillet, ce n’est finalement pas moins qu’une forme de prostitution, souvent pour de très jeunes filles en mal d’argent mais aussi de reconnaissance.
« Manger Bambi » n’est pas un conte de fée, bien loin de là. C’est un livre à la fois vif et percutant, exprimant le désoeuvrement d’une jeunesse où la paupérisation et la violence contraignent à des voies détournées pour celles qui veulent tout, tout de suite.
Il n’est pas évident de rentrer dans l’histoire dès les premières pages vu l’emploi de ce nouveau parler « jeune » des cités (pourtant, je n’ai que 35 ans; ) avec le verlan et le langage SMS que l’auteure, Caroline de Mulder pousse très loin. Mais une fois cette difficulté passée (qui risque pourtant de déplaire à plus d’un lecteur), c’est un roman très actuel qui sonne juste et que j’ai dévoré.
Il s’agissait de ma première découverte de cette auteure belge de 45 ans qui compte déjà 5 livres à son actif. Elle est lauréate du Prix Victor-Rossel 2010 pour Ego Tango et du Prix Auguste-Michot 2018 pour Calcaire.
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