Par-delà la raison, la morale et les règles,
Orphée explore les enfers.Au coeur du romantisme d'un XIXe siècle fantasmé, Asiel et sa compagne, Mary vivent sur une petite île volcanique isolée du monde. Asiel y tient une boutique d'antiquités qu'il approvisionne en objets volés sortis tout droit du cimetière de la ville voisine d'Horntown ! Mais le jour où Mary est retrouvée inconsciente, tout bascule. Les habitants ne peuvent pas s'empêcher de relier cet étrange accident à un autre fait semblable, survenu 30 ans auparavant. Une petite fille prénommée Sarah avait alors témoigné d'une étrange vision. Pendant qu'Asiel peine à trouver un médecin qui veuille accoster sur cette île que l'on dit maudite, Mary, toujours inerte semble sombrer dans un sommeil éternel. Afin d'aider Asiel, les parents de Sarah lui confie le journal intime de leur enfant, aujourd'hui disparu. Les sombres secrets qu'il contient vont venir questionner Asiel dans ses croyances. Sur son chemin entre la vie et la mort, l'âme de Mary est-elle piégée dans les limbes ? Sur les flancs de ce volcan, il y a tout ce qu'engendre la nature sauvage : la vie, la mort, la beauté, la tristesse, et surplomber le magma donne le sentiment de contempler l'origine du monde. Voilà le début d'une longue quête pour cet homme désespéré, les yeux rivés au ciel. Se risquera-t-il à descendre dans les profondeurs ?
Avec ce premier roman graphique, Nicolas Bastide laisse éclater tout son talent en revisitant le mythe d'Orphée dans une ambiance sombre et inquiétante. Un récit énigmatique où se mêlent croyances et superstitions avec un graphisme puissant à l'inspiration gothique pour un voyage à la frontière du fantastique et du surréalisme, entre les roches et les cendres.
Nicolas Bastide met en scène un XIXème siècle digne de Baudelaire et d’Edgar Allan Poe pour explorer les croyances et la foi des êtres. La bande dessinée s’ouvre sur une planche tout en quiétude et rapidement, les corps, les personnages, les sens sont mis en difficulté. L’auteur joue avec l’étrangeté et le malaise. Asiel se dirige vers un monde inconnu, celui des esprits, celui des sombres secrets. Il le fait par amour et est déterminé à sauver Mary. Son parcours met à mal son esprit et ce qu’il pensait savoir du monde. La violence des êtres fait surface. Cette intensité est présente dès le début et ne s’estompe jamais. L’auteur la révèle petit à petit. Asiel s’approche de la vérité, aussi étrange et dure soit elle. Alors les dessins explosent, la couleur rouge prend de plus en plus de place pour inonder de sa chaleur et de sa vitalité la réalité. Le volcan qui règne dans les obscurités sur l’île m’a fait penser à Stromboli, film de Roberto Rossellini. Il représentait tout ce qui animait en silence les êtres. Cette BD est une exploration des esprits endormis dans des corps soumis aux tourments violents. La tragédie intérieure, parfois irréparable, vibre dans cette histoire.
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