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«Un soir nous étions installés tous les trois, bien lestés d'alcool et de toxiques divers, devant l'entrée de l'habitat rupestre. Le gueux s'éloigna pour procéder à l'inspection de quelque chose qui clochait avec sa voiture. Sally me fit entrer dans la maison, m'y prodigua des marques d'affection, attira mon attention sur une carabine Winchester posée sur le manteau de la cheminée. Elle m'invita à vérifier qu'elle était en ordre de marche. Incapable, comme on l'a vu, de résister à ses injonctions, et conscient toutefois de ce qu'impliquait presque nécessairement cet enchaînement de gestes, j'actionnai la poignée qui caractérise ce type d'armes et fis monter une balle dans le canon. Jamais Sally ne m'avait couvé d'un regard aussi tendre. Pendant que je m'employais à ces préparatifs, le transistor qui grésillait dans un coin de la pièce annonça la chute de Saigon, et cela me fit autant d'effet que s'il s'était agi du résultat d'un match de football.»
Années 1970. Rétrospective d’une jeunesse idéaliste qui avait la foi en un monde meilleur.
L’autodérision et les grands éclats de rire zébrant ce livre, font écran à une ironie amère et mélancolique de l’échec révolutionnaire soixante-huitard tout en en dévoilant discrètement des systèmes de manipulation qui in fine, ont fait des victimes dans notre société française avec un nombre important de jeunes qui ont quitté leurs études, qui pour beaucoup sont tombés dans la came et/ou l’alcool, les braquages et la case prison, ou sont devenus manœuvres et au mieux, artisans, artistes, aventuriers, journalistes et écrivains pour les plus doués.
De Mao à Sainte Rita en passant par l’IRA, la Bosnie et le Che, l’usine LIP à Besançon et les manifs pour le Chili d’Allende, je ne peux m’empêcher de penser que Jean Rolin a voulu honorablement et sincèrement, mettre la Foi dans tous ses états, cette Foi par laquelle on est prêt à tout sacrifier jusqu’au dépouillement et l’errance totale. N’oublions pas que le parti maoïste auquel il appartenait, (et duquel il s’est fait évincer) est (toujours et plus que jamais) tentaculaire et que ses bonnes âmes sont déracinées pour aller ci et là prêcher la bonne parole et conquérir le monde… Le chemin de la Foi (quelle qu’elle soit) est loin d’être un long fleuve tranquille… car on n’y trouve pas que des amis et les inimitiés et malentendus peuvent conduire à des situations embarrassantes… Les organisations (et en l’occurrence ‘L’organisation’) sont en général, assez strictes et paranos…
C’est aussi l’histoire de l’échec et son cuisant ressenti : échec de 68, échec du parti Mao en France, échec de l’IRA, échec de la Bosnie, échec du Che, échec des désintos, échecs amoureux, échec des attentats programmés et ses missions d’infiltrer des entreprises en province ont elles aussi échouées.
Jean Rolin, révolutionnaire ne me convainc pas et d’ailleurs justement, ne cherche pas à être convainquant et même en est dans ce livre, presque à se dédouaner. Qu’il déteste l’injustice et les inégalités et qu’il a suivi des mouvements de foule (comme beaucoup de monde à l’époque et d’ailleurs beaucoup de nos jours…) et s’est plus ou moins investi dans des mouvances politiques de l’époque, aux idéaux toutefois totalitaires, révèle plus un jeune homme au cœur tendre, un peu perdu dans le nombre de propositions pour un progrès social et la protection des défavorisés. Car enfin, faire ce grand écart : Mao – Sainte Rita… Du coup, cette tête brûlée devient un personnage attachant avec ses déboires amoureux et ses attentats ratés.
Jean Rolin a pris du temps avant de verser cette encre-là puisque le livre est sorti en 1996 (et a reçu le Prix Médicis). Quoiqu’il en soit, il nous donne à lire un récit passionnant et formidablement bien écrit (comme d’habitude) qui au-delà d’une part autobiographique qui chercherait une justification explicative (sinon expiatoire) à son vécu lors des années post 68, grave toute une époque de notre ‘H’istoire.
Malgré tout je trouve son implication dans la cause politique beaucoup moins « clear cut » que celle de son frère, Olivier Rolin, qui lui, est beaucoup plus « cash » sur la question de son militantisme passé. (Voir ‘Tigre en papier’ et encore des interviews très récents sur le Net).
Toujours est-il que l’un et l’autre se sont éloignés du maoïsme, déçus forcément, au point de ne pouvoir s’empêcher de mettre les choses à plat, noir sur blanc, et de les livrer au public. De nos jours, ils sont entrés dans une zone de confort matériel assez douillette semble-t-il, au sein d’un monde d’intellos bien cadenassé et nous réjouissent avec des plumes d’exception en écrivant l’Histoire et des histoires dans de très beaux romans de voyage.
La photo de couverture représentant Anne Wiazemsky et Jean-Pierre Léaud dans La Chinoise de Jean-Luc Godard en 1968 m’a fait penser à ce jeune vendeur, il y a quelques jours, à l’ombre de la mosquée de Paris devant une pile de Coran…
Un roman sur les activistes maoïstes des années 70.Le héros est infiltré dans les entreprises pour y propager ses idées révolutionnaires et mener des actions contre le patronat et le pouvoir.On suit le parcours d'un type idéaliste qui essuie des revers amoureux à la pelle et peine à réaliser des actions d'envergure ,même en Irlande où il se rendra dans l'espoir d'épauler l'IRA .Ravagé par l'alcool et la drogue ,il va trouver refuge dans une institution religieuse.
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