Revisiter le classique absolu de Mary Shelley, c’est le pari audacieux de Sergio A. Sierra (scénario) et Meritxell Ribas Puigmal (dessin) qui publient ce 5 février Frankenstein ou le Prométhée moderne chez Bamboo – Aventuriers d’Ailleurs.
Un titre destiné en priorité à un jeune public, mais qui étonnera et ravira les plus grands, grâce à de vrais partis pris tant scénaristiques que graphiques. La dessinatrice et illustratrice catalane Meritxell Ribas Puigmal nous explique comment ce projet est né, mais nous raconte aussi son parcours personnel et détaille sa technique de dessin bien particulière, la carte à gratter.
Et comme nous avons très envie que vous soyez nombreux à lire et partager ce titre, nous avons des BD à vous offrir au bas de cet entretien !
Entretien avec Meritxell Ribas Puigmal : « L’atmosphère en clair-obscur qu’offre le "grattage" fonctionnait parfaitement avec ce roman d’épouvante. »
- Comment est né ce projet avec Sergio Sierra ?
Meritxell Ribas Puigmal : La maison d’édition Parramón nous a contactés pour adapter un classique en bande dessinée, après avoir vu notre premier titre, Pincel de Zorro. L’éditrice nous avait proposé un autre titre, Le Scarabée d'or d’Edgar Allan Poe, mais il a finalement été repris par quelqu’un qui avait déjà travaillé sur cet auteur. Comme la maison d’édition souhaitait continuer à travailler avec nous, elle nous a laissé proposer un titre. Et Sergio et moi avons décidé de nous lancer dans l'adaptation de Frankenstein.
- L'œuvre originale de Mary Shelley est l’un des mythes littéraires les plus connus au monde. Comme il y a eu tant d’adaptations par le passé (films, BD…), presque tout le monde a en tête une vision de l’histoire, du monde et de la créature – que cette vision soit erronée ou pas. Comment avez-vous créé une ambiance différente, singulière et personnelle ?
M.R.P. : De façon générale, l’image la plus iconique de Frankenstein, qui date d’il y a quelques décennies, était le personnage des films de la Hammer.
En ce qui nous concerne, nous avions en tête le travail de Bernie Wrightson qui a illustré le texte en proposant ce qui est, à mes yeux, l’œuvre illustrée adulte de Frankenstein la plus merveilleuse qui existe. Et au niveau de l’humour, le film Frankenstein Junior nous avait énormément amusés !
Comme il s’agit d’une BD destinée à la jeunesse, nous avons souhaité que le personnage de la créature soit sombre sans être déplaisant, presque comme un golem taillé de façon grossière, alors que Victor est au contraire l’incarnation de la réussite dans la société de l’époque. L’atmosphère en clair-obscur qu’offre le "grattage" fonctionnait parfaitement avec ce roman d’épouvante. Sergio s’est occupé de rendre le texte et les dialogues dynamiques, tout en s’assurant qu’ils respectent le texte de Mary Shelley.
- Pourriez-vous nous expliquer en quoi consiste votre technique de dessin, sur carte à gratter, et ce qu’elle permet ?
M.R.P. : Ma technique de dessin s’appelle « grattage » ou « scratchboard ». Le support est une planche rigide enduite d’une couche épaisse de « gesso », elle-même recouverte d’une couche plus fine d’encre sèche. Sur cette surface, à l’aide d’un bistouri ou d’autres outils, on gratte la couche d’encre et on révèle ainsi la partie blanche qui est au-dessous. C’est idéal pour travailler les ombres et les lumières ; le clair-obscur et le volume sont particulièrement mis en valeur et j’adore travailler de cette façon.
- Pouvez-vous nous expliquer quel a été votre parcours, et comment vous êtes devenue dessinatrice et autrice ?
M.R.P. : Le dessin a toujours été présent dans ma vie, depuis que je suis toute petite. Je l’ai partagé avec mon grand-père, qui peignait, faisait des meubles, de la céramique, des maquettes de bateaux, et qui avaient également beaucoup de livres d’arts et de bandes dessinées. Je regardais aussi beaucoup de vieux films. Par ailleurs, mes parents m’achetaient beaucoup de BD et de contes illustrés, donc c’est vraiment quelque chose que j’ai eu à portée de main dès le plus jeune âge. Plus tard, quand j’étais à la maison, je passais une grande partie de mon temps à dessiner, à lire des BD et d’autres livres, ou à voir des films d’animation.
Finalement, j’ai suivi des cours à l’Ecole Llotja de Barcelone [NDLR : une école supérieure d’arts et de design], mais même si j’adorais dessiner et si j’ai aimé ces années-là, je n’arrivais pas à trouver la technique avec laquelle je me sentirais vraiment à l’aise. Cela a changé à l’avant-dernier cours, quand un professeur nous a fait découvrir la technique du grattage.
Plus tard, alors que je travaillais dans la boutique de BD de Barcelone "Norma Comics ", j’ai dessiné trois récits courts sur des scénarios d’un bon ami, Raule (scénariste de Jazz Maynard entre autres choses) qui ont été publiés dans la revue Cthulhu.
Sergio A. Sierra aimait beaucoup mon dessin, alors il a écrit une histoire pour que je l’illustre, et il s’agissait de Pincel de Zorro. Nous l’avons maquettée avec Rebeca Podio qui est une très bonne amie et une dessinatrice de grand talent, entre autres qualités. Comme c’était notre première œuvre, nous avons décidé de l’auto-publier dans une édition très jolie et soignée. Le premier tirage a été épuisé en moins d’un mois, nous l’avons retiré et peu de temps après, nous avons commencé à travailler sur Frankenstein.
Depuis, j’ai fait quelques BD jeunesse, mais surtout des livres illustrés pour Penguin Random House, La galera, Vicenç Vives, Editorial Alma. Des titres comme Pergamino, La Belle et la Bête, Edgar A. Poe, Relatos de Vampiros [NDLR : Histoires de Vampires], Monstruos Criminales [NDLR : Monstres Criminels] Le Chat Botté....
- Un dernier mot sur sont vos projets actuels ?
M.R.P. :Je prépare quelque chose sur un thème qui n'a rien à voir avec ce que j’ai fait jusqu’ici, dans un format différent également. Ce n’est ni une BD, ni un livre illustré. J’en parlerai dans trois mois sur les réseaux sociaux…
Propos recueillis et traduits par Nicolas Zwirn
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Un grand merci à Meritxell Ribas Puigmal et à Bamboo !
Ce grand classique du Fantastique est un de mes préférés, et ce dessin est absolument parfait pour cette œuvre. Ce serait un grand plaisir d’en découvrir l’intégralité !