Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !
«Je devais avoir six ou sept ans à ce moment-là et mon ambition n'était pas de me faire des copains ou de m'amuser - je ne manquais ni d'imagination ni de tourments, si bien que je ne m'ennuyais jamais. En réalité, je cherchais plutôt celui qui aurait le courage et la force d'accomplir pour moi ce que je n'envisageais pas encore précisément comme le seul dénouement possible : la mise à mort de ma mère.» Le narrateur a passé une grande partie de sa vie dans le sillage de Romain Poisson, son ami d'enfance, dont il est devenu l'homme à tout faire et le complice. Il se souvient de ce que Romain Poisson lui a enseigné - depuis la manière de se comporter avec les filles jusqu'aux façons de se débarrasser définitivement de tous les obstacles -, et revient sur la genèse de leur tandem maléfique. Derrière l'humour féroce de ce roman initiatique, on sent vibrer chez le narrateur, victime d'une double emprise, un violent désir de liberté.
Double emprise !
Quelle belle surprise que la découverte de ce premier roman et de son auteur David Ducreux-Sincey !
Un livre qui nous attache dès les premières pages, impossible à lâcher, qui nous surprend de chapitre en chapitre jusqu’au dénouement final.
Le narrateur est un enfant battu qui grandit au contact d’une mère tortionnaire, maltraitante, qui commet des actes de violence inouïe envers son fils, qui le roue de coups jusqu’à l’évanouissement. Il en gardera une haine féroce envers sa génitrice, et une violence rentrée mais présente chez lui. Il rencontre dès son plus jeune âge Romain Poisson qui deviendra son ami, son confident, son Pygmalion, son maitre, son modèle. Par nature, il se soumettra également à lui, vivra dans son ombre, excusera ses excès, ses trahisons, deviendra son homme de mains, son homme à tout faire, même les plus basses besognes.
Un roman qui parle de maltraitance et de ses effets sur un jeune garçon. Son destin est-il tout tracé ? Sa mère a une emprise phénoménale sur lui, il n’ose pas se rebiffer. Puis ce sera au tour de Romain Poisson d’avoir l’ascendant sur lui. Une histoire de double emprise qui finit mal, on le sait dès le début.
Grâce à une écriture fluide, légère et drôle malgré les thèmes abordés, employant un humour féroce qui sert bien ses personnages, David Ducreux-Sincey nous invite à prendre connaissance de la vie du narrateur qui commence bien mal, puis son évolution vers l’accès à la liberté, il veut se sortir de l’emprise de sa mère, puis de celle de son ami.
On lit avec plaisir ce récit initiatique qui nous emmène. Un premier roman réussi en tous points, que je conseille vivement. Une plume à suivre, un talent de narration qu’on a hâte de retrouver, un auteur est né.
Derrière la drôlerie cruelle de ce premier roman acide, grinçant et teinté d’humour noir, David Ducreux Sincey nous livre avec une sincérité vibrante le récit d’une relation mère/fils toxique.
Au-delà de l’humour féroce de ce roman initiatique, on sent poindre un violent désir de liberté chez le narrateur victime d’une double emprise. Il est pris dans le sillage d’un ami d’enfance toxique et manipulateur où il navigue entre soumission et désir d’émancipation et il est soumis à une mère maltraitante à laquelle il est incapable de s’opposer.
Ce roman commence par un court chapitre où le narrateur alors âgé de sept ans rencontre pour la première fois Romain Poisson son ainé d’une année. Il y évoque aussi le climat familial toxique dans lequel il évolue, à la merci d’une mère maltraitante. Nous faisons ensuite un bond de quelques vingt années où le narrateur est l’homme à tout faire de Romain Poisson, qui, devenu le plus jeune député puis le plus jeune sénateur de la Vème République, se révèle, aux yeux de la France entière, être à ce jour le plus grand criminel de ce siècle. Mais Romain Poisson a disparu, volatilisé…
La suite est la genèse de ce tandem maléfique. Romain Poisson va tout lui enseigner, des rouages de la politique à la façon de se comporter avec les filles. Ce n’est pas l’amitié qui motive Romain mais la nécessité. Il lui faut un homme de main, un homme de confiance, un homme de l’ombre et des basses besognes. Il va dont former le narrateur à cette fonction. Narrateur qui va se retrouver face à un dilemme : pour échapper à l’emprise de sa mère maltraitante il doit se soumettre à Romain Poisson. Car ce grand gaillard reste pétrifié devant la violence que sa mère exerce à son encontre, violence qui va crescendo, elle est passée de la gifle au traumatisme crânien et il sait pertinemment que tout cela se terminera inévitablement par la mort, la sienne ou celle de sa mère.
La puissance narrative de ce texte sans concession rend ces scènes de violence chargées de haine et de sauvagerie tellement éprouvantes qu’on ressort pantelant de cette lecture.
David Ducreux Sincey nous livre ici un roman initiatique âpre, amoral, envoûtant et addictif, au dénouement totalement inattendu, qui, une fois refermé, resonne encore longtemps en nous.
Lu dans le cadre du « Coup de cœur des lectrices » Version Femina. Je remercie les Editions Gallimard pour cet envoi.
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
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