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En 1856, Henry Shackleford, douze ans, traîne avec insouciance sa condition de jeune esclave noir. Jusqu'à ce que le légendaire abolitionniste John Brown débarque en ville avec sa bande de renégats. Henry se retrouve alors libéré malgré lui et embarqué à la suite de ce chef illuminé qui le prend pour une fille. Affublé d'une robe et d'un bonnet, le jeune garçon sera brinquebalé des forêts où campent les révoltés aux salons des philanthropes en passant par les bordels de l'Ouest, traversant quelques-unes des heures les plus marquantes du XIXè siècle américain. Dans cette épopée romanesque inventive et désopilante, récompensée par le prestigieux National Book Award en 2013, James McBride revisite avec un humour féroce et une verve truculente l'Histoire de son pays et de l'un de ses héros les plus méconnus.
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Découvrez le palmarès des romans de la rentrée littéraire 2015 par les explorateurs de lecteurs.com Tous nos conseils de lecture pour les incontournables de cette rentrée
John Brown, homme blanc, abolitionniste un peu cinglé, complétement habité par sa cause se lance en guerre pour libérer les esclaves noirs. Sur sa route, il rencontre un jeune garçon qu'il prends pour une fille qu'il surnomme l'Echalote. L'Echalote, le narrateur, va le suivre, va souvent tenter de se sauver et va assister à toutes les folies du "vieux" Brown.
Cette histoire souvent drôle, avec certes parfois des longueurs, raconte un pan de l'histoire américaine et comment certains ont eu le courage de se soulever contre l'esclavage.
illuminée, cette chevauchée en compagnie de l'Echalotte, jeune esclave en fuite et d'une armée de bric et de broc bien décidée à faire abolir l'esclavage aux Etats-Unis , rien de moins!
on y rit on y grince des dents on y est muet d'effroi : c'est une Amérique déglinguée, prémisse absolue de ce qu'elle est encore aujourd'hui. Incapable d'imaginer son prochain comme un humain comme les autres. vénale et folle à la fois.
L'écriture est enlevée et les images fusent ! la traduction du style fait mouche !
Chapeau bas, mr McBride
Voilà une satanée lecture ! Une lecture formidable ! Le roman ! Dans la tradition des grands roman picaresques ! Tout y est. L'histoire, la petite et la grande, les personnages, les espaces, les caractères, la fougue, la folie, le rire, les larmes, les dialogues, les mouvements, : un incroyable roman ! Une épopée, une conquête, un rêve, un délire, un échec, une débandade, une guerre, une révolte radicale, un jusqu’au-boutisme effarant ; Mais la magie de Mac Bride, la magie de son écriture c'est sa proximité avec l'humain. L'humain le grand, le petit, le tremblant, le fiévreux, l'humain dans son ensemble dans sa totalité. Les bons, les méchants..hommes, femmes , enfants, blancs, noirs, métis, indiens, colons, pauvres ou riches... Qui ? Où ? À quels moments ? .Les héros n'existent pas. Il sont ce que l'histoire fera d'eux. Alors voici l'histoire, une petit partie de l'histoire, que pour ma part je ne connaissais pas et que je découvre avec un immense plaisir. John Brown….Un brin don Quichotte, un abolitionniste, un fanatique, un sans quartier, un disons un « fou de dieu ». Un personnage reconnaissons le, totalement halluciné et hallucinant, qui avec une bible et un fusil part durant quatre ans affronter le pouvoir économique politique social et militaire des Etats Unis.
Et rien ne l'arrêtera jusqu'à sa pendaison en 1859 . Durant quatre ans le capitaine John Brown va faire naitre la peur, la terreur dans l'esprit des sudistes. Échec il y eut, mais la graine était semée.
La possibilité d'une révolte, la possibilité de l'abolition, la possibilité que les choses cessent et que le monde fonctionne autrement. Ce n'est pas ici à l'avènement de l'arbre de la liberté que nous assistons mais à l'envolée de sa graine. Envolée chaotique, bigarrée, parfois chevaleresque parfois totalement ubuesque. De bric et de broc. Voilà comment les choses se sont passées. Pas en ligne droite, pas en sabre étincelant. Dans la confusion, dans un grand n'importe quoi, n'importe comment, dans la foi, la peur, dans le doute, dans l'adversité, dans la trahison, dans la ferveur, la grandiloquence, dans la fuite, dans la sueur, dans le sang. Et avec au milieu de tout ça toujours le regard de l'enfant.
1807 : abolition officielle de la traite des noirs aux États-Unis
1860, le candidat républicain Abraham Lincoln est élu
1861 – 1865 : guerre de Sécession ou guerre civile américaine
1865 : les États-Unis interdisent l'esclavage.
Il aura donc fallu attendre 58 ans après que la dernière livraison marchande de chair humaine « officielle » ait eu lieu sur le sol américain pour que l'abolition de l'esclavage soit inscrit dans la constitution américaine.
Car si la « source d'approvisionnement » était tarie il n'en restait pas moins que le systeme d'exploitation de « la matière première » perdurait .
Deux courants abolitionnistes se détachaient. Le clan des graduellistes, et les immédiatistes.
Faisons simple : les graduellistes envisageaient une abolition de l'esclavage « en douceur » en gageant sur le long terme, sans créer de trop gros remous économiques, sociales, politiques. Les immédiatistes quant à eux étaient partisans d'un abolitionniste total et immédiat au regard des valeurs morales auxquelles ils étaient attachés.
L'histoire n'est pas simple et ne se compte jamais en jours quelque soit le siècle quelque soit les conflits. L'histoire sème toujours ce que les hommes récoltent.
Ce qui est bon c'est que les choses soit dites expliquées, que chacun connaissent l'histoire de son chemin. Rien que de l'humain. John Brown devint un symbole. Ce « vieux fou » de capitaine n'a pas gagné la bataille de Harper Ferry. Mais il a semé et maintenu par ses flots de lettres, de discours l'éveil d'une conscience. « La chanson John Brown's Body (titre original de Battle Hymn of the Republic) devint un hymne nordiste durant la guerre de Sécession. »
Il n'a pas arrêté la guerre. Il l'annonçait. Et si ce vieux fou avait été écouté ? Qu'elle aurait été l'histoire des Etats Unis ? On ne réécrit pas l'histoire bien sûr mais le moins que l'on puisse faire c'est de mieux la connaître. Voilà ce que McBride nous offre avec cette plume de l'oiseau du bon dieu.
L'histoire fait partie des sciences humaines. Elle nous permet de permet de prendre conscience de nous mêmes. De notre Ensemble.
La parole du vieux John Brown aura été entendue jusqu'en Europe. L'Europe qui n'a pas non plus tout dit tout analysé de sa propre histoire et ses responsabilités.
Et ne soyons pas dupe il n'y a pas eu que de grands élans humanistes dans tout cela, il y a eu également des enjeux politiques, économiques et financiers.
Ne soyons pas dupes mais il faut toujours une étincelle pour que les choses se transforment et nous bouleversent . Parfois lorsqu'une étincelle naît d'un mauvais esprit, c'est pour tous la nuit, mais si elle naît dans le bon cœur d'un homme alors il se peut , bien souvent, que la lumière jaillisse.
« AUX ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE
Quand on pense aux États-Unis d’Amérique, une figure majestueuse se lève dans l’esprit, Washington.
Or, dans cette patrie de Washington, voici ce qui a lieu en ce moment :
Il y a des esclaves dans les états du sud, ce qui indigne, comme le plus monstrueux des contre-sens, la conscience logique et pure des états du nord. Ces esclaves, ces nègres, un homme blanc, un homme libre, John Brown, a voulu les délivrer. John Brown a voulu commencer l’oeuvre de salut par la délivrance des esclaves de la Virginie. Puritain, religieux, austère, plein de l’évangile, Christus nos liberavit, il a jeté à ces hommes, à ces frères, le cri d’affranchissement. Les esclaves, énervés par la servitude, n’ont pas répondu à l’appel. L’esclavage produit la surdité de l’âme. John Brown, abandonné, a combattu ; avec une poignée d’hommes héroïques, il a lutté ; il a été criblé de balles, ses deux jeunes fils, saints martyrs, sont tombés morts à ses côtés, il a été pris. C’est ce qu’on nomme l’affaire de Harper’s Ferry.
John Brown, pris, vient d’être jugé, avec quatre des siens, Stephens, Copp, Green et Coplands.
Quel a été ce procès ? disons-le en deux mots :
John Brown, sur un lit de sangle, avec six blessures mal fermées, un coup de feu au bras, un aux reins, deux à la poitrine, deux à la tête, entendant à peine, saignant à travers son matelas, les ombres de ses deux fils morts près de lui ; ses quatre coaccusés, blessés, se traînant à ses côtés, Stephens avec quatre coups de sabre ; la « justice » pressée et passant outre ; un attorney Hunter qui veut aller vite, un juge Parker qui y consent, les débats tronqués, presque tous délais refusés, production de pièces fausses ou mutilées, les témoins à décharge écartés, la défense entravée, deux canons chargés à mitraille dans la cour du tribunal, ordre aux geôliers de fusiller les accusés si l’on tente de les enlever, quarante minutes de délibération, trois condamnations à mort. J’affirme sur l’honneur que cela ne s’est point passé en Turquie, mais en Amérique.
On ne fait point de ces choses-là impunément en face du monde civilisé. La conscience universelle est un oeil ouvert. Que les juges de Charlestown, que Hunter et Parker, que les jurés possesseurs d’esclaves, et toute la population virginienne y songent, on les voit. Il y a quelqu’un.
Le regard de l’Europe est fixé en ce moment sur l’Amérique.
John Brown, condamné, devait être pendu le 2 décembre (aujourd’hui même).
Une nouvelle arrive à l’instant. Un sursis lui est accordé. Il mourra le 16.
L’intervalle est court. D’ici là, un cri de miséricorde a-t-il le temps de se faire entendre ?
N’importe ! le devoir est d’élever la voix.
Un second sursis suivra, peut-être le premier. L’Amérique est une noble terre. Le sentiment humain se réveille vite dans un pays libre. Nous espérons que Brown sera sauvé.
S’il en était autrement, si John Brown mourait le 16 décembre sur l’échafaud, quelle chose terrible !
Le bourreau de Brown, déclarons-le hautement (car les rois s’en vont et les peuples arrivent, on doit la vérité aux peuples), le bourreau de Brown, ce ne serait ni l’attorney Hunter, ni le juge Parker, ni le gouverneur Wyse ; ni le petit état de Virginie ; ce serait, on frissonne de le penser et de le dire, la grande République Américaine tout entière.
Devant une telle catastrophe, plus on aime cette république, plus on la vénère, plus on l’admire, plus on se sent le coeur serré. Un seul état ne saurait avoir la faculté de déshonorer tous les autres, et ici l’intervention fédérale est évidemment de droit. Sinon, en présence d’un forfait à commettre et qu’on peut empêcher, l’Union devient Complicité. Quelle que soit l’indignation des généreux états du Nord, les états du Sud les associent à l’opprobre d’un tel meurtre ; nous tous, qui que nous soyons, qui avons pour patrie commune le symbole démocratique nous nous sentons atteints et en quelque sorte compromis ; si l’échafaud se dressait le 16 décembre, désormais, devant l’histoire incorruptible, l’auguste fédération du nouveau monde ajouterait à toutes ses solidarités saintes une solidarité sanglante ; et le faisceau radieux de cette république splendide aurait pour lien le noeud coulant du gibet de John Brown.
Ce lien-là tue.
Lorsqu’on réfléchit à ce que Brown, ce libérateur, ce combattant du Christ, a tenté, et quand on pense qu’il va mourir, et qu’il va mourir égorgé par la République Américaine, l’attentat prend les proportions de la nation qui le commet ; et quand on se dit que cette nation est une gloire du genre humain, que, comme la France, comme l’Angleterre, comme l’Allemagne, elle est un des organes de la civilisation, que souvent même elle dépasse l’Europe dans de certaines audaces sublimes du progrès, qu’elle est le sommet de tout un monde, qu’elle porte sur son front l’immense lumière libre, on affirme que John Brown ne mourra pas, car on recule épouvanté devant l’idée d’un si grand crime commis par un si grand peuple
Au point de vue politique, le meurtre de Brown serait une faute irréparable. Il ferait à l’Union une fissure latente qui finirait par la disloquer. Il serait possible que le supplice de Brown consolidât l’esclavage en Virginie, mais il est certain qu’il ébranlerait toute la démocratie américaine. Vous sauvez votre honte, mais vous tuez votre gloire.
Au point de vue moral, il semble qu’une partie de la lumière humaine s’éclipserait, que la notion même du juste et de l’injuste s’obscurcirait, le jour où l’on verrait se consommer l’assassinat de la Délivrance par la Liberté.
Quant à moi, qui ne suis qu’un atome, mais qui, comme tous les hommes, ai en moi toute la conscience humaine, je m’agenouille avec larmes devant le grand drapeau étoilé du nouveau monde, et je supplie à mains jointes, avec un respect profond et filial, cette illustre République Américaine d’aviser au salut de la loi morale universelle, de sauver John Brown, de jeter bas le menaçant échafaud du 16 décembre, et de ne pas permettre que, sous ses yeux, et, j’ajoute en frémissant, presque par sa faute, le premier fratricide soit dépassé.
Oui, que l’Amérique le sache et y songe, il y a quelque chose de plus effrayant que Caïn tuant Abel, c’est Washington tuant Spartacus.
VICTOR HUGO.
Hauteville-House, 2 décembre 1859. »
« John Brown fut pendu. Victor Hugo lui fit cette épitaphe : Pro Christo sicut Christus. John Brown mort, la prophétie de Victor Hugo se réalisa. Deux ans après la prédiction qu’on vient de lire, l’Union américaine « se disloqua ». L’atroce guerre des Sudistes et des Nordistes éclata. » Site des Lettres Académie de Rouen.
pour info : http://expositions.bnf.fr/hugo/grand/308.htm
Explorateurs de la rentrée littéraire 2015 - Chronique finale
L’irrévérence peut-elle servir une forme de Vérité historique ? Cette vaste question court tout du long de L’Oiseau du Bon Dieu. Pour formuler un début de réponse, il est intéressant de consulter l’avant-propos et le post-scriptum de James McBride : « Pour Ma et Jade, qui savaient apprécier un bon bobard » puis « J’exprime ma profonde gratitude à tous ceux qui, au fil des années, gardent vivant le souvenir de John Brown ». Presqu’une confession fellinienne sur le pieux mensonge suivi d’une déclaration admirative pour une figure parmi les plus importantes et controversées du 19eme siècle américain. Entre ces deux citations, James McBride signe une aventure picaresque, tragi-comique et irrévérencieuse d’une petite souris à la langue bien pendue, brinquebalée aux quatre coins de l’Amérique du Nord, dans le train de l’Histoire en marche.
En 1856, Henry Shackleford, 12 ans, subit une existence d’esclave sans se poser de questions. Jusqu’à ce que débarque dans son patelin le légendaire abolitionniste John Brown qui le libère malgré lui et l’intègre à sa chevauchée de pieds nickelés. Pour ne rien arranger, John Brown persiste à croire qu’Henry est une fille suite à un concours de circonstances improbables. Henry / Henrietta marchera dans les pas de John Brown pendant plusieurs années, traversera les Etats-Unis d’Ouest en Est en passant par le Canada ; jusqu’au désastre de Harpers Ferry qui conduira John Brown à la potence. Sa mort aura néanmoins eu une influence réelle dans les origines de la Guerre de Sécession.
Bien que méconnu hors de l’Amérique du Nord, le parcours de John Brown représente un pan essentiel de l’histoire de ce continent, celui d’un homme qui n’en pouvait plus d’entendre des beaux discours sur l’infamie esclavagiste et décida un jour qu’il était grand temps d’agir, quitte à recourir à la violence. Personnage fascinant que ce John Brown, considéré par le cinéaste Quentin Tarantino comme le plus grand américain. Le portrait qu’en fait James McBride n’a cependant rien d’hagiographique à travers les mots d’Henry Shackleford. « La terrifiante armée du Vieux John Brown dont j’avais entendu parler était rien qu’une bande dépenaillée composée de quinze individus les plus décharnés, les plus minables, les plus tristes que vous ayez jamais vus. » dit-il après son enlèvement. Car Henry s’accommodait bien jusqu’à présent de sa petite vie d’esclave, drivée par les gargouillis de son estomac. Et la réalité de la liberté vient avec un prix qu’Henry n’est absolument pas résolu à payer.
Ainsi, une bonne partie de L’Oiseau du Bon Dieu s’articule autour du besoin pressant d’Henry, peu concerné par la cause anti-esclavagiste, de fausser compagnie à son bienfaiteur. En vain. Malgré un long retour en captivité dans un bordel de l’Ouest où il tombe amoureux de la reine métisse des gagneuses, Henry se retrouve souvent dans le sillage de John Brown et, de facto, rattaché à son odyssée libératrice et sanglante. S’appuyant sur de très solides recherches historiques, James McBride amène son héros à rencontrer des figures historiques comme la combattante de la liberté Harriet Tubman et Frederick Douglass, l’ancien esclave devenu intellectuel et militant républicain radical. Le chapitre consacré à ce dernier est tout à fait représentatif de l’intention iconoclaste et ironique de McBride lorsque le grand homme pontifiant devient sous le coup d’un avinage massif « …un vrai Noir normal de chez nous, le genre qui mange du jarret de porc. »
Rien que pour le phrasé fleuri et percutant d’Henry, L’Oiseau du Bon Dieu vaut le détour. Mais ne surtout pas croire à la gratuité du portrait parfois peu reluisant de certaines figures historiques quasi intouchables. Premièrement, McBride développe progressivement à travers le ressort du déguisement féminin d’Henry une analogie brillante du vernis social dans l’Amérique esclavagiste dans la mesure où Henry se lasse autant de se réfugier sous la fausse identité féminine que de jouer le rôle du bon p’tit nègre « …dissimulation. Sourire. Faire semblant d’être esclave, c’est bien, jusqu’au moment où ils se retrouvent libres, et puis après ? Libres de quoi faire ? D’être comme l’homme blanc ? Est-ce qu’il est si bien que ça ? ».Deuxièmement, loin d’enfoncer Brown, McBride le rend au contraire humain comme jamais. Avec son écriture enlevée que ne renierait Mark Twain, l’auteur rappelle à notre bon souvenir que l’Histoire officielle est souvent écrite par des hommes qui sont, par définition faillibles, qui prennent parfois de mauvaises décisions à force d’en vouloir toujours plus… d’en vouloir toujours trop. La fiction à ancrage historique fort a ce pouvoir de nous emmener dans les coulisses. Dans le cas de L’Oiseau du Bon Dieu, elles sentent fort et peuvent laisser échapper quelques rires moqueurs. Pourtant, elles sont plus exaltantes que ce que les livres d’histoire veulent bien conserver. McBride dépeint peut-être John Brown comme un vieux cinglé insoumis n’ayant que la volonté de Dieu à la bouche, il demeure plus que jamais un héros
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Explorateurs de la rentrée littéraire 2015 - Page 100
Entrée en matière très accrocheuse. Henry Shackleford est un p'tit gars noir du Kansas au milieu du 19eme siècle lorsqu'il croise la route de John Brown, activiste violent abolitionniste, fou de Dieu. Après un déchainement de violence causant la mort de son père, Henry est enlevé par John Brown. Ce dernier le prend pour une fillette après un curieux concours de circonstances.
Il est question d'un témoignage privilégié d'un témoin regardant l'Histoire américaine entrer dans un nouvel âge puisque John Brown, figure bien réelle, fut un facteur déterminant du déclenchement de la Guerre Civile. Pour l'instant, James McBride mène un récit tambour battant, à la fois naïf et enfantin vu que Henry / Henrietta est un récit à la première personne. L'Oiseau du Bon Dieu passionne par ce mélange de violence brutale comme l'Ouest américain en regorgeait et son ironie grinçante qui n'est pas sans rappeler le grand Mark Twain dans sa verve satirique. Pourvu que ça dure.
Avant toute chose, je dois vous avouer une grande lacune, je ne connaissais pas John Brown…
Je me suis même renseignée sur lui, afin d’apprendre en quelques lignes, sa vie et son action, avant de me plonger dans ce roman assez dense.
Henry Shackleford est un jeune noir qui vit avec son père, nous en sommes en 1856, l’esclavage est toujours de mise dans la plupart des états, mais cela ne l’affecte pas vraiment, les conditions ne sont pas trop mauvaises. Il « traine » ses douze ans entre le bar qui l’emploie, la rue, les copains.
Mais c’est sans compter sur l’abolitionniste, John Brown (le fameux, donc), qui veut absolument délivrer tous les noirs, même si, la plupart du temps, ceux ci ne demandent rien du tout.
A la suite d’une intervention un peu musclée, le père d’Henry est tué, rebaptisé « l’échalote », il se retrouve malgré lui, emporté dans le tourbillon de John et de ses compères. Pire, il est pris pour une fille, son accoutrements, ses traits fins, lui donnant cette nouvelle identité, qui au final, lui évitera de nombreux désagréments…
S’en suivent des situations les plus rocambolesques les unes que les autres, au sein de cette équipée, ni vraiment préparée, encore moins structurée, face à une cause qui mettra des années a être solutionnée, et encore……
Avec ce roman, c’est un pan important de l’histoire américaine qui est traité, et qui reste à ce jour, un problème litigieux, l’esclavagisme.
Si le thème n’est pas nouveau, son angle de traitement est assez différent. Ici, c’est sur un ton loufoque, des situations ubuesques, des personnages à la limite de la caricature que le sujet est abordé.
Des tenancières de bordels, en passant par de faux mercenaires de la cause ou par des portraits d’esclaves, sans oublier les deux protagonistes, la galerie de personnages est haute en couleur.
De batailles en désillusions perdues et pour certains, accompagnés d’une fin tragique, c’est néanmoins un récit assez brutal et très masculin qui reflète malheureusement ce qui a perduré très longtemps.
Je ne vais pas vous mentir, je l'ai trouvé un peu long, pour moi, il aurait gagné à être plus "ramassé".
Si vous avez vu le film Django Unchained, il y a beaucoup d'éléments comparables. Des personnages qui se retrouvent dans des situations sans l'avoir souhaité, des caricatures poussées à l'extrême, de la violence vraiment violente mais en même temps, drôle tellement, elle est mise en scène.
Si vous aimez l’histoire traitée façon Tarantino, ce livre est pour vous !!
Le point des 100 pages
Je ne résumerai pas plus que mes deux collègues explorateurs, ils ont tout dit et très bien !!
C'est intéressant d'ailleurs pour moi, car je n'ai pas du tout leur ressenti……Pour l'instant, j'ai du mal à "rentrer" dans le récit. J'ai du mal avec le style "parlé" du jeune héros que je trouve un peu caricatural. Je ne trouve pas les personnages sympathiques.
Bref, pour tout vous dire, je m'ennuie un peu……
Mais je vais continuer, car il va y avoir peut être une bonne surprise au bout de cette chevauchée !! A très vite pour la suite
Chronique ExploLecteurs 2015
«L'oiseau du Bon Dieu» de James McBride
Je suis nettement plus enthousiaste pour ce roman-là.
Déjà cette couverture noire et rouge me plaît, le titre quant à lui m'intrigue donc c'est un bon début.
Je ne me suis pas ennuyée au cours de ces 100 pages l'écriture fluide est agréable. On se retrouve en 1856 dans le mythique Ouest américain, happé par l'histoire de Henry «l'échalote» Shakelford, jeune esclave noir de 12 ans qui se retrouve malgré lui au côté de John Brown le légendaire abolitionniste. Entre humour grinçant et quiproquos on a du mal à poser le roman.
On découvre donc le destin d'Henry devenu Henrietta attifé d'une robe et d'un bonnet de fille,et on le suit dans ses péripéties accompagnés du célèbre abolitionniste John Brown.
Dans ce roman on croise beaucoup de personnages, de paysages plus romanesques les uns que les autres. Je me suis attachée au personnage de l'échalote qui essaye de survivre dans un monde où « [il est] un étranger dans un pays étrange! Il est esclave même quand il est libre!».
John Brown apparaît comme un farfelue, relié au Seigneur mais malgré tout honnête envers lui-même et ceux dont il confère sa protection. Car ce roman traite aussi de loyauté, d'amitié et du respect de l'autre. C'est ça qui m'a plu car j'ai découvert l'écriture de James McBride, une écriture sincère et nécessaire.
Ce roman est mon deuxième coup de cœur de ma sélection, je pense lire d'autres romans de cet auteur notamment «Buffalo soldier».
Explolecteurs de la rentrée littéraire 2015, Rdv de la page 100.
100 pages déjà!
Je suis nettement plus enthousiaste pour ce roman-là.
Déjà cette couverture noire et rouge me plaît, le titre quant à lui m'intrigue donc c'est un bon début.
Je ne me suis pas ennuyée au cours de ces 100 pages l'écriture fluide est agréable. On se retrouve en 1856 dans le mythique Ouest américain, happé par l'histoire de Henry «l'Echalote» Shakelford, jeune esclave noir de 12 ans qui se retrouve malgré lui au côté de John Brown le légendaire abolitionniste. Entre humour grinçant et quiproquos on a du mal à poser le roman.
C'est pourquoi je dois vous laisser car l'Histoire m'appelle, rendez-vous à la fin des Explolecteurs pour découvrir ma chronique.
CRITIQUE FINALE:
Nous sommes à la veille de la guerre de Sécession. Le vieux John Brown est à la tête d'une troupe d'irréguliers pouilleux et dépenaillés qui poursuivent un idéal : mettre fin à l'esclavage aux Etats-Unis. Ils ont avec eux un jeune esclave qu'ils ont libéré et qu'ils surnomment l'Echalotte. Ils sont tous persuadés que celui-ci est une fille. L'Echalotte, pour survivre dans ce monde compliqué et violent, le leur laisse croire. Petit à petit il se lie à cette bande et surtout au vieux John Brown. Il va les suivre et participer malgré lui à des événements majeurs dans l'Histoire des Etats-Unis d'Amérique.
J'irai droit au but : ce livre m'a enthousiasmé de la première à la dernière page. Il raconte l'Histoire à travers une histoire, même si elle est romancée. Elle dépeint des hommes qui ont réellement existé et qui ont joué un rôle pour leur pays. James McBride nous les décrit avec respect mais sans fioriture ni manichéisme, quitte parfois à les désacraliser. Il nous les dépeint tel qu'il les voit, certainement tels qu'ils étaient. On en arrive à se poser la question : John Brown était-il un doux illuminé ou un idéaliste déterminé ? Finalement cela a-t-il de l'importance ? Ce qu'il a réalisé a contribué au final au déclenchement d'une guerre meurtrière mais qui a abouti à l'abolition de l'escalavage aux Etats-Unis. A travers ces pages, James Mcbride nous dépeint une tranche d'Histoire méconnue de ce côté-ci de l'Atlantique. Il décrit une Amérique violente, anarchique, complexe où les hommes, noirs ou blancs, esclaves ou libres, sont loin d'être des anges. Et quand on sait que James McBride est noir, cette prise de recul par rapport à tous ces hommes est importante. J'ai eu ainsi le sentiment de (re)découvrir ce pays que l'on croit connaître et qui finalement a encore beaucoup à nous révéler.
Une histoire, même si le sujet est passionnant, n'est rien sans le talent et le style de l'auteur. Et James McBride a du talent. Au passage grâce soit rendue au traducteur, François Happe, pour avoir réussi à nous restituer ce style riche, fleuri, rythmé. Quand on sait que McBride est un jazzman on peut presque rapprocher son rythme de celui du be-bop. Le tout avec assez d'humour pour nous faire rire, même aux moments les plus graves et avec assez de force pour nous transmettre l'émotion qui donne toute la valeur à cet ouvrage. Une vraie réussite. A lire absolument !
CRITIQUE DE LA P.100:
Le Kansas, à quelques années de la Guerre de Sécession. Henry, un jeune esclave noir, se fait enlever par John Brown, sorte de "guerrillero" abolitionniste désireux de mettre fin à la servitude des hommes de couleurs. Brown et sa petite troupe de soldats de fortune sont persuadés que Henry est une petite fille et s'appelle Henrietta. Henry entre dans leur jeu et suit la bande mener ses expéditions à travers les plaines.
On pourrait presque appeler cela l'Odyssée d'Henry. L'écriture et le style ne sont certes pas ceux d'Homère, c'est beaucoup plus vivant et fleuri. Mais d'une certaine façon, j'ai le sentiment d'assister au début d'une épopée dans une époque troublée. C'est plein d'humour et de violence. Et cela va à la vitesse d'un cheval au galop. Peut-être celui qui va ammener John Brown, personnage qui a bel et bien existé, à la potence? Quoi qu'il en soit ce rythme et cette façon de raconter l'histoire me donne clairement envie de continuer à me plonger dans ce roman. A suivre...
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