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Mon père s'est tué d'une balle dans la bouche le 11 mars 2008.
Il avait soixante-dix ans passés. Toutes ces années, nous nous sommes aimés jusque dans nos différences. Il m'a donné son nom, m'a transmis sa joie de vivre, beaucoup de sa force et aussi une longue nostalgie de sa Tunisie natale. Kinésithérapeute, il travaillait "à l'ancienne", ne s'exprimait qu'avec les mains, au besoin par le regard. Il était courageux, volontaire, mais secret : il préféra toujours le silence aux paroles, y compris à l'instant ultime où s'affirma sa liberté, sans explication.
"Ce sont les mots qu'ils n'ont pas dits qui font les morts si lourds dans leur cercueil", écrivit un jour Montherlant. Mon père m'a laissé mes mots et la force d'écrire ces pages pour lui dire mon attachement.
Livre, tout en pudeur, qui se lit d'une traite.
Mort du père de l’auteur sur un parking de la Rochelle. Le kiné, père adoptif d’Eric Fottorino s’est tiré une balle d’un coup de carabine. D’entrée, le lecteur entre dans l’intimité, la souffrance, le questionnement de l’auteur avec cette lettre reçue après le décès.
En 148 pages intenses, intimes et nostalgiques, le fils va tenter de faire ressurgir le disparu, lui redonner vie à travers ses souvenirs, aller à sa rencontre, accepter l’innommable.
Michel Fottorino, originaire de Tunisie et kiné dans un coin de campagne française, rencontre la mère d’Eric quand celui-ci a neuf ans. Il n’a jamais eu de père, celui qui l’a conçu ayant été écarté de la famille bourgeoise de sa mère. En l’adoptant et lui donnant son nom, Michel Fottorino lui offre tout. Cet homme, pacifiste et à la profonde empathie pour les gens qu’il soigne, déborde de joie de vivre. Il transmet sa passion du foot et du vélo à son fils.
Eric Fottorino est directeur du Monde et écrivain. Les mots, ça le connaît. Et il va les mettre au service de la mémoire. Se souvenir pour un hommage vibrant, émouvant de ce père d’adoption qui avait tant d’amour à donner, tant de passions à partager. A travers photos, souvenirs d’enfance, anecdotes, l’auteur fait resurgir l’homme du passé, celui de son enfance. Il évoque aussi l’homme vieillissant, le sportif qui n’acceptait pas la décrépitude du corps et de l’esprit. Et cela donne de belles pages poignantes sur ce père qui continue à vivre à travers le fils en des hasards étranges.
C’est peut-être quand il évoque son père biologique, rencontré à l’âge adulte, qu’Eric Fottorino est le moins convainquant. Il y manque l’émotion sincère réservée à l’autre, celui qui l’a guidé dans la vie Le père, le vrai, reste celui de la filiation par le nom.
Sans mélo, mais avec une douleur pudique et bouleversante, Eric Fottorino rend un bel hommage posthume à ce père, homme ordinaire et magnifique.
Ce témoignage qui parle de la mort, d’un mort, sait raconter la souffrance sans pathos et en l’émaillant d’histoires débordantes de vie. L’auteur ne se dissimule pas derrière l’évocation de ses souvenirs, il s’interroge aussi sur le suicide en toute simplicité. C’est cette alchimie intime qui contribue à la beauté du récit.
http://leslivresdejoelle.blogspot.com/2018/11/lhomme-qui-maimait-tout-bas-deric.html
"Ce sont les mots qu'ils n'ont pas dits qui font les morts si lourds dans leur cercueil." - Montherlant
C'est après avoir lu " Dix-sept ans " d'Eric Fottorino que j'ai eu envie de mieux connaitre l'histoire personnelle de cet auteur qu'il évoque dans ses principaux romans. A l’occasion d'une rencontre sur un salon c'est l'auteur lui-même qui m'a conseillé ce livre qui complète bien son nouveau roman.
Le 11 mars 2008, Michel, le père adoptif d'Eric Fottorino se suicide dans sa voiture d'une balle dans la bouche. Dans ce récit, Eric Fottorino raconte ce drame, sa douleur, les questions que ce geste n'ont pas manqué de lui poser et retrace ses souvenirs avec Michel. Il se replonge dans ses anciens textes à la recherche de ce qu'il a écrit sur son père car derrière beaucoup de personnages de ses romans se cachait son père.
Il nous raconte son père dont le métier de kiné de campagne était toute sa vie, son empathie vers ses patients. Il raconte son père, son modèle, la passion du vélo qu'il lui a transmise "A vélo il m'a appris la vie". Leur histoire commune débute par ce qu'il nomme une adoption miraculeuse alors qu'il avait dix ans " En 1969, Eric Chabrerie devenu Eric Fottorino, j'avais gagné un père". Un père qu'il a immédiatement accepté sans restriction " Il est d’autant mieux devenu mon père que, de toutes mes forces et de toutes mes peurs, j'ai voulu devenir son fils.", un homme dont l'arrivée a tout changé dans sa vie, l'enfant a eu l'impression de réellement naître lorsque cet homme a franchi le pas de l'appartement où il vivait seul avec sa mère, mère célibataire à dix-sept ans. Michel est devenu alors le premier homme de son existence, un homme qui l'a aimé en silence car il ne savait pas le dire.
" J'ai choisi l'écriture, ce continent d’incontinence, pour retenir ce qui peut l'être avant que le temps n'engloutisse tout ce qu'il fut dans les brumes de la mémoire."
Dans ce récit Eric Fottorino mêle le "il" et le "tu" pour rendre un bel hommage à son père. C'est un récit centré sur son père, sur leur relation, il y parle très peu de sa mère. Il ne porte aucun jugement sur son geste mais n'échappe pas à la culpabilité de ne pas avoir pu empêcher son geste fatal. Il tente de percer les souffrances enfantines de cet homme secret, de comprendre la volonté de mourir qui l'habitait sans doute depuis longtemps. J'ai été moins touchée par ce livre que par "Dix-sept ans", peut-être que l'auteur y manque de distance car il a écrit ce témoignage très peu de temps après le drame, j'ai par moments trouvé qu'il tournait un peu en rond, submergé par son chagrin.
Le père d’Eric Fottorino vient de se suicider, à l’âge de soixante-dix ans. Il l’avait adopté lorsqu’il avait 9 ans et lui a donné deux frères.
Quel amour pour ce père qui lui a tout donné !
C’est un livre très personnel mais très émouvant.
Un témoignage de tout ce que lui a transmis ce père d’adoption
Malgré la tristesse de la situation, il est très agréable à lire.
« Le 11 mars 2008, en fin de journée, dans un quartier nord de La Rochelle, mon père s’est tué d’un coup de carabine. » C’est avec la brutalité d’une nouvelle bouleversante que commence ce récit durant lequel l’auteur tente de comprendre ce père qui l’a adopté à l’âge de 9 ans et lui a donné son nom.
Michel Fottorino a écrit une lettre à chacun de ses trois fils mais c’est Éric, le plus âgé, qui doit remettre à François et à Jean, le courrier les concernant. Bien sûr, il y avait cette attaque cérébrale mais « il avait retrouvé peu à peu l’usage de ses mains et de ses bras. » Lui, le kiné, il avait repris la course à pied mais n’avait jamais accepté d’être obligé de ne plus exercer son métier. D’ailleurs, la plaque « Michel Fottorino, masseur-kinésithérapeute » avait disparu. Il avait perdu toute sa raison d’être « il aimait qu’on ait besoin de lui. »
Ce grand sportif était fâché avec tout ce qui était administratif, n’ouvrant aucun courrier à en-tête, négligeant complètement de se mettre à jour de ses dettes, se contentant de soulager ses patients avec ses mains.
En même temps que les formalités s’enchaînent, les souvenirs reviennent avec cette Tunisie où il a grandi, sa passion pour le foot et le cyclisme : « Papa m’a mis sur un vélo après avoir constaté ma nullité au football… À vélo, il m’a appris la vie. » Tous les deux, ils avaient grimpé le Tourmalet. La photo de couverture semble illustrer cet épisode avec un Michel Fottorino arborant un immense sourire mais « depuis sa mort, il vit plus que jamais en moi à travers les hasards qui surgissent, » reconnaît celui qui dirigea le journal "Le Monde", ce journal que son père lui achetait chaque jour dès qu’il entama ses études de droit.
Cet homme qu’il a commencé à appeler Papa, à presque 10 ans, est présent dans ses romans : "Rochelle" et "Korsakov". Dans "Un territoire fragile", le cabinet de kiné qu’il décrit est celui de son père : « Il était mon accordeur de corps et de cœur. »
Enfin, c’est le premier été sans lui. Une sortie à vélo : « Allégresse de pédaler dans cette féérie et tristesse de ne plus t’y voir », lui rappelle ses courses, à 15 ans : « Tu m’aimais tout bas, sans effusion, comme on murmure pour ne pas troubler l’ordre des choses. » Partagé entre deux pères lorsqu’il retrouve son « père naturel », il avoue : « Il m’a fallu du temps pour faire la part des choses, pour aimer l’un et l’autre sans tiraillements »
Enfin, une question taraude l’écrivain : « Aurais-je pu l’empêcher ? » Sachant qu’il était dans la dèche, il pense que oui mais c’est fait et pas un jour ne passe sans penser à lui : « Au revoir papa, salut, pas adieu, on risquerait de se manquer. »
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Remonter le cours du temps. Tenter de s'approcher des derniers instants vécus par celui qui vient de mourir. Vouloir influer sur la décision et le geste ultimes. Chercher les traces d'une vie, objets, photos, voix sur le répondeur, lettres, pour redonner un peu de vie, pour contrer la mort. Remonter le cours du temps d'une manière désordonnée, sur le fil des pensées, des souvenirs qui s'égrènent. Inscrire la qualité d'un lien pour le rendre immortel.
Eric Fottorino est né à 9 ans, lorsque Michel l'a adopté, lui a donné son nom et lui a permis de l'appeler "papa". Ce papa qui vient de se suicider à 70 ans et qu'Eric retrouve dans chaque geste qu'il lui a appris, dans sa passion pour le vélo, dans ce qu'il est, ce qu'il fait et ce qu'il vit. C'est à la fois l'histoire de Michel Fottorino que raconte son fils mais aussi l'histoire de cet amour géant, de cette admiration lucide d'un fils pour son père adoptif.
Un long et magnifique message d'amour et de gratitude qui m'a bouleversée.
Malgré l’écriture limpide, un style simple mais efficace, riche en beaux jeux de mots et jeux de phrases, je ne suis pas parvenue à me sentir « impliquée » par le récit.
On ressent de la part de l’auteur un besoin immense de coucher sur le papier ses émotions, son ressenti, ses souvenirs et ses doutes. Cet ouvrage lui a très certainement facilité le travail de deuil et lui a permis de rendre un magnifique hommage à son père. La façon de raconter les épisodes marquants de sa vie en compagnie de cet homme, de peindre le portrait de celui qui lui a appris l’essentiel est extrêmement touchante et émouvante.
Parfois, au cours de la lecture, on se surprend à se demander quelles seraient les anecdotes, les caractéristiques que l’on retiendrait de notre propre existence si malheureusement un évènement similaire nous arrivait.
Eric Fottorino a éprouvé la nécessité d’écrire ces pages, d’ « immortaliser » cet être cher qui n’est plus et ses qualités stylistiques lui ont permis d’en faire un livre. Reste à savoir s’il était nécessairement destiné à une large diffusion, le lecteur restant en dehors de cette aventure très personnelle.
C’est un livre très personnel, autobiographique sur la relation intime d’un jeune garçon, l’auteur, avec son père d’adoption depuis l’âge de 9 ans. On comprend au fil des pages comment cette relation a construit l’homme qu’est devenu Eric Fottorino. Petit garçon « de la honte » car sa mère est une fille-mère de 17 ans, il grandit sans père jusqu’à l’âge de 9 ans quand Michel rentre dans la vie de sa mère et donc dans la sienne. Tout au long de ces chapitres très courts, on sent la confiance, l’admiration et le respect qui ont fondé leur relation. Avec Michel, c’est toute une famille et une histoire que l’auteur trouve.
Eric Fottorino a écrit ces pages après le suicide de son père, pour essayer certainement de retrouver, a posteriori, les explications de ce geste ultime violent qui reste inexpliqué et mystérieux. C’est ainsi qu’on comprend la plaie douloureuse qui suinte tout au long des pages : alors qu’il l’admire profondément, le respecte, lui fait confiance, le met même un peu sur un piédestal et pense quasiment tout savoir de lui, l’auteur réalise peu à peu qu’il y a des parts d’ombre dans la vie de son père, qu’il ne le connaît pas aussi parfaitement qu’il en avait l’impression… que leur relation n’est peut-être pas allée exactement à l’essentiel… On ressent les interrogations sous-jacentes et voilées, le sentiment de culpabilité qui pointe.
C’est un très bon livre, plein de pudeur, d’émotion et de sensibilité : le bel hommage d’un fils à l’homme qui l’a élevé et fait grandir, une belle histoire d’amour malgré sa fin brutale et tragique.
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