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Aux derniers jours du règne colonial, Albert Vandel n'a pas renoncé. Barricadé dans son bordj, il devient fou comme un roi qui se meurt, revivant le temps des pionniers, des conquêtes algériennes, alors qu'il versait le sang pour « civiliser les peuples », « pacifier les territoires ». Pourquoi renoncerait-il, puisque les ors de la République lui ont donné le pouvoir et que les Présidents et autres ministres de la France républicaine ont honoré sa table cent années durant ? Avec ce nouveau roman, Mathieu Belezi, dans une langue prophétique, remue les entrailles d'une mémoire obscène que certains préféreraient oublier.
Né en 46, j'ai entendu les forges de l'Histoire ronfler à plusieurs reprises. La plus tragique reste la guerre de libération de l'Algérie qui a marqué mon adolescence en même temps qu'elle clôturait le règne colonial. On sait qu'une certaine omerta l'a longtemps couverte. Pour ses deux bonnes raisons, et pour d'autres, je suis attentif à la sortie de nouveaux livres sur le sujet. J'ai lu (et commenté) en début d'année Hôtel Saint-Georges de Rachid Boudjedra (Grasset - 2011), et je lirai Rue Darwin de Boualem Sansal (Gallimard), deux romans qui épousent le point de vue algérien.
Voici Les vieux fous, roman "énaûrme", fantastique, démesuré, extravagant, gore. Son héros, Albert Vandel, est une figure immortelle du colon : il commence petit capitaine dans l'armée de conquête du général Bugeaud qui met le pied en Algérie en 1836, devient le roi des colons avant de fuir l'indépendance en juin 1962 par la petite porte du Sahara avec quelques autres "vieux fous"... C'est un colosse, un ogre, une bête de sexe, un fasciste. Aucun ennemi ne lui résiste : « N'avait-il pas pour lui le bon droit de sa race supérieure ? » Quand tonne sa voix, les scorpions filent se cacher sous les pierres, les oiseaux s'enfuient, la lune regarde ailleurs. Il condamne, il tue, il viole, il massacre... L’Algérie est à lui, il est l'Algérie !
Un tel récit, dont l'énormité est contestable – même si le principe est juste, serait vite insupportable s'il n'était porté par une écriture hyperbolique d'un souffle exceptionnel, tordant les règles de ponctuation, appelant à la rescousse les mots les plus crus les plus violents les plus terribles, fouillant dans les ventres des vierges et dans les entrailles des hommes éviscérés... J'arrête l'évocation, comme j'ai failli arrêter ma lecture en route, comme arrêteront des lecteurs égarés. Mais, par Dieu et par Allah, quelle envolée !
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