"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Situé dans le village imaginaire d'Hektary, Les Fruits encore verts est un portrait riche, subtil et texturé de la vie rurale dans la Pologne communiste des années 1970 et 1980. Par le regard d'une enfant au seuil de l'adolescence, on pénètre un monde où les superstitions n'ont pas disparu des sovkhozes et où la religion, voire certains rites païens, coexistent avec les directives du parti.
Dans cet univers d'où les hommes sont relativement absents, la solidarité des femmes entre elles s'exerce autour de traditions parfois folkloriques dont Wioletta Greg, tout en nuances et en clair-obscur, peint avec subtilité l'humanité. Malgré ses apparences de bourgade assoupie, à Hektary tout le monde cache des secrets, même les personnages auxquels on donnerait le bon dieu - ou la médaille de Lénine - sans confession.
Discrètement, les ombres allemande et soviétique planent derrière toute l'histoire du village et de la famille de la narratrice. Car les personnages, même les plus secondaires, sont à la fois archétypaux et enracinés dans un moment particulier de l'histoire polonaise récente.
L'écriture de Wioletta Greg, d'une sensualité rare, restitue avec peu d'effets mais sur un rythme extrêmement mélodieux une époque et un monde à la fois si proches et si lointains pour donner naissance à un roman d'éducation en forme de brillant exorcisme.
Les Fruits encore verts a figuré sur la liste du Man Booker Prize International, sur celle du Prix Jan Michalski de littérature ainsi que sur celle du Nike Literary Prize.
Pologne, village d'Hektary, décennies 1970-1980, Wioletta d'abord fillette puis jeune fille, grandit. On est loin de la grande ville, des soubresauts politiques du pays, même si tout cela est en filigrane, ainsi que l'occupation allemande puis soviétique des années d'avant. A Hektary, la religion est très présente dans les vies quotidiennes, mais aussi les fêtes païennes, les traditions auxquelles tout le village assiste. Il faut y faire bonne impression, gare à ceux qui se laissent aller.
Plus qu'un roman, ce livre est une succession d'anecdotes, de saynètes, de moments de la vie de la jeune Wioletta. Tout se suit sans être lié par une histoire particulière, seuls les personnages sont présents du début à la fin. La famille de Wioletta, les voisins, ses camarades, ... Tantôt comique, tantôt tragique cette chronique de la vie en Pologne dans des grands moments de son histoire (c'est le général Jaruzelski qui est au pouvoir, communiste et qui voit naître une opposition forte et déterminée avec le syndicat Solidarność et son leader Lech Walesa) est écrite simplement, sans effet de style et se lit d'autant plus agréablement.
Sans y toucher, avec l'air d'écrire une jolie suite de petites histoires, Wioletta Greg dresse un portrait de ce que fut la vie polonaise, de l'insouciance des enfants et de la difficulté des adultes à vivre selon leurs désirs, du poids de l'histoire du pays pendant la guerre et l’immédiat après-guerre. C'est fin, il faut lire entre les lignes, mais on peut aussi n'y voir qu'une enfance en Pologne sans être déçu.
C'est un livre tendre et dur, doux, mélodieux (pour reprendre un adjectif du dossier de presse, je ne l'aurais sans doute pas dit comme cela, mais de fait, il colle parfaitement au texte.)
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